C’est souvent au bord des terrains amateurs de France et de Navarre qu’on entend les meilleures « punchlines ». Ces fameux « complexes sportifs », souvent vétustes et laissés à l’abandon par les communes qui en ont la charge, mais où l’on vient pour se détendre, se retrouver entre potes, et surtout se faire plaisir. C’est aussi là que basketteurs de rue et footballeurs de quartier peuvent se croiser, sans filets (c’est le cas de le dire), et se chambrer. Au détour d’un match, d’un 3×3, en attendant un pote, un bus, un but, un panier (« le prochain qui marque gagne le match ! »), parfois jusqu’à la tombée de la nuit.
C’est à la croisée de ces deux mondes, au milieu de ce savoureux cocktail que j’ai pu être témoin de LA punchline du week-end, lâchée avec le cœur, en plein milieu d’une discussion entre deux connaissances : « La conférence Est on dirait la Ligue 1 frère ! Derrière Cleveland, c’est open bar ! ».
À y regarder de plus près, le bougre avait vu juste ! Derrière le PSG, nombreux ont été les prétendants à se chamailler depuis août dernier pour accrocher un « spot » européen. Et force est de constater que c’est la même rengaine en NBA à l’Est cette année, et qu’il faudra sans doute attendre les toutes dernières joutes de la saison régulière pour avoir le top 8 dans le bon ordre. Le jeu sans fin des comparaisons cher à ces gamers de l’absurde venait d’être lancé, et voici ce qui en est ressorti :
Ici c’est Cleveland
Avec Zlatan dans le rôle de LeBron, leaders de machines de guerre programmées pour tout écraser sur leur passage. A 34 ans pour l’un, 31 pour l’autre, ils semblent être arrivés au sommet de leur art. Et après tout, leur style n’est pas si différent, les deux ont su puiser dans la pratique d’un sport de combat durant leur enfance pour donner une dimension particulière à leur palette, le Taekwondo pour l’un, et apparemment le « le Bourrinedo » pour l’autre (véridique).
Vient ensuite le dressage de portrait des seconds couteaux. Le parallèle entre Love et Cavani est vite trouvé. Il y a les pros, qui estiment que les deux sont dans leurs rôles, et les anti, qui se réfèrent au bon vieux temps de Minnesota et du Napoli. Les avis sont tranchés, sauf sur les coupes de cheveux lamentables des deux lieutenants, thème sur lequel tout le monde est unanime !Enfin, il y a les électrons libres, qu’on appelle aussi, « les artistes ». Irving ou JR Smith pour les uns, Pastore ou Verratti pour les autres. Ceux qui sont là, dans l’ombre des grands, mais dont on compte toujours sur le talent pur pour renverser un match, ou assurer la gagne, comme Irving l’a encore fait vendredi soir à Atlanta, sans trembler au lancer, là où le King venait de se montrer un poil crispé. Comme quoi, de QSI à la Q Arena… il n’y a qu’un pas !
Les Raptors de Monaco
Le parallèle est brièvement dressé entre Monaco et Toronto, deux entités qui ont quand même la particularité d’évoluer en dehors du pays qui organise leurs championnats (!). Principalement dans la façon dont ils ont réussi à s’assurer une place au soleil, avec rigueur et sérieux. Comme l’ASM, les Raptors ont fait confiance à leurs jeunes qu’ils ont fait grandir (Ross, DeRozan, Valanciunas…) et sont maintenant récompensés par une 2e place d’ores et déjà assurée et donc l’avantage du terrain pour au moins deux tours.
Un genre de qualification en Ligue des Champions sans passer par les barrages. Mais les jeunes ça ne suffit pas, il faut aussi des cadres solides. Et là non plus, aucun doute, Scola, c’est Toulalan, les tempes grisonnantes en moins. En revanche, celui qui a osé comparé Lowry à Wagner Love, comme des buteurs de sang-froid, a vite été ramené à la raison par le reste de la bande. La confrontation s’arrête aussi niveau de la politique sportive, alors que Monaco se sépare chaque année de ses meilleurs éléments, et que Toronto bosse sur le long terme. Seul gros joueur à qui il ne restera qu’un an de contrat à l’issue de la saison, DeRozan a déjà fait part de son envie de jouer toute sa carrière à Toronto. Un joli pied de nez à Tracy McMartial et autres Vince Falcao !
Vient ensuite le tour des (nombreux) outsiders qui occupent de la 3e à la 7e place (voire plus encore pour la Ligue 1). Et là, autant le dire tout de suite, c’est parti dans tous les sens ! Désolé les gars, que ce soit du point de vue sportif ou du cadre de vie, mais « on ne compare pas Rennes à Miami ! » Non, le cocktail Wade-Bosh-Stoudemire n’équivaut pas à un Yoann Gourcuff en temps passé à l’infirmerie. Ousmane Démbélé, un talent aussi pur que Whiteside et la trajectoire d’une future super-star ?
Possible, mais l’un est un artiste balle au pied(s), l’autre est un bulldozer balle en main, et ne fait qu’exploiter un don de la nature. « Les deux font lever les foules » ? Ok, vendu, mais alors avec un Pat Riley dans le rôle du conseiller principal de l’actionnaire majoritaire un poil arriviste, qui ne serait pas contre l’idée d’un retour aux affaires. « Si toutes les conditions sont réunies », bien entendu Rolland…
Boston, entre le Forez et la Riviera
« Qui c’est les meilleurs évidemment c’est les verts ! » (ah les footeux…). Bien sûr, Boston, Saint-Etienne, deux clubs au passé glorieux, où les poteaux carrés font concurrence à la moustache de Larry Bird, ou les hooks de Bill Russell aux reprises de volées de Jean-Mimi, le tout teinté de noir et blanc.
Le lien était facile, trop sans doute. Car dans la composition de leur effectif, c’est à l’OGC Nice que les Celtics ressemblent le plus. Avec un schéma simple : un génie entouré de vrais « joueurs de ballon(s) ». Remplacez Isaiah Thomas par Hatem Ben Arfa, et vous obtenez une équipe que personne n’avait vu venir et qui jouera les poils à gratter jusqu’au bout. Histoire de pousser le bouchon, Boston avec l’appui du pesant mais non moins précieux « Jared Bodmer » avait montré l’exemple à l’Oracle samedi matin, mettant fin à 14 mois d’invincibilité des Warriors sur leur parquet. Mais les Aiglons se sont quant à eux brûlé les ailes au Parc quelques heures plus tard (en même temps, les Raptors de Monaco avaient déjà fait le boulot il y a deux semaines).
Labrune au fond du Garden
Sans doute par manque d’imagination, de temps, ou par simple respect, le débat a marqué une pause. J’ai donc échappé à la comparaison que je redoutais le plus, celle des Hornets, une franchise qui ne me laisse pas insensible, à Lille ou à l’Olympique Lyonnais. Ouf ! Pas de duel MavuBatum, ou pire encore, Walker/Valbuena ! Pas non plus d’Atlanta-Angers ou Detroit-Caen (« même si niveau couleurs des maillots… »), question de respect toujours.
En revanche, point de retenue lorsqu’il a été question d’envoyer des tacles glissés aux deux désillusions de la saison : l’OM… et les Knicks ! Franchise mythique, enceinte exceptionnelle, ferveur unique… Mais aussi recrutement douteux, entraîneur parachuté (chuté tout court pour Derek Fisher depuis), et forcément, résultats catastrophiques. Avec un Vincent Labrune qui retire des maillots en fin de saison et annonce que son club ressemblera à une franchise NBA avant la draft cet été, « avec une grosse marge de salary cap » et prête à « fondre sur des bons choix de draft », on comprend mieux pourquoi les supporters marseillais s’arrachent les cheveux.
En parlant de cheveux, inutile de comparer les parcours avec le Zen Master, auquel cas la grand-mère de Jacques Dessange en aurait encore pris pour son grade. Allez, quand même, rendons-leur la seule bonne décision de leurs saisons catastrophiques respectives : Kristaps Porzingis, et Lassana Diarra.
Quand soudain, au bout du banc, une petite voix s’élève : « Et le Barça, c’est les Warriors ou les Spurs ? ». Mamma Mia, c’est reparti…