Les « hommages » à JR Smith n’en finissent plus de s’enchaîner alors que les Cavs ruminent encore ce final rocambolesque contre les Warriors marqué par le choix incompréhensible à la fin du 4e quart-temps du Game 1. Mais que l’arrière de Cleveland se rassure, d’autres avant lui ont connu ce sentiment désagréable, où haine et incompréhension se mêlent dans les yeux de leurs propres coéquipiers. Ce qui est notamment arrivé Derek Harper lors des demi-finales de la conférence Ouest, il y a 34 ans.
Une erreur de rookie
Ce dimanche 6 mai 1984, les Mavericks et les Lakers se retrouvent pour le Game 4 de la série en terre texane. Les Mavs de Dick Motta viennent de remporter le match précédent après avoir perdu les deux premières manches à LA et se retrouvent à quelques secondes d’égaliser à 2-2 face au leader de la saison régulière et grand favori à l’Ouest.
Les deux équipes sont à 108-108 avant que Kareem Abdul-Jabbar ne manque son fadeaway devant Pat Cummings. Il reste alors 13 secondes à jouer lorsque Rolando Blackman saisit le rebond et que tous ses coéquipiers se ruent vers le camp adverse. Parmi eux se trouve le meneur rookie Derek Harper, âgé de 22 ans. Ce dernier hérite du ballon à six secondes du buzzer, mais prend la décision de jouer la montre, au large ! La pression de Magic Johnson se resserre sur les derniers instants, et la sirène finit par retentir devant le regard hébété de son coach, des fans et de ses coéquipiers. Alors que Derek Harper croit avoir fait le job, Rolando Blackman vient rapidement calmer ses ardeurs.
« On croyait qu’il allait prendre le tir pour la victoire, se remémorait l’arrière Brad Davis, son ancien coéquipier. Sur les huit dernières secondes, tout s’est passé au ralenti. Et à environ six secondes de la fin, il est presque revenu au niveau du milieu de terrain. Tout le monde hurlait, mais il n’y avait plus rien à faire ». Même si Derek Harper s’est rapidement repris, en inscrivant le premier panier de la prolongation, ce sont les Lakers du duo Johnson-Jabbar qui l’ont emporté ce soir là (122-115 avant de rafler la série (4-1).
Derek Harper : « Comment J.R. va rebondir ? »
Interrogé par le New York Post après cet « hommage » réalisé par Smith à son attention, Derek Harper a logiquement défendu l’arrière de Cleveland.
« Bien sûr, je compatis (…). De nos jours, les gens veulent de la controverse, peu importe si c’est au détriment de quelqu’un ou pas. Donc, bien sûr que je suis navré pour lui. C’est une erreur humaine quand on y pense, et on est tous passé par là, a-t-il poursuivi, Sauf que ce n’est tout simplement pas toujours exposé devant des millions de personnes qui regardent un match des finales. »
Si Derek Harper avait tout de suite reconnu son erreur après la rencontre (difficile de faire autrement), J.R. Smith a maintenu qu’il pensait que son équipe allait prendre un temps-mort. Une erreur selon Harper, si Smith veut passer à autre chose.
« C’est la mauvaise façon de s’y prendre. (…) La seule chose qui vous rendra libre, c’est d’être ouvert et honnête. Je ne sais pas comment le dire autrement. Tu dois toujours connaître le temps et le score, j’ai entendu ça depuis que j’ai 5 ans, mais on peut avoir des défaillances mentales. La répercussion, c’est que tout le monde devient fou, s’exprime sur cette action et à quel point le choix a été mauvais et les « A quoi pensais-tu ? ». Il n’y a qu’à voir la réaction de LeBron pour comprendre ce qu’il a ressenti (…). La question suivante, c’est de savoir comment il va rebondir après ça. Ça va aller pour lui…Je crois que personne dans la salle ou derrière sa télé ne s’est senti aussi mal que lui ».
Quatre ans après, Harper était également revenu sur cet incident malheureux du Game 4 de 1984 pour le LA Times.
« C’était une erreur, et je crois que ça m’a servi pour la suite. C’est ennuyeux de continuer à entendre parler de ça. C’est quelque chose qui n’arrive pas trop souvent. Je n’avais pas prévu de sauter d’un toit après. Mais je ne pense pas non plus que beaucoup de gens s’attendaient à avoir de mes nouvelles. Ils s’attendaient plutôt que ça allait ruiner ma carrière ».
Il n’en a rien été puisqu’après cette première année conclue par cet avant-dernier match malheureux, Derek Harper a réalisé une brillante carrière. Pendant les dix années suivantes aux Mavs où son maillot floqué du n°12 a été retiré en janvier 2018. Après trois saisons aux Knicks (1993-1996), un retour d’un an à Dallas suivi d’une saison à Orlando (1997-1998), Derek Harper a ensuite terminé sa carrière… aux Lakers (1998-1999).