La Draft 2025 restera sans doute comme celle de Cooper Flagg. Mais il n’y en a pas eu que pour la superstar de Duke et nouvel étendard des Mavericks.
Mercredi et jeudi, une nouvelle promotion de joueurs NBA a débarqué, avec son lot d’attentes et de surprises. Six joueurs français ont été appelés par Adam Silver et Mark Tatum, un record qui fait suite aux deux “first picks” de Victor Wembanyama et Zaccharie Risacher. Voici ce qu’il faut retenir de ce millésime 2025.
Le pick “surprise” : Ace Bailey (Jazz / 5e choix)
Mais quelle mouche a piqué Ace Bailey ? Un temps potentiel concurrent de Cooper Flagg pour être le numéro un de cette édition, l’ailier américain avait déjà reculé derrière son coéquipier à Rutgers, Dylan Harper, durant la saison. Entre entraînements annulés et absence totale de communication, la stratégie de l’ailier et de son camp a fait sérieusement chuter sa cote. Mais pas assez pour qu’il arrive à ses fins puisque le Jazz n’a pas laissé passer l’occasion de le récupérer en 5e place, alors que le joueur semblait vouloir rejoindre une équipe plus bas dans cette Draft comme les Wizards en sixième place.
Tant mieux pour Utah, qui met la main sur un joueur au talent évident comme le Jazz n’espérait sans doute pas pouvoir en obtenir à cette place, tant pis pour Ace Bailey, qui va débuter sa carrière avec une image déjà écornée.
Le pick “audacieux” : Egor Demin (Nets / 8e choix)
Il y a un peu plus d’un mois, nous placions Egor Demin à la 15e place de notre Mock Draft. Ce sentiment était largement partagé par de nombreux sites spécialisés qui voyaient le Russe en dehors de la “lottery”, ou au mieux en fin de celle-ci. Les Nets ont, eux, vu les choses autrement. Le meneur de BYU, superbe passeur mais attaquant limité par son manque d’adresse extérieure et d’explosivité, est parti avant même la fin du Top 10 à la surprise générale.
Brooklyn avait de nombreuses cartes en main avec cinq choix au premier tour et a choisi de tous les conserver avec comme cibles des joueurs capable de tenir le ballon et le distribuer. Quitte à aller chercher rapidement Egor Demin, dans une Draft où les meneurs n’étaient pas légion…
Et qu’ils ont fréquemment fini chez les Nets avec également Nolan Traoré et Ben Saraf retenus plus tard. “C’est une question de QI basket, et comment ils jouent, des prises de décision très rapides” a expliqué le GM Sean Marks. “On pratique un basket qui se joue en une demi-seconde, vous attrapez la balle et vous prenez une décision.”
Le pick “secret” : Yang Hansen (Blazers / 16e choix)
Question surprise, celle concoctée par les Blazers était de taille. Deux mètres et seize centimètres pour être précis. Portland a pris tout le monde de court en reculant dans la Draft, de la 11e à la 16e place dans un échange avec Memphis, pour sélectionner le Chinois Yang Hansen. Le pivot n’était pas attendu avant le deuxième tour, et plutôt vers le milieu de celui-ci. Mais la franchise de l’Oregon a craqué pour le joueur, et le suivait depuis deux ans, espérant même qu’il se présente dès 2024 à la Draft.
“Son potentiel est très grand” s’est enthousiasmé le GM Joe Cronin, alors que Yang Hansen est parfois comparé à Nikola Jokic. “C’est extrêmement difficile de trouver un jeune joueur de son gabarit avec de telles qualités techniques.“
Le pick “bon plan” : Kasparas Jakucionis (Heat / 20e choix)
Contrairement à Egor Demin ou Yang Hansen, Kasparas Jakucionis a pris une trajectoire inverse, glissant d’un potentiel Top 5 en cours de saison au 20e choix mercredi. Le Lituanien était envisagé encore quelques heures plus tôt dans la “lottery” par son maniement de ballon et sa vision du jeu de haut niveau, en particulier à 1m95.
Mais il est descendu jusqu’à Miami, alors que d’autres postes 1 ont été choisis avant lui comme Nolan Traoré (19e choix par les Nets) ou Walter Clayton Jr (18e choix envoyé au Jazz).
“Nous avions essayé de le faire venir pour un entraînement mais il ne pensait pas être disponible en 20e position ” a expliqué le vice-président des opérations basket et assistant GM du Heat, Adam Simon. “Nous ne pensions pas non plus qu’il puisse être là. Nous voyons un potentiel énorme en Kas’.” L’ancien joueur d’Illinois va pouvoir ajouter de la taille sur la ligne arrière, en rotation de Tyler Herro et Davion Mitchell.
Le pick “émotion” : Danny Wolf (Nets / 27e choix)
Il était l’avant-dernier joueur invité dans la “Green Room” encore assis face au podium. Danny Wolf a dû patienter jusqu’à la fin du premier tour avant d’être sélectionné par les Nets avec le 27e choix.
Ce pick restera comme un des moments forts de la soirée de mercredi par la joie des proches de Wolf. Son grand frère Jake est apparu, fondant en larmes, devant les caméras d’ESPN plusieurs minutes plus tard, emporté par l’émotion. Sa maman Tina a elle aussi laissé couler quelques larmes en lâchant “Oh mon Dieu” au moment où son fils était appelé. Danny Wolf n’en menait pas large non plus, sans doute dans un mélange de satisfaction et de soulagement.
Danny Wolf is selected 27th overall by the @BrooklynNets in the 2025 #NBADraft presented by State Farm!
Watch on ABC & ESPN. pic.twitter.com/7WbeYrAiGR
— NBA (@NBA) June 26, 2025
L’équipe “sage” : les Spurs
San Antonio aurait pu être un des grands animateurs de la Draft. On a imaginé les Spurs un temps dans le coup pour Kevin Durant, avant qu’il ne prenne la direction de Houston. Puis de Giannis Antetokounmpo, dans un deal qui aurait pu intervenir autour de la Draft et de leurs choix 2 et 14. Finalement, la franchise texane n’a pas bougé.
Elle a retenu en toute logique Dylan Harper avec le deuxième choix, avant de jeter son dévolu sur l’ailier d’Arizona Carter Bryant avec le pick 14. Du talent pour gagner immédiatement d’un côté, un prospect qui va avoir besoin d’un peu de temps pour se développer de l’autre, les Eperons ont signé une Draft presque consensuelle. Ce qui ne signifie pas que son été sera de tout repos, ni que Harper et Bryant seront forcément dans l’effectif à la reprise.
L’équipe “active” : les Suns
Avec le départ de Kevin Durant et un cycle terminé en eau de boudin, Phoenix a débuté ses ajustements à vitesse grand V. KD a pris la direction de Houston avant la Draft. Puis le nouveau GM Brian Gregory a multiplié les coups de fils mercredi et jeudi soir pour remodeler son effectif. Les Suns ont récupéré Mark Williams pour devenir leur pivot titulaire, après les expériences Jusuf Nurkic et Nick Richards. Derrière lui dans la rotation, Khaman Maluach a été pris avec le dixième choix, une jolie prise pour celui qui est l’intérieur au plus haut potentiel de cette promotion.
Enfin, deux nouveaux trades avec les Wolves et les Warriors ont permis de monter dans le deuxième tour pour récupérer l’ailier-fort Rasheer Feming, qui aurait très bien pu être sélectionné quelques crans plus tôt, et Koby Brea, artilleur en chef de Kentucky cette saison. Avant même d’entrer officiellement dans la “free agency”, les Suns ont récupéré six joueurs et quatre futurs deuxième tour de draft.
Le trade de la Draft : Pelicans – Hawks autour du 13e choix
Joe Dumars n’a pas tardé à se mettre au boulot. Le nouveau vice-président des Pelicans est allé chercher un deuxième choix de premier tour à la franchise de Louisiane, en récupérant tout d’abord le 23e pick des Pacers (contre un premier tour 2026 qui appartenait à l’origine à Indiana) puis en le transformant en 13e choix dans un nouveau trade avec les Hawks. En plus du meneur Jeremiah Fears avec le 7e choix, New Orleans a attiré Derik Queen (Maryland).
Le choix est audacieux, alors que le pivot est un joueur de grand talent au jeu atypique pour un “big man”. D’autant plus audacieux a été son prix : le choix numéro 23, et un premier tour de Draft 2026 non protégé.
Atlanta s’en est frotté les mains en récupérant Asa Newell, qu’ils envisageaient déjà avec le 13e choix. Et si la saison des Pelicans venait à dérailler de nouveau, le pick supplémentaire offert pourrait avoir une très, très grande valeur. “NOLA” n’aura pas vraiment le droit à l’erreur sous peine de craindre le scénario d’avoir lâché un possible “first pick” pour monter de seulement dix places, en fin de “lottery”…
Le record : 18 freshmen au premier tour
Outre le record du contingent français, une autre marque est tombée durant cette Draft 2025. Jamais 18 joueurs ayant disputé une seule saison NCAA n’avaient été retenus dès le premier tour. Les huit premiers choix mercredi étaient tous “freshmen”, de Cooper Flagg à Egor Demin. Et même neuf dans le Top 10 avec Khaman Maluach pris en dixième position. Avec la disparition de la G-League Ignite et une promotion plus faible du programme Next Stars du championnat australien (trois joueurs draftés mais tous à partir du 45e choix), la NCAA a pu retrouver davantage les hauteurs de la Draft avec des joueurs au profil “one-and-done”.
Cela n’a pas été au détriment des joueurs internationaux puisque cette cuvée 2025 est la deuxième plus prolifique avec 24 joueurs internationaux draftés (28 en 2016) dont 16 Européens (18 en 2024), de plus en plus évoluant dans le circuit universitaire états-unien grâce au NIL qui a attiré quelques jeunes talents.