Phil Jackson voulait Steve Kerr, il a eu Derek Fisher. Phil Jackson ne voulait pas que Carmelo Anthony fasse jouer sa clause libératoire, Anthony l’a fait jouer. La carrière de Phil Jackson comme président des Knicks débute par deux échecs, et pour reprendre la main, et affirmer son projet sur cinq ans, je lui suggère de ne pas s’accrocher à Carmelo Anthony.
Au final, la carrière de Melo à New York aura été un échec. Arrivé aux Knicks en 2011 contre la moitié de l’effectif ou presque, Anthony ne sera jamais parvenu à ramener la franchise vers les sommets, mais aussi à fédérer autour de lui. Certes, il a eu des circonstances atténuantes comme les genoux en carton d’Amare Stoudemire, ou les choix étranges de ses dirigeants (recrutement d’Andrea Bargnani, retour de Ray Felton…), mais au final, je retiens que c’est un échec. D’ailleurs, le bilan des Knicks version Gallinari-Chandler-Mozgov était meilleur que celui des Knicks version Anthony…
Melo est-il encore un « franchise player » ?
Aujourd’hui, le voici donc libre de signer où bon lui semble. Sa cote reste exceptionnelle puisqu’il est toujours l’un des trois meilleurs attaquants de la ligue, mais je ne pense pas qu’on puisse encore construire une équipe autour de lui. Je ne crois pas que Anthony soit encore un « franchise player ». Je ne crois pas non plus que Melo soit aujourd’hui un joueur qui attire les free agents.
Comme avec Team USA, je crois au contraire qu’Anthony n’est jamais aussi fort que lorsqu’il est un « Lieutenant », débarrassé de la pression du leadership. C’est pour cette raison que je l’imagine davantage rejoindre Chicago, aux côtés de Derrick Rose et Joakim Noah, ou Houston, aux côtés de James Harden et Dwight Howard.
En fait, plus que Chicago ou Houston (je ne le vois vraiment pas aux Rockets…), c’est à Dallas que je le verrais bien. Il y serait à la fois le leader d’attaque, tout en profitant de la présence de Dirk Nowitzki pour avoir moins de pression sur les épaules. A 30 ans, Anthony ne doit plus jouer plus de 40 minutes par match. Il ne doit plus prendre entre 20 et 25 tirs par match. C’est pourtant ce qui l’attend aux Knicks s’il reste puisque l’effectif ne devrait pas bouger avec le seul Kenyon Martin comme joueur en fin de contrat.
New York doit tourner la page
Côté New York, il faut tourner la page des années D’Antoni et Woodson, comme il avait fallu tourner la page des années Thomas auparavant. Je pense donc que ce serait une erreur de casser sa tirelire sur Anthony même s’il fait partie du club fermé des superstars. Phil Jackson et Derek Fisher ont signé pour cinq ans, et ils doivent être patients. Jackson l’avait annoncé lors de sa prise de pouvoir, il vise les intersaisons 2015 et 2016. En 2014/15, ils seront encore plombés par les contrats de Bargnani, Chandler et Stoudemire, et prolonger Anthony pour plus de 25 millions par an n’arrangerait rien. Les exemples récents de Kobe Bryant aux Lakers ou de Deron Williams aux Nets démontrent combien il est risqué d’offrir le pactole à des joueurs qui n’ont jamais été épargnés par les blessures. C’est d’ailleurs le cas de Melo qui traîne des pépins divers, au point de manquer 47 matches lors des trois dernières saisons.
Au final, j’imagine quel scénario ? Je crois que New York fera une offre conséquente à Melo, mais qu’il ne s’agira pas des 128 millions sur cinq ans auxquels il peut prétendre. J’imagine davantage un contrat de 60 millions sur trois ans, qui serait une forme de deal gagnant-gagnant pour les deux parties. New York conserverait ainsi la possibilité de recruter un ou deux gros free agents en 2015, tout en permettant à Melo de s’offrir un nouveau challenge en 2017. Si Anthony veut gagner un titre, comme il le répète depuis deux mois, ça passera forcément par des sacrifices. A court terme, en rejoignant une franchise surarmée (Chicago, Houston…). A moyen terme avec les Knicks, en permettant à ses dirigeants de recruter un ou deux très bons joueurs en 2015 et/ou 2016. Ce serait tout à son honneur d’opter pour la seconde solution.