Chef de meute de la défense des Wolves, Rudy Gobert entame sa 12e saison en NBA. Élu meilleur défenseur de l’année (DPOY) pour la quatrième fois au printemps dernier, le pivot des Bleus entend continuer d’être « le défenseur le plus impactant au monde » avec l’une des meilleurs équipes de NBA, récente finaliste de la conférence Ouest et première défense de saison régulière l’an dernier.
« C’est le joueur le plus fort mentalement que je n’ai jamais entraîné », soulignait son entraîneur Chris Finch, après leur victoire contre les Nuggets, le 1er novembre. « Il est solide dans sa tête car quand les journalistes, les équipes adverses et les fans s’en prennent lui, il prend la situation comme un défi. Il ne recule pas, il est fougueux et il est prêt à mettre son corps en jeu pour nous. »
Après la défaite de Minnesota en back to back à San Antonio, Rudy Gobert s’est confié à quelques médias français, dont Basket USA.
Pour la première fois de votre carrière, vous avez fait équipe avec Victor Wembanyama lors des derniers Jeux olympiques conclus par une médaille d’argent. Qu’en retenez-vous ?
C’était super de pouvoir passer autant de temps avec lui. Il y a beaucoup de petits détails sur lesquels on a pu échanger. Le plus important, c’est qu’il réalise que c’est bel et bien un joueur intimidant. Mais il faut qu’il arrive à gérer la distance avec son vis-à-vis, car s’il se jette sur son adversaire, il avantage son attaquant alors que quand il lui fait face (et qu’il est sur ses appuis), ce n’est pas facile de marquer contre lui.
Être capable d’avoir un certain niveau de maturité en défense demande de la patience, de l’observation et de l’expérience. Car quand on est jeune, on n’a pas forcément la notion de tout ce qu’il se passe sur le terrain. Il a vraiment bien évolué et progressé sur cet aspect du jeu la saison dernière. Une fois qu’il aura totalement intégré cette dimension-là du jeu, ce sera très dur de le stopper.
A-t-il réussi à vous surprendre ?
Je n’ai pas découvert un autre Victor Wembanyama pendant les Jeux olympiques mais cette compétition lui a permis d’apprendre énormément. Notamment le jeu FIBA, car les espaces sont moindres et les arbitres laissent un peu plus de contact, surtout loin du ballon. Ces JO, ça l’a « challengé » et ça l’a rendu meilleur. Il est encore très jeune mais on voit d’ores et déjà qu’il est capable de mieux supporter les contacts et de jouer contre tout type de physique.
« Le jour où Victor gagnera son premier DPOY, je serai son premier supporter mais pour l’instant, je suis encore là »
Existe-t-il une petite rivalité avec Wemby pour le titre de défenseur de l’année ?
Non car sinon, je ne lui donnerai pas de conseils… Je vais me battre pour aider mon équipe afin d’être le défenseur le plus impactant du monde. Je lui souhaite tout le meilleur et je vais continuer d’être un grand frère pour lui car le succès de Victor, c’est comme si c’était mon succès. Je veux le voir accomplir des choses que je n’ai pas pu accomplir et lui donner tout ce que je peux lui donner.
En fin de saison dernière, Victor Wembanyama disait justement qu’il était temps pour vous de gagner un 4e trophée de meilleur défenseur car le prochain serait pour lui… Mais on imagine que vous n’avez pas dit votre dernier mot ?
Le jour où Victor gagnera son premier trophée de « Defensive Player Of The Year », je serai son premier supporter mais pour l’instant, je suis encore là. Je sais que Victor arrive (sourire), et il n’a que 20 ans (il aura 21 ans, le 4 janvier)… On assiste déjà à son ascension mais j’ai hâte de voir son apogée. Ce trophée se retrouvera dans ses mains tôt ou tard. Mais attention, c’est très dur de le gagner : défendre dans cette ligue, c’est ce qu’il y a de plus compliqué en raison des talents individuels de chacun et des règles (qui avantagent les attaquants).
« Être papa, c’est mon travail n°1 »
Quelle est votre philosophie défensive ?
Le basket, c’est un sport collectif mais le meilleur défenseur au monde, c’est celui qui a le plus d’impact sur l’équipe adverse. Il ne doit pas seulement être capable de stopper un joueur mais de faire en sorte que toute l’équipe adverse soit contrainte de s’adapter à son jeu. C’est ce qu’un certain nombre de personnes ont du mal à comprendre, surtout à l’ère des réseaux sociaux où beaucoup sont concentrés sur des actions marquantes mais pas sur la globalité. C’est parfois ennuyeux. Tu peux faire 99% de bonnes défenses mais tu vas te faire dunker dessus une fois et c’est ce que les gens vont voir.
Vous êtes devenu papa d’un petit garçon en fin de saison dernière. Qu’est-ce que la paternité a changé dans votre vie ?
Ça change tout ! J’ai toujours rêvé d’être père, c’est incroyable. Être papa, être le meilleur exemple et guide pour l’aider à devenir une bonne personne, c’est mon travail n°1. Ce sont de nouveaux challenges, ça demande un temps d’adaptation. Avec le métier que je fais, j’ai la chance d’avoir une femme incroyable et j’en ai besoin. Quand tu fais un match de merde comme ce soir et que tu rentres à la maison, que tu vois ton fils qui ne comprend rien au basket et qui est juste content de voir son père, tu relativises. Même si ma vie tourne toujours un peu autour du basket, il y a des choses bien plus importantes que le sport.
De notre correspondant à San Antonio (États-Unis).