Vainqueur en 2007 du concours de dunks au All-Star Game de Paris-Bercy, second en 2008, troisième en 2009, Max Kouguère (1m98, 23 ans) est avec un tel palmarès considéré comme l’un des meilleurs dunkeurs français.
A la sortie d’une séance de shoots, Basket USA est allé à la rencontre de l’ancien joueur de Gravelines. Détendu et loquace, il revient sur sa saison en Pro B du côté d’Antibes, puis nous parle de dunks, de détente et de street.
Pierre Marsal : Cette année, vous êtes passé de Gravelines à Antibes. Comment avez-vous vécu votre passage en Pro B ?
Max Kouguère : D’abord, je suis venu à Antibes pour gagner du temps de jeu et j’ai eu plus de 20 minutes par match : c’est beaucoup… Ça fait une mi-temps, ça va, quoi !
Vous étiez même titulaire…
Oui, j’étais dans le 5 de départ. C’est pour ça que je suis venu à Antibes et ça s’est bien passé même s’il y a eu des hauts et des bas dans la saison. Parfois on est en forme, d’autres fois on ne l’est pas… D’un point de vue général, c’était bien. J’ai pris une bonne décision de venir ici et de descendre en Pro B.
Et que pensez-vous de la saison avec Antibes dans l’ensemble ?
Dans l’ensemble, on avait mal commencé parce qu’il nous manquait des intérieurs et on n’arrivait pas à se retrouver. Au bout d’un moment, on s’est retrouvé en travaillant ; les intérieurs nous sont venus en aide : Luc-Arthur (Luc-Arthur Vebobe, ndlr) qui était blessé, est revenu. Nous nous sommes retrouvés et nous avons gagnés 6 matches consécutifs et après nous avons pris le rythme. Nous avons assuré le maintien, c’est ce qui était le plus important.
Et vous concernant, quelles sont vos principales qualités ?
D’abord, pour tous les gens qui me connaissent, ma première qualité est que je suis athlétique et depuis que j’ai travaillé mon tir, maintenant j’ai un shoot qui peut faire la différence. Pourtant, les gens remarquent plus mes qualités athlétiques que mon shoot.
Cette année, vous avez mis 28 points dans un match avec un 10/14 au shoot dont 6/9 à 3 points. Comment expliquez-vous cette performance ? Il me semble que c’était à Brest…
Oui, c’était l’avant dernier match. J’étais en phase avec mon shoot et les intérieurs tournaient bien. Ça « trappait » à l’intérieur et ils arrivaient à ressortir la balle. J’étais donc tout seul, il fallait juste que je me concentre pour les mettre. Et puis, j’ai eu de la réussite. Au premier match à domicile, j’avais aussi fait la même chose avec mes shoots à 3 points. Contre Pau également, il me semble que j’avais fait 5/7 à 3 points. Quand les systèmes fonctionnent, j’ai juste à rentrer mes shoots ouverts…
En plus, c’était un match important car cette victoire vous a officiellement maintenu.
Oui, sur ce match j’étais motivé pour maintenir le club. Il ne fallait pas que ça joue sur notre carrière après. Jouer pour une équipe qui descend fait tâche dans votre carrière. Il fallait donc maintenir le club.
Justement, pour votre avenir au club, je crois que vous avez une option dans votre contrat.
Oui, c’est pour cette année. Malheureusement, je ne reste pas…
Intervention de Chrislain Cairo (un coéquipier, ndlr) : Maxou, je peux poser une petite question ? Max Kouguère, pourquoi ne voulez-vous pas rester à Antibes ? (Rires)
Parlons fun maintenant avec le dunk, la détente et le street. Vous êtes un spécialiste du dunk…
Pas vraiment un spécialiste !
Ah, quand même un petit peu ! (Rires)
(Rires)
Ça fait quand même 3 ans que vous participez au concours de dunks au All-Star Game de Paris-Bercy. En 2007, vous l’avez remporté ! Vous avez fini second en 2008 et vous avez été éliminé au premier tour cet hiver. Qu’est-ce qui vous passionne dans les dunks ?
Comme j’ai des qualités athlétiques, je les utilise. Ça me fait toujours plaisir d’essayer ma détente, de faire des figures, de compliquer un peu pour voir où je peux arriver. C’est juste une manière de m’amuser. Moi, c’est comme ça.
Quels sentiments éprouvez-vous après avoir réussi un dunk spectaculaire ?
Ça fait plaisir. Je suis content de me dire que ma détente sert à quelque chose. J’essaie de faire comme les autres qui sautent haut. C’est pour ça que je vais toujours au All-Star pour essayer de me mesurer aux meilleurs, les vrais spécialistes comme les Guy Dupuy, Kevin Kemp. Ce sont des gens qui ne font que ça. Ils sont vraiment dedans, donc ils ont de bonnes figures. J’essaie toujours de m’opposer à eux pour voir où je peux arriver.
Justement, en 2009 à Paris-Bercy, vous étiez opposé à Guy Dupuy et Kevin Kemp…
Oui. C’est là où j’ai fini 3ème. Ça fait plaisir de finir à ce stade derrière des gens comme ça. Entre guillemets, je peux dire que ce sont les « meilleurs dunkeurs » en ce moment. On peut le dire car ils font des tournées en Europe et aux Etats-Unis…
Oui, Guy Dupuy en a refait une, il n’y a pas longtemps (concours à Gap, ndlr).
Ça fait toujours plaisir de participer avec eux. En plus, ils sont sympa. On discute, ils te demandent des trucs, ils te conseillent. Pour moi, c’est un plaisir toujours d’aller au All-Star, de participer au concours de smashes.
Concernant la NBA, avez-vous des idoles, spécialistes du dunk ?
En NBA, je ne vois pas trop le dunk. Je regarde plus le jeu. Pour le dunk, je peux dire Michael Jordan. Vince Carter, lui… (expression d’admiration, ndlr) Et puis, Dominique Wilkins ! Ce sont des gens qui ont vraiment fait du dunk.
Ce sont des légendes…
Ce sont des légendes du dunk, tu vois. En NBA, pour moi c’est pas trop le dunk. Je préfère regarder les Guy Dupuy, Kevin Kemp, ou bien encore James White. En dunk, je suis plus ces spécialistes puisqu’en NBA, c’est d’abord du jeu dans lequel ils ajoutent du spectacle. C’est ça, ce sont des joueurs qui participent au concours de smashes en NBA, donc c’est différent.
Oui, ils ne s’entraînent pas à ça toute l’année…
Oui, c’est pas comme à Bercy, où les joueurs sont sélectionnés pour faire le show, pour faire vraiment du spectacle. C’est ça qui est bien.
Quel dunk que vous avez mis en concours vous vient à la tête immédiatement ?
Celui qui me vient à la tête de suite est celui de la finale de Bercy en 2007. Le dunk à côté de la planche, ce n’était pas ce que je voulais faire… Ça m’est venu de suite comme ça. Je voulais prendre la balle pour faire un moulin mais je me suis même trompé de côté ! Je suis parti de l’autre côté et je me suis dit : « Bon allez, je vais faire ça. »…
Finalement, ça a marché quand même !
Oui et ça a marché.
Et en match cette saison, y en a-t’il un qui vous a marqué ?
Oui. Je me rappelle contre Brest, ici à domicile : un alley-oop, sur un système zone que le coach a mis spécialement en place pour moi. Ça m’a marqué parce que c’était super haut ! Je ne pensais pas y arriver, j’avais carrément la tête dans l’arceau au moment de smasher ! (Rires)
Ah oui ! Quand même… (Rires)
Oui. (Rires)
Comment faites-vous pour élaborer un dunk lors d’un concours ? Vous inspirez-vous d’un spécialiste ?
Oui. Par exemple, je regarde les dunks des autres dunkeurs et après, j’essaie de modifier à ma façon : compliquer un peu, faire un petit plus, pour mettre une petite touche personnelle…
J’ai remarqué que celui que vous tentiez et réussissiez le plus, c’était le dunk en récupérant la balle lancée derrière la planche. Vous l’avez tenté en 2007, vous l’avez refait récemment ?
Oui. Chaque année je le remets. Je change : parfois je le fais à deux mains, d’autres fois à une main.
Vous n’avez pas peur de vous blesser en tapant la planche avec la tête ?
C’est un dunk que j’ai déjà fait à l’entraînement donc je me suis habitué, je sais comment le faire. Oui, il y a le timing et c’est le dunk que je suis sûr de toujours mettre.
Est-ce votre geste préféré ?
(Hésitation) Oui, parce que c’est celui que je réussis, j’ai confiance.
C’est un peu votre spécial …
Oui, on peut dire ça.
Pouvez-vous nous l’expliquer rapidement ?
En fait, je me suis inspiré du dunk de André Iguodala. Il l’a fait de l’autre côté et moi j’ai essayé de compliquer un peu, d’en faire un peu plus : récupérer la balle en passant sous la planche avec un petit moulin. J’ai voulu compliquer un peu pour mettre un petit plus de Max (son surnom est « Maximum », ndlr) (Rires).
(Rires) D’ailleurs, cela avait marqué Jacques Monclar et David Cozette au All-Star Game de 2007. Quand ils commentaient, ils disaient que c’était la première fois que quelqu’un tentait ça…
Oui. C’est ce dunk qui m’a fait gagner parce que les spectateurs n’ont jamais vu ça. Ça fait toujours plus de bruit et d’applaudissements.
Quel est le dunk que vous essayez et que vous n’arrivez pas à réussir, s’il y en a un ?
J’ai déjà réussi tous les dunks que j’ai essayés. Ah ! Si… J’ai essayé le 720, tourner deux fois, mais je ne l’ai jamais mis.
Comment faites-vous pour vous améliorer au dunk ?
Parfois à la fin de l’entrainement, je tente des trucs. Quand je sens que j’ai encore des forces, j’essaie des dunks avec mes coéquipiers qui me poussent, qui me motivent : « Allez, allez, allez ! ».
Justement, le 15 mai dernier, je crois que vous avez fait un concours de dunks avec des amis de l’équipe…
Oui, avec Darnell Harris. À la fin de l’entraînement, quand on essaie des smashes, il nous pousse. Il nous motive lui-aussi en faisant des smashes, en tentant des trucs plus difficiles encore.
Pour être bon au dunk, il est important de rester longtemps en l’air et de sauter le plus haut possible : la détente. Savez-vous quelle est votre détente ?
Je ne la connais pas vraiment. Je pense que je dois avoir dans les 1m10 de détente sèche…
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes joueurs pour progresser au dunk. Y-a-t’il des exercices spécifiques ?
Il faut essayer, il faut oser le faire. Le travail toujours : entretenir la détente parce que la détente, si tu ne la travailles plus, tu la perds. Il ne faut pas avoir peur de tenter : si tu as peur, tu ne pourras pas le faire… si tu n’as pas peur, tu vas le faire.
Est-ce que tu comptes participer à la prochaine édition du concours de dunks au All-Star Game à Paris ?
Je ne sais pas. Je ferai en fonction de ma forme. Si je pense que je peux le faire, je le ferai parce que ça fait toujours plaisir. C’est la plus grande fête de basket en France. Mais si je ne suis pas en forme, ça ne sert à rien d’aller juste pour le plaisir d’y aller. Non, je verrai par rapport à ma forme.
Avez-vous d’autres projets internationaux pour d’autres concours de dunks ?
Non. Le dunk, c’est juste me faire plaisir. Pour moi, c’est le championnat la priorité.
Justement, est-ce que votre image de dunkeur est préjudiciable à votre carrière en club ?
D’abord, ceux qui ne me connaissent pas pensent que je suis un dunkeur mais les gens et les coaches qui me connaissent bien savent que je suis un joueur et que j’ai des qualités quand même. Je suis le joueur de ceux qui me connaissent.
Vous participez aussi à des tournois de street. Quai 54 est le plus connu. Est-ce que ces tournois permettent vraiment à des joueurs de se faire connaître ?
Oui, si tu fais un bon tournoi et que tu joues bien, tu peux être parfois remarqué par les agents et les coaches qui viennent. S’ils voient un joueur qui brille, après ils lui demanderont où il joue.
Et que pensez-vous de ce mélange entre les joueurs connus et les joueurs amateurs ?
C’est une bonne chose. Je me dis que c’est vraiment bien ce tournoi parce que, aujourd’hui, il y a des gens, qui ne font pas de basket pro, mais qui ont envie de jouer avec les pros pour voir comment ça se passe, comment ils jouent ; et ce tournoi, ça fait le mélange. Ça fait plaisir de jouer avec des amateurs, de jouer avec ceux qui font du street. C’est vraiment bien, il y a de l’ambiance, il y a du spectacle.
Pour vous, quelle place occupe le street dans le basket en général ?
Je ne sais pas trop mais je sais que ce qui amène le plus les jeunes au basket, en ce moment, c’est le street car les jeunes préfèrent d’abord du spectacle contrairement au basket professionnel qui est orienté sur le jeu. Moi aussi, j’ai fait la même chose et j’ai commencé avec le street et après je suis parti.
Enfin, pour votre carrière, vous pensez privilégier le basket en club ou les concours de dunks ?
Oui, le basket en club ! Moi, je ne suis pas un dunkeur professionnel. Je suis un joueur, donc c’est différent.
Photo : DR
Résumé du concours 2007