LeBron James à Vegas, entre succès sportif et opération séduction

À peine Austin Reaves a-t-il eu le temps de répondre aux premières questions des journalistes dans le vestiaire que LeBron James l’interpelle. « Qui a connu le meilleur Flu Game : AR ou MJ ? Le débat est ouvert ! », s’exclame le « King », les pieds dans un bain d’eau froide et les genoux glacés.

Malade et longtemps incertain en finale de la NBA Cup contre Indiana (123-108), l’arrière de 25 ans a signé son record de points sur la saison (28 points). Au point, donc, de rappeler ce Game 5 de « Sa Majesté » (38 points, 7 rebonds, 5 passes), également malade, pour mener les Bulls à la victoire en 1997.

« Je ne vais pas lui répondre et continuer à parler du match », reprend très sérieusement l’international américain, sa casquette scotchée sur la tête et son café à la main. Une « sage » décision du propre aveu du MVP de cette première édition du In-Season Tournament.

À jamais le premier

Précieux mais moins décisif qu’en quart contre Phoenix (106-103) ou qu’en demi-finale contre les Pelicans (133-89), LeBron James a été l’un des membres du trident offensif des Lakers face à cette jeunesse fougueuse des Pacers. Aérien, parfois acrobatique, l’ailier de bientôt 39 ans a été efficace et sobre tout au long de ces trois jours à Las Vegas. S’il a reçu 17 des 25 voix possibles pour le titre de MVP, LeBron James s’est quelque peu fait voler la vedette par Anthony Davis, auteur d’une performance XXL (41 points, 20 rebonds, 5 passes).

Qu’importe, au final, puisqu’il a pris le temps de savourer sur le terrain puis de contempler cette NBA Cup, dans un vestiaire californien transformé en boite de nuit géante où morceaux de raps US (« Finally Rich » de Chief Keef et « Run it up » de Lil Tjay) et tranches de rires s’entremêlaient. « Les records seront battus mais être le premier à remporter un titre, c’est inégalable », rappelle le quadruple champion NBA, par ailleurs quatre fois MVP de saison régulière et des Finals et 19e fois All-Star !

Pendant que les uns et les autres enchaînaient les interviews sous le regard presque désabusé des sept attachés de presse des Lakers, LeBron James, lui, a échangé quelques mots avec Rich Paul, son agent de longue date et ami de toujours, puis a dédicacé ses chaussures vertes à Lynn Merritt, l’un des cadres de Nike, en y écrivant « Pour le Général ». « Je t’adore, je ne serai pas là où j’en suis dans ma carrière sans toi, champion. Tu as tout le temps été là », lui dit-il au milieu des caméras et journalistes. 

LeBron James comme chez lui à Las Vegas

Premier à sabrer le champagne dans les coursives de la somptueuse T-Mobile Arena, premier à rentrer dans le vestiaire avec son trophée de MVP dans les mains…  LeBron James était à peu près le numéro 1 à tous les niveaux à Las Vegas. Visiblement heureux de remporter ce tournoi de mi-saison qui l’a motivé « dès le premier jour », LeBron James était en opération séduction à « Sin City ». Pendant son excursion dans le Nevada, il n’a eu de cesse de rappeler son envie débordante de devenir propriétaire, ou du moins actionnaire, d’une franchise à Las Vegas.

Adam Silver, le patron de la NBA, n’a pas manqué l’occasion de le taquiner gentiment au moment de lui remettre son trophée de MVP. « Désolé mais ce titre n’apporte pas de franchise », lance-t-il, mi-blagueur, mi-sérieux, en regardant LeBron James, hilare, au centre du parquet de la T-Mobile Arena. « Las Vegas est enthousiasmé par cet événement et par l’avenir, où nous pourrons encourager notre propre franchise NBA », écrit sur X (ex-Twitter) Carolyn Goodman, la maire indépendante et anciennement démocrate, sous le charme de cette NBA Cup.

Le week-end parfait pour LeBron

Le Los Angeles Times, en revanche, l’était beaucoup moins. Le quotidien californien n’a guère accordé plus d’importance à cette finale qu’à un vulgaire match de saison régulière. La finale de MLS, perdue par Los Angeles contre Columbus (1-2), n’a pas non plus suscité l’émoi. Tout le contraire de la signature de la vedette japonaise Shohei Ohtani aux Dodgers, l’équipe de base-ball de Los Angeles, qui a fait la une du cahier sports, dimanche matin.

Le traitement médiatique, au final, est un peu à l’image de la philosophie prônée par LeBron James et sa bande. Ni joie démesurée, ni superlatifs à gogo. « Il y a encore trop d’étapes à franchir pour que notre équipe soit celle que nous voulons être une fois en playoffs », souligne-t-il justement. Le n°23 des Lakers s’est ensuite levé avant de dire à ses coéquipiers : « Maintenant, on y va ! ». LeBron avait une autre mission : assister aux débuts de son fils Bronny, victime d’un arrêt cardiaque fin juillet, avec USC.

De notre envoyé spécial à Las Vegas