Sans Nicolas Batum ni Rudy Gobert, et surtout après la retraite internationale de Tony Parker, l’Equipe de France vit un été de transition alors que l’EuroBasket 2017 se profile à l’horizon. Dans ce contexte, Evan Fournier va quasiment passer du stade du pestiféré à celui de première option offensive en un an de temps.
Pas rancunier, il arrive en Bleu pour vivre des moments intenses, lui qui est en manque de sensations fortes au Magic. Après sa meilleure saison en carrière à 17 points, 3 rebonds et 3 passes en NBA, Evan Fournier est fin prêt à endosser le costume de taulier en EdF.
« La saison passée a été une telle désillusion »
Evan, Orlando a récupéré Jonathon Simmons, Arron Afflalo, Marreese Speights ou encore Shelvin Mack. Comment jugez-vous l’intersaison du Magic ?
« On a fait des choses intéressantes, on verra. L’arrivée de Simmons est une bonne chose, c’est un joueur qui va nous apporter de l’énergie en sortie de banc, qui va se donner, qui va se battre. C’est forcément positif. »
Et que pensez-vous de Jonathan Isaac, le nouveau rookie d’Orlando ?
« Je l’ai très peu vu jouer mais ça, à la limite, ce n’est pas très important. Dans son attitude et son comportement, il est bien. Souvent, les gars qui sont draftés assez haut comme ça, ils arrivent un peu en pensant qu’ils connaissent tout. Mais lui pas du tout ! Il sait qu’il n’est pas un produit fini, il sait qu’il a encore beaucoup de travail à faire. Il m’a l’air très humble, la tête sur les épaules. C’est une bonne nouvelle pour l’équipe. Je pense qu’il va être très bon à terme. »
Comment évaluez-vous les débuts du nouveau GM du Magic, John Hammond, sous les ordres du nouveau président des opérations basket, Jeff Weltman ?
« Je trouve qu’ils ont été intelligents. Ils ont fait des moves qui ont du sens, des moves qui ne bloquent pas, des contrats d’un an, pas surpayés. Ils sont arrivés il y a six mois, et je trouve bien qu’ils n’essaient pas de tout changer d’un coup. Ils ont un plan et ils veulent s’y tenir. C’est un staff compétent qui a fait ses preuves, donc je leur fais confiance. Le seul truc, c’est que ça va encore prendre du temps… »
Oui ! Vous courez après les playoffs depuis quatre ans maintenant, on imagine que c’est frustrant pour un compétiteur tel que vous…
« C’est clair que c’est frustrant. On verra… En fait, j’ai tellement été déçu l’année dernière que je n’ai pas du tout envie de me projeter. Beaucoup de joueurs disent qu’ils vont prendre les matchs les uns après les autres, mais là, c’est vraiment le cas ! Je n’ai plus envie de me projeter. Ce fut une telle désillusion la saison passée que je ne veux plus revivre ça. »
Qu’est-ce qui n’a pas marché la saison passée ?
« Tout ! Je pense qu’on s’est trompé sur la manière dont on voulait jouer. Le vrai problème, le problème de fond, c’est qu’il n’y a aucune stabilité. Quatre coachs en trois ans… Quand un coach arrive dans un club, il veut imposer son style de jeu, ce qui est normal. Au début, [Frank Vogel] a voulu jouer grand et costaud, un peu comme il faisait à Indiana. Sauf qu’il s’est rapidement aperçu que ça ne marchait pas. Ensuite, on a été obligé de faire un échange. À la limite, on pourrait dire qu’on a au moins eu le mérite de se remettre en question et d’avancer. C’était un bon move de prendre Terrence [Ross] et de décaler Aaron [Gordon] en 4. »
Oui, car le poste 4 est sa véritable position. Il peut bénéficier de sa vitesse…
« C’est ça… Mais c’était la même chose avec Scott Skiles quand il était là. On s’est mis à faire jouer Aaron en 4 seulement après le All-Star Game. Si tu restes dans la continuité, tu le fais jouer en 4 directement… et tu sauves 50 matchs ! »
D’un point de vue individuel, vous avez réalisé votre meilleure saison à 17 points, 3 passes et 3 rebonds…
« Oui, c’est bien, je continue de progresser. Je travaille pour ça donc ce n’est pas un souci. J’avoue que ça m’a bien [embêté] de me blesser car ça m’a complètement coupé dans mon élan. J’étais vraiment sur une grosse pente avant ça. Dans l’ensemble, c’est bien mais je peux faire encore mieux. »
« Ça fait quatre ans que je n’ai pas fait les playoffs, ça me manque… »
En cinq ans, vous avez tout de même réussi à passer de 5 points à 17 points de moyenne, c’est assez fort ! Où pensez-vous encore pouvoir progresser offensivement ?
« Partout ! Sur le tir, sur la lecture du jeu, sur le dribble, sur le physique, sur les finitions. Tout quoi ! »
Pensez-vous qu’il est possible d’amener ce potentiel offensif qui est le vôtre dans le contexte FIBA ? En somme, pensez-vous pouvoir arriver dans ce groupe et marquer vos 17 points par match ?
« Bien sûr. C’est simplement une question d’opportunité ! Jusqu’à maintenant, je pense ne pas dire de bêtises en disant que je n’ai pas eu beaucoup de responsabilités en Equipe de France. On va voir comment ça se passe cette année. Mais si on me donne ma chance, je la saisirai. Sans souci ! »
Comment avez-vous fonctionné cet été pour vous préparer ? Aviez-vous des zones spécifiques à développer par exemple en musculation ?
« Pour la musculation, je ne réfléchis même pas. J’ai mon programme. J’ai d’ailleurs mon préparateur physique qui est venu, et c’est lui qui me fait mes séances. Je lui ai dit d’aménager son truc pour que je sois prêt pour aujourd’hui [le début de la prépa avec les Bleus, donc]. J’ai fait pas mal de cardio, aussi de la muscu. La routine en fait ! Haut du corps, bas du corps, quatre fois par semaine avec une séance de cardio. Je n’ai pas fait d’athlétisme à proprement parler, parce que je n’avais pas le temps de toutes façons. J’ai fait pas mal de cardio, pas mal de piste mais pas le travail de pieds que j’avais pu faire l’an passé. »
Vous êtes un vétéran NBA maintenant, mais vous vous êtes exprimé à maintes reprises pour déclarer votre amour de l’Equipe de France. Quel plaisir tirez-vous à revenir porter le maillot bleu ?
« C’est différent [de la NBA]. Je m’y retrouve beaucoup dans les deux. Quand tu viens en Equipe de France, tu mets un peu tout de côté, tu retrouves tes potes et tu viens défendre les couleurs du pays. C’est toujours un plaisir. Mais je ne pourrai pas dire que l’un est plus agréable que l’autre. Ce sont deux choses différentes. »
Comment un joueur NBA arrive-t-il à trouver cette adrénaline dans des matchs amicaux en province, à Pau ou à Orléans, où il y aura forcément moins de public qu’en NBA ?
« L’adrénaline n’est pas forcément liée au monde qu’il y a dans la salle. En Equipe de France, tu dois faire vingt matchs maximum par an. Donc forcément, c’est plus excitant de jouer. Et puis, il y a le fait qu’on se retrouve tous, qu’on veut se montrer. Tu es toujours à fond. Et c’est une des raisons majeures pour lesquelles je suis là. J’ai vraiment besoin de compétition, de moments intenses, de moments forts, voilà de vivre des choses quoi ! L’Equipe de France te donne tout ça. Ça fait quatre ans que je n’ai pas fait les playoffs, ça me manque… »
Vincent Collet a déclaré que c’était une nouvelle ère pour l’Equipe de France. Est-ce aussi le cas pour Evan Fournier, promu en titulaire ?
« J’espère bien [rires] ! On verra… »
La presse d’Orlando va-t-elle vous suivre pour cet EuroBasket ?
« Je suis un joueur important de l’équipe donc il y a un vrai suivi. Je m’entends très bien avec les journalistes, oui, c’est vrai [rires] ! J’ai même reçu un prix du meilleur relationnel avec les médias. Notez-le ! »
Propos recueillis à l’INSEP