Dans le titre « California », Lauren Mayberry du groupe Chvrches chante « personne ne te dit jamais qu’il y a de la liberté dans l’échec« . On ne sait pas si Alex Sarr est familier avec la formation écossaise, mais il en applique le refrain comme un mantra. L’intérieur français a le champ libre aux Wizards pour apprendre dans la réussite comme dans les erreurs. Et cette orientation sied bien au numéro 2 de la dernière Draft, pas du genre à se laisser déstabiliser par un raté.
À la question sur le pire souvenir de sa jeune carrière NBA, Alex Sarr évoque sa blessure à la cheville qui lui a fait manquer huit matchs en février, comme il l’a expliqué à BeIN Sports. Pas son calvaire en Summer League contre Portland, face auxquels il avait cumulé un 0/15 au tir.
« Quelqu’un d’autre se serait effondré, serait devenu dingue, déprimé, fini, aurait trouvé des excuses ou aurait simplement pris peur » a estimé Olivier Sarr dans un long portait sur son petit frère réalisé par le Washington Post.
« J’essaie simplement de passer à l’action suivante parce qu’il y en a tellement dans un match » rétorque Alex Sarr. « Qui se soucie que tu aies perdu le ballon ? Qui se soucie que tu aies raté ton tir ? Avance et fais juste autre chose. »
De 24.4% à 45.5% à 3-points
Cet état d’esprit est ce qui a protégé le Toulousain du doute, alors qu’il n’avait pas encore joué un match officiel. Ou quand il tournait à un petit 37.6 % au tir, dont 24.4 % à 3-points sur les mois d’octobre et novembre pour ses débuts dans la ligue. « Il comprend que c’est une très bonne chose d’échouer » poursuit Olivier Sarr. « Cela lui donne la possibilité de creuser, et de se concentrer sur comment corriger. »
Et la philosophie porte ses fruits, avec un titre de meilleur rookie du mois de décembre, avec des pourcentages au tir d’un tout autre calibre (46.1% dont 45.5% de loin).
« Les Wizards connaissent ma capacité à shooter » avance Alex Sarr. « Ils disaient en quelque sorte qu’ils pouvaient faire avec quelques ratés, mais qu’au final, ce qui comptait était de me faire répéter mon tir pour que je suis plus à l’aise au fur et à mesure. » Si les pourcentages sont retombés en janvier, comme les plus grands scoreurs, le Français de 19 ans ne se pose pas de question au moment de retenter sa chance.
Un élève studieux et à l’écoute
D’autant que Washington n’a pas seulement la main sur un vrai potentiel, mais aussi sur un bosseur loué partout où il passe. Un étudiant studieux, toujours ouvert aux leçons et appréciations.
Son capitaine la saison passée à Perth, Jesse Wagstaff, explique au Washington Post que le Tricolore le regardait systématiquement droit dans les yeux, hochant de la tête au fil des conseils. Son entraîneur John Rillie l’avait même convoqué au quart de la saison pour recadrer son investissement en défense et au rebond. « La température de la pièce n’avait pas changé » s’est remémoré John Rillie après une discussion constructive.
« Il est comme les autres gars que j’ai côtoyés et qui veulent devenir vraiment bons » résume Brian Keefe, l’entraîneur des Wizards, qui a notamment vu Kevin Durant ou Russell Westbrook éclore durant son temps au Thunder. Ou être assigné au développement des jeunes Kristaps Porzinigis à New York, puis Brandon Ingram aux Lakers. Et Shai Gilgeous-Alexander à son arrivée à OKC. « Ils veulent être coachés, qu’on les pousse. C’est ce que j’ai senti chez lui dès le premier jour. »
Alex Sarr voit les critiques de ses entraîneurs comme un signe de leur intérêt pour lui. Que la confiance est la « capacité de refaire la même chose peu importe le résultat« . Et que le travail sur le parquet comme en vidéo est un moyen d’aborder différemment ces mêmes situations identiques à l’avenir. La patience des Wizards, en totale reconstruction, lui offre ce droit à l’erreur, alors qu’il lui reste encore beaucoup à polir dans son jeu.
Et Alex Sarr donne le change, en témoigne ses quelques 343 tirs auxquels il s’est astreint juste après son 0/15 face aux Blazers en Summer League lors d’un entraînement individuel tard dans la soirée. Ses expériences passées, de l’apprentissage d’une nouvelle langue à 14 ans au moment de rejoindre le Real Madrid, au jeu en Australie au milieu de professionnels aguerris, n’ont fait que renforcer cette conviction que le travail fera tourner la roue.
« C’est pour cela que vous le voyez parfois débuter timidement puis comprendre les choses » a expliqué le GM des Wizards Will Dawkins. « Tout ce temps-là, il est confiance en sa capacité à y arriver, et c’est ce qui est rare. »
Alex Sarr | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2024-25 | WAS | 67 | 27 | 39.4 | 30.8 | 67.9 | 1.9 | 4.6 | 6.5 | 2.4 | 2.2 | 0.7 | 1.7 | 1.5 | 13.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.