Retiré des parquets depuis 2011 après son expérience à Istanbul, Allen Iverson reste une figure emblématique de la NBA tant il a marqué la ligue par son jeu et sa fougue sur et en-dehors des parquets. Complex est parti à sa recherche, visiblement non sans mal, pour un long entretien particulièrement intéressant. Comme à son habitude, la légende des Sixers se livre sans détour.
L’égérie de Reebok s’est ainsi vu questionner sur le joueur actuel qui lui ressemblait le plus et Allen Iverson a répondu sans hésiter : « Russell Westbrook. »
« Simplement par l’énergie, son coeur, son acharnement et la manière dont il joue dur chaque soir, » détaille t-il. « Par tout ça, il me rappelle moi. Je ne dirai pas par son jeu à proprement dit mais la manière dont il agresse constamment et ses efforts me rappellent moi. »
« 1996 est la meilleure draft de l’histoire »
Premier choix de la draft en 1996, Allen Iverson a fréquemment régné sur le titre de meilleur scoreur de la ligue (4 fois entre 1999 et 2005). Dans sa promotion, Kobe Bryant, Steve Nash, Ray Allen ont tutoyé les sommets à titre collectif ou individuel. D’autres joueurs de très bons calibres se sont aussi distingués : Jermaine O’Neal, Stephon Marbury, Peja Stojakovic, Shareef Abdur-Rahim, Marcus Camby, Zydrunas Ilgauskas ou encore Derek Fisher.
Entre 1984, année de draft de Michael Jordan, Hakeem Olajuwon, Charles Barkley ou John Stockton, et 2003, celle de LeBron James, Dwyane Wade, Chris Bosh ou Carmelo Anthony, le débat fait rage pour définir la meilleure draft de l’histoire. Comme son surnom l’exige, Allen Iverson a la réponse à cette question.
« 1996 est la meilleure. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Demandez à tous ceux qui connaissent le basket et ont un peu d’intelligence du jeu et il n’y aura aucun doute. Il y a trop de Hall of Famers dans la nôtre. »
Idole des jeunes en son temps, paria pour la ligue avec ses tatouages et son style vestimentaire, Allen Iverson ignore si le Hall of Fame lui ouvrira ses portes. MVP en 2001, finaliste la même année, 11 fois All-Star, 3 fois dans la All-NBA First team et 24 368 points en carrière (23e de l’histoire), cela ne devrait être qu’une formalité, d’autant qu’en dépit de ses frasques, ses tatouages, piercings et coupes colorées, Dennis Rodman a bien fini par y rentrer.
Éligible et parmi les finalistes de la prochaine promotion, le n°3 des Sixers n’en fait pas une formalité, quelle que soit la décision du jury.
« J’ai fait beaucoup dans cette ligue, » dit-il. « J’ai réalisé beaucoup de choses dans le basketball. J’ai réussi à sécuriser financièrement l’avenir de mes enfants. Je suis juste heureux et comblé, donc les gratifications que je ne reçois pas n’importent pas car j’ai déjà été suffisamment récompensé dans ma vie. »
« Mon seul regret est de ne pas avoir totalement adhéré à ce que Larry Brown m’offrait »
À la fin de cette saison, un de ses camarades de promotion le rejoindra parmi le clan des retraités : Kobe Bryant. De trois ans son aîné, la gloire de Philadelphie connait bien celle de Los Angeles. Les deux joueurs se sont rendus coup pour coup jusqu’au théâtre de la finale NBA. Lui-même natif de la Cité de l’Amour Fraternel, Kobe Bryant n’a jamais été aussi choyé par la ville que son homologue des Sixers. Un temps distants l’un de l’autre, sinon en conflit, la relation entre les deux hommes s’est depuis longtemps apaisée et Allen Iverson n’a pas de doutes sur la réussite de Kobe Bryant dans sa nouvelle vie.
« Quelqu’un comme lui n’a pas vraiment besoin de conseil (pour son après-carrière), » assure Iverson. « Il sera aussi bon, et sinon meilleur, que n’importe qui d’autre dans ce qu’il décidera de faire après le basket. Il n’y a donc pas de conseil à donner à quelqu’un de son ambition. Le plus important pour moi à son sujet est qu’il dédie énormément son temps au jeu. Il pourra désormais prendre plus de ce temps pour sa femme et ses enfants. C’est ce qu’il devra faire. Il va pouvoir connaître ce que je connais aujourd’hui : passer le plus de temps possible avec sa famille, du temps que je n’avais pas auparavant. »
Même s’il n’a pas gagné de titre NBA, Allen Iverson confie enfin qu’il n’a pas de regret, hormis sa relation parfois houleuse avec Larry Brown, dont il est très proche aujourd’hui.
« Ne pas avoir gagné le titre ne m’empêche pas de dormir. Je garde la tête haute et j’ai compris que ce n’était tout simplement pas pour moi. Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir totalement adhéré à ce que Larry Brown m’offrait. Je n’ai pas accepté ce cadeau quand je l’aurais dû. Beaucoup de choses plus positives seraient arrivées si j’avais accepté cela plus tôt. Je suis heureux de l’avoir finalement fait. Mieux vaut tard que jamais. »