Dans un long entretien avec L’Equipe, Tony Parker fait un point sur sa carrière en équipe de France avant le début de l’Euro lituanien, mercredi prochain.
Les réussites et les échecs passés, ses différents entraîneurs, l’arrivée de Joakim Noah, son nouveau rôle dans cette équipe et son futur avec les Bleus, le meneur des San Antonio Spurs n’élude aucune question.
Interrogé pour savoir si les rendez-vous manqués de sa génération avec l’équipe de France ne devenaient pas pesants, à force, Tony Parker n’a pas caché s’être beaucoup interrogé.
« Mentalement, c’est dur. Contre l’Italie à l’Euro 2003, on passe à côté des JO et d’une médaille. Contre les Grecs en 2005, on doit être champions d’Europe… Contre les Russes, en 2007, on leur met quarante points en préparation et on perd de trois en quarts de finale parce qu’on rate des lancers francs. Des fois tu te dis : ‘P… Est-ce qu’on va finir par y arriver ? Est-ce que l’équipe est assez forte ? Ai-je fait tout ce qu’il fallait ?' »
Malgré tout, il reste un paquet de bons souvenirs.
« Dans l’ordre : champion d’Europe juniors à Zadar (en 2000). Cette dernière action. On est en prolongation, à moins un. David Frappreau monte la balle, il la donne à Ronny, qui shoote. Il est légèrement contré mais la balle rentre au buzzer ! Ensuite : la médaille de bronze à l’Euro 2005, et notre victoire contre la Serbie, chez eux, lors de ce même Euro (74-71). »
Cependant, après tout un tas d’échecs en équipe de France, qu’attendre de ces Bleus lors de l’Euro ? Pour Tony Parker, il n’y a qu’à changer le destin.
« J’en suis presque à m’en foutre de ce que je fais individuellement. Que je marque 30, 40, 50 points, si on ne gagne pas à la fin, les gens diront toujours que la génération Tony, elle n’a gagné qu’une médaille de bronze. Un peu comme Dirk Nowitzki à Dallas, qui a joué au sein d’une bonne équipe pendant onze ans et perdu chaque année. C’est un des meilleurs joueurs de l’histoire du basket, mais s’il n’avait pas gagné son titre NBA, en juin dernier contre Miami, il aurait été à jamais considéré comme un loser ».
Doit-il moins marquer pour permettre à la France d’être plus compétitive ?
« Je suis prêt à faire n’importe quoi pour gagner, quitte à être moins agressif. On en a parlé avec Vincent Collet. Mais il m’a dit aussi de ne pas oublier ce que je suis. Mon rôle sera d’être patient, de m’assurer au début que les autres sont dans le match. Et après, en deuxième mi-temps, d’être frais pour être performant dans les cinq dernières minutes ».
Et Joakim Noah ?
« Il peut avoir un très grand rôle au rebond, défensivement. Une présence qui nous a fait défaut contre l’Espagne avec Pau Gasol en quarts de finale de l’Euro, en 2009. Après, il ne faut pas le prendre pour notre sauveur non plus. Il doit rester dans les choses qu’il sait faire. À nous de le mettre dans les bonnes situations ».
Quant à ses objectifs futurs, ils restent identiques : les Jeux Olympiques, pourquoi pas en porte-drapeau.
« Le Mondial ? Non, je ne vais pas dire que je m’en fous, mais ma priorité, ce sont les Jeux… Porter le drapeau, c’est un truc à faire dans une carrière. Si mon corps me le permet, je voudrais aller jusqu’aux JO de Rio de Janeiro, en 2016. Il y aussi l’Euro en France (et en Allemagne) en 2015 auquel je veux prendre part. J’aurai alors trente-quatre ans. Finir dans mon pays, ce serait une belle manière de boucler la boucle ».
Quant aux entraîneurs qu’il a connus, Tony Parker confie tout son respect pour Gregg Popovich, Vincent Collet ou encore Pierre Vincent.
« Il n’y en a pas un au-dessus des autres. Par contre, le plus mauvais, je peux te le dire, c’est Michel Gomez. Tu peux l’écrire en gros. Je n’ai jamais vu ça… »