Véritable légende de la NBA, Jerry West (73 ans) est revenu sur le devant de la scène l’été dernier en devenant conseiller spécial auprès des dirigeants des Warriors.
Celui dont la silhouette orne le logo NBA fait également l’actualité avec son autobiographie sortie en janvier 2012. Dans West By West: My Charmed, Tormented Life, l’ancien dirigeant des Lakers et des Grizzlies raconte des aspects cachés de sa vie personnelle, mais revient aussi sur sa carrière en tant que joueur puis manager en NBA.
Basket USA est allé à sa rencontre pour évoquer cet ouvrage mais aussi pour commenter l’actualité des Warriors.
Pourquoi avez-vous décidé d’écrire votre biographie à cette période de votre vie ?
Pour être honnête avec vous, j’avais beaucoup de choses à faire auparavant dans ma vie. En fait, j’ai décidé d’écrire cette biographie afin d’expliquer aux fans de basket qui j’étais vraiment.
Votre enfance a été marqué par le comportement de votre père envers vous. A quel point votre relation était-elle complexe ?
Je pense qu’on a tous une relation particulière avec nos familles, nos amis … Il est vrai que mon père n’était pas vraiment conventionnel mais cela arrive aux enfants du monde entier et pas seulement à moi. Je n’ai pas écrit ce chapitre de mon livre pour que l’on parle exclusivement de ma situation mais plutôt pour aider les gens qui ont vécu la même chose dans leur enfance.
Quelle a été votre réaction à la création du Jerry West Boulevard (à l’université de West Virginia)?
C’est très flatteur mais je n’ai pas joué au basket pour cela. Le basket faisait partie de mon âme et je veux que les gens sachent que ce qui m’intéressait le plus c’était de gagner et l’esprit de compétition. J’adorais être dans le vestiaire pour partager des moments avec mes coéquipiers. Je n’ai pas fait tout cela pour avoir une statue ou être introduit au Hall of Fame.
« Faire venir le Shaq aux Lakers était une décision collective »
En tant que GM des Lakers, vous avez eu quelques moments difficiles et notamment l’annonce de la retraite de Magic Johnson suite à son infection au VIH. Comment avez vous vécu cela ?
C’était l’un des jours les plus difficiles de ma vie. Le basket représentait sa vie et à ce moment là être atteint par le HIV c’était synonyme de mort certaine. Magic était une véritable icône à cette époque et pour moi c’était un véritable ami. Trois semaines après cette annonce, j’avais Magic au téléphone et il m’a montré qu’il était prêt à se battre pour survivre à cette maladie et envoyer un message fort aux autres malades.
L’été 1996, vous faites venir Shaq et Kobe aux Lakers. C’est votre meilleure décision en tant que GM ?
Pour être honnête, ce n’était pas moi mais l’équipe qui a pris cette décision. Lorsqu’on travaille dans une équipe, le collectif est très important et j’ai été très chanceux de travailler pour des propriétaires qui ne souhaitaient que le succès de leur équipe. Ce duo aura ramené 3 titres aux Lakers ce qui prouve qu’on a fait le bon choix.
Ce duo est le meilleur axe arrière – pivot de l’histoire de la NBA ?
C’est certainement l’un des meilleurs, il n’y a aucun doute là-dessus. Lorsque tout allait bien entre eux, c’était très difficile de les arrêter. On avait également ajouté des gars autour d’eux qui comprenaient leur façon de jouer afin de leur simplifier le travail.
Après votre départ des Lakers en 2002, vous avez reçu une proposition des Hawks. Regrettez vous de n’avoir jamais travailler pour Atlanta ?
Non pas du tout. Pour être honnête, à cette époque, je me suis dit c’est le moment pour moi de partir. Je pensais également qu’à cette époque, ce n’était pas très loyal vis à vis de Jerry Buss de faire cela.
Vous signez ensuite aux Grizzlies et remporter en 2004 le titre de meilleur dirigeant de la ligue. Qu’est-ce que ce trophée représente pour vous ?
Absolument rien… J’ai adoré mon passage à Memphis à travailler pour amener une équipe vers le sommet. On a essayé d’amener une équipe venant d’un petit marché au titre de champion ce qui représentait un challenge formidable pour moi.
Dans votre livre, vous écrivez que vous avez pris deux mauvaises décisions en tant que GM des Grizzlies : drafter Drew Gooden au lieu de Stoudemire et offrir la mid- level exception à Brian Cardinal. Avec le recul, pourquoi avoir pris ces décisions ?
Si vous regardez les joueurs que nous avons draftés, ils ont tous eu une bonne carrière en NBA. Nous aurions dû prendre Stoudemire à la place de Gooden, c’est vrai que c’était une erreur. Concernant Cardinal, il avait réalisé une bonne saison avant qu’il ne signe son nouveau contrat. Ensuite il se blesse, et par la suite, il n’a plus jamais été le même joueur.
« Klay Thompson a un avenir brillant en NBA »
Depuis l’été dernier, vous êtes consultant pour les Warriors. Satisfait d’être de retour ?
Je pense qu’on a tous différentes choses à faire dans notre vie et je suis quelqu’un qui a besoin de compétition, de challenge… Le basket représente énormément pour moi et je pense être encore capable de donner des conseils au front office. Les Warriors ont les meilleurs fans de la NBA et on a besoin d’avoir une équipe compétitive chaque soir.
L’équipe a pourtant un bilan négatif cette saison. A quoi l’attribuez-vous ?
Cette saison, on a eu un joueur majeur qui a été blessé et par ailleurs nous manquons de joueurs de grande taille capable de prendre des rebonds. On a beaucoup de joueurs fort techniquement et je pense qu’il nous manque pas grand chose pour qu’on soit une bonne équipe de basket.
Pour conclure, êtes-vous surpris de la progression de Klay Thompson depuis le début de saison ?
Je pense que Klay Thompson n’a pas un bel avenir mais un avenir brillant. Je ne sais pas si à l’heure actuelle il y a meilleur shooteur que lui en NBA. Il a la distance, un gros QI basket et beaucoup de confiance en soi.
Propos recueillis par Jérome Knoepffler pour Basket USA