À 21 ans, Ousmane Dieng est dans sa troisième saison NBA. Depuis sa Draft en 2022, l’ancien pensionnaire de l’INSEP n’a joué que 98 matchs. Son entraineur, Mark Daigneault, nous a cependant rappelé qu’il reste un projet pour le Thunder et que son évolution est en bonne voie dans une équipe qui possède un effectif chargé.
Avant la défaite du Thunder à Golden State, Basket USA est donc revenu avec Ousmane Dieng sur ses trois saisons à Oklahoma City et la façon dont il aborde sa situation et les opportunités qui se présentent à lui.
Ousmane, le Thunder est souvent mentionné comme une franchise qui sait développer ses jeunes joueurs. Vous êtes dans ce système depuis trois ans, est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi il est aussi efficace ?
Déjà, la franchise est vraiment très bien organisée. Par exemple, quand j’étais en G-League, le coach était là à tous les matchs à domicile, et pour les matchs à l’extérieur il regarde les vidéos. On joue les mêmes systèmes, on a les mêmes principes, tout est pareil. Donc être dans un environnement stable, ça aide beaucoup. C’est l’avantage principal.
« Pendant ma première année, je ne savais pas trop comment l’aborder. Je me demandais si c’était une punition au début et en fait j’ai vite compris que c’était vraiment pour le développement, pour m’améliorer »
Et en quoi vous a-t-il aidé à progresser depuis votre arrivée en NBA ?
Ça m’a beaucoup aidé. Déjà, pouvoir jouer en G-League a été une aubaine parce que ça me permet d’avoir du temps de jeu à mon poste et de gagner de la confiance. Et en NBA, quand j’ai des minutes, pouvoir emmagasiner de l’expérience en plus dans une équipe qui gagne, on est premier à l’Ouest depuis deux saisons, c’est génial. Parce que ça te force à prendre de bonnes habitudes et avoir des objectifs élevés pour pouvoir aider l’équipe.
Ça fait trois saisons que vous faites la navette entre la G-League et la NBA. Vous avez été MVP de la finale (de la ligue de développement) la saison dernière, on pourrait imaginer que mentalement ça peut être compliqué de continuer ainsi. Comment est-ce que vous approchez cette situation ?
Pendant ma première année, je ne savais pas trop comment l’aborder. Je me demandais si c’était une punition au début et en fait j’ai vite compris que c’était vraiment pour le développement, pour m’améliorer. Comme je te le disais, ça me permet d’avoir du temps de jeu avec la balle dans les mains, chose que je ne peux pas forcément avoir quand je joue en NBA. Ça me permet vraiment de me développer et j’attaque ça avec le bon état d’esprit. L’important, c’est de jouer et de profiter de l’opportunité. Du moins, c’est comme ça que je le vois.
Le Thunder a exercé l’option sur votre 4e année de contrat. Avant la rencontre, le coach expliquait qu’il est satisfait de vos progrès mais que la concurrence est rude à votre poste. Est-ce que, par moment, il y a un doute qui s’installe dans votre esprit entre vouloir rester et se faire sa place dans la meilleure équipe de l’Ouest et potentiellement avoir des envies d’ailleurs, dans une équipe moins forte où il serait plus simple d’avoir du temps de jeu ?
Oui, je vois ce que tu veux dire, mais je pense que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. C’est dur de savoir à quoi ressemblerait ma situation si j’étais dans une autre équipe. Mais je pense que si je continue à travailler dur, à me développer, à progresser, ça va finir par arriver. Comme je le disais, j’essaie de saisir toutes les opportunités qui me sont données. Je pense que ce que je veux arrivera à un moment donné donc je le vois plutôt comme ça.
À quel point c’est utile pour vous de faire face à Gilgeous-Alexander, à Jalen Williams, à Lu Dort… tous les jours ?
Bien sûr, bien sûr, ça aide beaucoup de jouer tous les jours face à eux, mais même simplement de voir et de côtoyer des joueurs de ce niveau tous les jours. Donc c’est aussi un des points positifs d’être dans une équipe qui vise le titre, parce que tu peux apprendre et t’améliorer dans un environnement de haut niveau avec des aspirations de champion.
« On a déjà beaucoup de bons défenseurs dans l’équipe. Et puis, collectivement on travaille énormément sur notre défense depuis le training camp et encore maintenant. Tous les joueurs sont impliqués »
Vous parliez de Mark Daigneault en début d’interview, quel genre de coach est-il au quotidien ?
Tu sens qu’il aime beaucoup ce qu’il fait. Il est très investi. Bon après, je n’ai pas connu beaucoup de coachs en NBA mais on voit qu’il est unique dans son style et dans son approche, et c’est pour ça qu’il a gagné des trophées de coach du mois et qu’il est candidat au titre de coach de l’année. On voit qu’il est passionné, qu’il aime son travail, et qu’il a confiance en ses joueurs. Ça donne envie de jouer pour lui parce qu’on sait qu’il veut que chacun réussisse.
Vous avez la meilleure défense de la ligue, qu’est-ce qui rend votre défense si forte, malgré la perte de Chet Holmgren en début de saison ?
On a déjà beaucoup de bons défenseurs dans l’équipe. Et puis, collectivement on travaille énormément sur notre défense depuis le training camp et encore maintenant. Tous les joueurs sont impliqués, et je pense que c’est ça qui fait la différence. Tout le monde tire dans le même sens.
J’imagine que c’est plus facile à faire quand Shai Gilgeous-Alexander, Jalen Williams font les efforts qu’il faut en défense…
C’est ça, c’est ça. Et quand tu vois les meilleurs joueurs se donner comme ils le font en défense, tout le monde suit.
Vous côtoyez Shai Gilgeous-Alexander depuis trois saisons. Comment pouvez-vous décrire son évolution ? Il était déjà fort quand vous êtes arrivé mais maintenant c’est devenu l’un des meilleurs joueurs de la ligue. Est-ce qu’il a changé depuis que vous êtes là ?
Non, il reste le même. C’est un très gros travailleur. C’est toujours le dernier à partir de la salle. Très gros travailleur, très bon joueur c’est indéniable, il met 30 points à chaque match, peu importe les défenses. Je pense que c’est aussi un bon leader. Il n’est pas forcément un leader vocal, mais il essaie toujours de montrer l’exemple pour tout le monde. Il est abordable, il inclut tout le monde et ça donne le ton pour le reste de l’équipe.
Vous perdez en demi-finale de conférence la saison dernière, qu’est-ce que le groupe a tiré de cette expérience douloureuse pour cette saison ?
L’équipe a changé aussi un peu avec les arrivées d’Isaiah et d’Alex. Mais je pense qu’on a vraiment appris que tous les détails comptent pendant toute la saison, même quand on joue contre des équipes qui sont un peu moins fortes. Il faut faire attention aux détails pour construire des bonnes habitudes parce que ce sont ces détails qui vont revenir te hanter en fin de saison et en playoffs. Je pense qu’on a beaucoup appris de cette élimination et, cette saison, vous voyez la différence.
« On est premiers à l’Ouest donc ce serait logique (que Jalen Williams soit All-Star). Et puis, je pense qu’on devrait aussi plus prendre en compte ce que les joueurs font en défense. »
Les remplaçants pour le All-Star Game sont annoncés demain, pensez-vous que Jalen Williams mérite d’être sélectionné ?
Bien sûr ! C’est sa troisième année comme moi, et ce qui fait tous les soirs, c’est fort ! Il a même joué plein de fois au poste 5 alors que ce n’est pas du tout son poste. Oui, je pense qu’il devrait être All-Star.
Vous pensez qu’il faut récompenser les joueurs qui sont dans des équipes du haut tableau plutôt que de se focaliser uniquement sur les statistiques individuelles ?
C’est ça. On est premiers à l’Ouest, premiers de la ligue même (avant le match) donc ce serait logique. Et puis, je pense qu’on devrait aussi plus prendre en compte ce que les joueurs font en défense.
Pour terminer, parlons de l’Equipe de France, vous étiez dans le groupe l’été dernier avant les Jeux Olympiques. C’était seulement pour une courte durée, mais qu’est-ce que vous gardez de cette expérience ?
Malheureusement, je n’ai pas pu m’entrainer donc je n’ai rien pu montrer mais être au contact des autres joueurs, pouvoir échanger avec eux, et leur parler était une bonne expérience. Donc c’est déjà ça.
Avez-vous eu déjà l’occasion de discuter avec Fred Fauthoux depuis sa nomination à la tête de l’équipe de France ?
Pas encore, non. Pas encore.
Est-ce que l’Euro 2025 est un objectif pour vous ?
J’espère, j’espère. Si je suis appelé, j’irais mais, pour l’instant, mon objectif principal c’est de continuer à progresser pour m’installer durablement en NBA.
Propos recueillis à San Francisco.
Ousmane Dieng | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2022-23 | OKC | 39 | 15 | 42.0 | 26.5 | 65.2 | 0.5 | 2.2 | 2.7 | 1.2 | 1.1 | 0.4 | 0.7 | 0.2 | 4.9 |
2023-24 | OKC | 33 | 11 | 42.2 | 30.0 | 87.5 | 0.3 | 1.2 | 1.5 | 1.1 | 0.7 | 0.2 | 0.6 | 0.2 | 4.0 |
2024-25 | OKC | 29 | 11 | 40.4 | 28.8 | 68.8 | 0.5 | 1.8 | 2.3 | 0.9 | 0.9 | 0.5 | 0.5 | 0.2 | 3.9 |
Total | 101 | 13 | 41.6 | 28.2 | 72.7 | 0.4 | 1.8 | 2.2 | 1.1 | 0.9 | 0.4 | 0.6 | 0.2 | 4.3 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.