En 1996, Shawn Kemp et Gary Payton avaient mené Seattle jusqu’en finale NBA. Menés 3-0 face aux Bulls de Michael Jordan, les Sonics étaient revenus à 3-2 avant de céder lors du Game 6. Si Kemp et Payton étaient les stars des Sonics, deux autres joueurs étaient des maillons essentiels de l’équipe : le pivot Sam Perkins et l’ailier Detlef Schrempf. Nous les avons rencontrés à Toronto, dans le cadre des festivités du All-Star Weekend pour une discussion « Old School ».
Detlef, Sam Perkins est présent à Toronto lors du All-Star Weekend. On vous a vus échanger quelques mots pendant le match du « Special Olympics ». Que vous êtes-vous dit ?
DS : Je lui ai dit que j’étais fâché parce qu’il ne m’a pas appelé ce matin pour me dire qu’il serait aussi à ce match (rires). Sam et moi sommes toujours très proches malgré les années qui passent, et nous nous parlons régulièrement au téléphone, même s’il est vrai que nous ne nous voyons pas aussi souvent que nous le souhaiterions. Sam est vraiment un mec très sympa et l’un de mes meilleurs amis.
Les Sonics n’existent plus depuis maintenant près de dix ans. Quand reverra-t-on une franchise à Seattle ?
DS : C’est une bonne question. Je ne crois pas que ce soit à l’ordre du jour. C’est dommage parce que c’est une très belle ville qui mérite d’avoir une équipe en NBA. Les fans étaient incroyables et j’ai passé mes plus belles années NBA sous le maillot des Sonics. À l’époque, notre équipe était bâtie pour le titre.
Après vous, Dirk Nowitzki a pris la relève dans le rôle du porte-drapeau de l’Allemagne en NBA. Quel regard portez-vous sur sa carrière ?
DS : C’est un joueur exceptionnel qui a marqué toute une génération de basketteurs grâce à son style de jeu unique. Son tir et son fadeway sont des armes que personne d’autre ne parvient à maîtriser avec autant de réussite. Les gens ne cessent de dire qu’il approche de la fin de sa carrière mais regardez ce qu’il réussit à faire encore cette année. C’est un joueur de légende. Dirk a énormément oeuvré pour le basket en Allemagne comme par exemple en venant jouer l’Eurobasket à Berlin l’an passé.
Sam, pensez-vous avoir révolutionné le jeu en NBA en étant l’un des premiers intérieurs à shooter à 3-points ?
SP : C’est un peu prétentieux de dire que c’est grâce à moi que l’on voit tous ces intérieurs s’écarter et jouer en périphérie. À mon époque, dans les années 1980-90, les pivots restaient sous le panier. C’était difficile à imaginer des grands costauds se baladant autour de la ligne à 3-points. J’étais l’un des seuls à le faire parce que j’ai beaucoup travaillé mon tir. Je passais des heures après l’entraînement à shooter et à perfectionner ma technique. Il y a vingt ans, jamais les grands ne tiraient à 3-points à l’entraînement. C’était une hérésie. À l’exception de Terry Mills et de moi, je ne me rappelle pas de beaucoup d’autres joueurs de notre gabarit qui s’écartaient de la raquette pour tirer.
Que pensez-vous justement de cette mode actuelle avec l’explosion du nombre de « stretch-4 » et de la stratégie du « small ball » ?
SP : Je pense que le jeu évolue avec le temps. Aujourd’hui, il semble que la stratégie la plus efficace est de jouer petit et de miser sur le tir extérieur. Il y a moins de pivots dominants que par le passé lorsqu’on avait des Olajuwon, Ewing, Robinson, Shaq, qui apportaient une vraie présence et un vrai danger dans la raquette. De nos jours, les intérieurs n’hésitent plus à sortir et à shooter s’ils ont une bonne position. Toutes les équipes ont des joueurs de ce type. Les vrais pivots sont rares, du style Andre Drummond ou DeAndre Jordan qui sont là pour prendre des rebonds et jouer des coudes sous le panier. Les Warriors ont montré que l’on pouvait gagner en misant sur ce genre de stratégie. Je pense aussi que ce n’est qu’une question de cycle et que l’on reverra des pivots dominants dans les années à venir.
Comme Detlef, quels souvenirs gardez-vous de vos années chez les Sonics ?
SP : Ce sont de très belles années que j’ai passées à Seattle. Nous avions l’un des duos les plus terrifiants de l’époque avec Shawn et Gary. À eux deux, ils ont détruit je ne sais pas combien d’équipes. Et puis nous avions d’autres joueurs avec Hersey Hawkins et bien sûr Detlef ! Il est l’un des premiers joueurs européens à avoir réussi en NBA. Lui aussi est un pionnier à ce niveau. Sans lui, je ne suis pas sûr que nous aurions pu atteindre les Finals en 1996. Malheureusement, il n’y avait pas grand chose à faire face à Jordan…
Propos recueillis à Toronto.