Sacré champion en Turquie comme en Euroleague la saison passée, Bogdan Bogdanovic a décidé de passer le cap vers la NBA cet été. Après avoir dominé le Vieux Continent, le virtuose serbe part à la conquête de l’Amérique !
À 9 points, 2 rebonds, 2 passes pour ses premiers pas dans la Grande Ligue, il n’est pas impressionné. L’ancien du Fenerbahçe et du Partizan n’est pas un rookie comme les autres, lui qui a déjà une armoire à trophées bien remplie à 25 ans seulement.
Basket USA a fait le point avec le leader de la sélection serbe qui revient pour nous sur sa transition en NBA, son évolution au Fener, et même ses années folles au Partizan avec Léo Westermann et Joffrey Lauvergne.
« J’aime jouer avec Buddy Hield, j’aime sa mentalité »
Bogdan, comment se passe votre transition en NBA ?
« Il y a plus d’athlètes. Le jeu est plus rapide. La taille du terrain est différente. Il y a encore pas mal d’aspects du jeu auxquels je dois m’habituer. Ça va prendre un peu de temps mais ça ira. »
Plus précisément, comment se passe votre intégration chez les Kings ? Quel rôle vous a-t-on donné ?
« Je suis encore en train d’apprendre. Je peux jouer à plusieurs positions. Je veux faire du mieux possible, où que le coach me fasse jouer : que ce soit en meneur ou en arrière, en sortie de banc ou dans le cinq. »
Vous évoluez en duo avec Buddy Hield sur le poste arrière, que pensez-vous de votre association ?
« C’est difficile d’évoluer sans lui [actuellement]. J’aime jouer avec lui, j’aime sa mentalité. Il joue simple. S’il est ouvert, il tire. Il prend des décisions rapides. On va continuer à apprendre à jouer ensemble, match après match. Pour savoir également qui doit être dans le cinq et qui doit sortir du banc. Pour garder l’attaque dans le rythme. »
Avez-vous été surpris par le niveau général ?
« Je m’y attendais. Je savais que le jeu allait être plus dur, plus physique ici. Et puis, la différence principale, c’est qu’en Europe, on joue dans deux ligues différentes : dans son pays et en Euroleague. Ici, il n’y a qu’une seule ligue mais toutes les équipes sont fortes. »
Êtes-vous satisfait de vos performances jusqu’à maintenant ?
« Non, je peux encore mieux faire. Pour le moment, je suis encore en phase d’adaptation. »
Dans quels aspects en particulier êtes-vous frustré ?
« La rapidité, la dimension physique… C’est un jeu complètement différent. Chaque situation est différente. Il faut réagir plus rapidement. Et tu dois te débrouiller tout seul sur ton duel défensif ! »
En quoi la présence de Vlade Divac et Peja Stojakovic dans le management a aidé dans votre adaptation ?
« Ils m’aident beaucoup. Je leur parle constamment et ils me donnent beaucoup de conseils pour améliorer ma transition. Ils ont rencontré les mêmes problèmes que moi donc ils peuvent m’aider. »
« J’adore parler basket avec Coach Obradovic »
Vous aviez déclaré être prêt à partir en NBA lors de votre dernière saison au Fener. Mais auriez-vous décidé de partir si vous n’aviez pas remporté l’Euroleague ?
« Je ne sais pas. C’est très dur à dire. C’est vrai que je me sentais prêt à partir. Mais si on n’avait pas gagné, je ne sais pas ce que j’aurais fait. Honnêtement, je ne sais pas. »
Quand vous disiez être prêt : était-ce physiquement ou mentalement ?
« Plus mentalement. J’ai pris beaucoup de confiance durant ma dernière année à Fenerbahçe. C’est complètement différent d’arriver ici en tant que champion qu’en tant que finaliste. »
On parle souvent du calendrier NBA qui est plus dur qu’en Europe, qu’en pensez-vous ?
« C’est différent. En NBA, chaque match est comme une rencontre de Final Four. Car tu joues des grosses équipes. Et il faut se battre chaque soir. En Europe, il y a certains matchs où on peut un peu se relâcher, contre des équipes plus faibles. Mais ici, il n’y en a aucune. »
Vous avez déjà eu de bons moments en NBA mais quand peut-on s’attendre à revoir le Bogdanovic dominant d’Euroleague ou du dernier EuroBasket ?
« Je n’étais pas du tout le même joueur lors de ma première année à Fenerbahçe, comparé à ma troisième année là-bas. Maintenant, je vais changer mes entraînements et travailler sur les tirs que je peux prendre en match NBA. C’est comme ça que j’ai toujours fonctionné et c’est comme ça que je vais pouvoir m’améliorer. »
Avez-vous reçu un ultime conseil de coach Zeljko Obradovic ?
« On se parle toujours. On discute fréquemment. Il adore le basket, et moi aussi, donc on discute souvent de basket. J’adore ça. »
Vous avez évolué aux côtés de Léo Westermann et Joffrey Lauvergne au Partizan, quel regard portez-vous sur vos parcours respectifs depuis ?
« Tout d’abord, je veux leur passer le bonjour [rires] ! J’appelle Léo « grosse tête » et le surnom de Joffrey en Serbie, c’est Jokara [à peu près, ndlr]. Léo a vécu une blessure bête à la hanche. Il a pris un coup dans une fin de match et il a été opéré. Il va être blessé pendant un moment, il n’a vraiment pas de chance avec les blessures. Joffrey a lui enfin trouvé une équipe qui va lui convenir. Je pense qu’il va réussir à San Antonio. »
Quels souvenirs gardez-vous de ces années formatrices au Partizan, avec des victoires mémorables en Euroleague avec un groupe ultra-jeune et devant un public de feu ?
« Il y avait de super gars. Un des meilleurs groupes de fans du monde pour sûr ! C’était incroyable de jouer dans une telle ambiance et devant un tel public. Ça te donne une motivation supplémentaire pour te surpasser. »
Ce qu’ils en pensent…
Coach Joerger : « Il se débrouille bien, il s’en sort très bien. Pour un joueur qui vient d’Europe, il y a forcément une période d’adaptation. Surtout en termes de taille et de vitesse. Mais il a un très bon QI basket. Il peut créer du jeu pour lui et pour ses coéquipiers. Son plus gros atout est sa capacité à créer. On a tendance à étiquetter les joueurs européens s’ils sont bons shooteurs. Mais lui peut créer. Il a un bel avenir devant lui. »
Peja Stojakovic : « Il est en plein apprentissage, on n’en est qu’à 15 matchs. Il s’adapte très bien. C’est un très bon joueur, qui est très mature. Ça va lui prendre un peu de temps pour adapter son jeu au style de jeu NBA. »
Propos recueillis à Portland