Dan Hurley sera-t-il le prochain coach des Lakers ? C’est visiblement ce que souhaite la franchise de Los Angeles, consciente que la NBA est en pleine mutation avec le nouvel accord collectif, qui rend les réunions de stars très compliquées à organiser et surtout à maintenir sur la durée. Il va donc falloir bien drafter, et bien développer.
Recruter le technicien de Connecticut, double champion universitaire en titre, dans cette logique a du sens, même si les univers NCAA et NBA sont très différents, et que les transitions entre les deux sont délicates.
Réussir en NCAA puis en NBA est très compliqué
Beaucoup de coachs NCAA se sont ainsi cassé les dents dans la Grande Ligue, de Rick Pitino à John Calipari en passant par PJ Carlesimo, John Beilein, Fred Hoiberg ou Lon Kruger. Dans l’histoire, seul Larry Brown a remporté à la fois un titre NCAA (Kansas Jayhawks, 1988) et NBA (Detroit Pistons, 2004) comme coach. Car même ceux qui n’ont pas trop mal réussi leur transition (Brad Stevens, Billy Donovan) n’ont jamais décroché le Graal professionnel.
Il faut d’ailleurs rappeler qu’en 2004, les Lakers avaient déjà tenté de récupérer un grand coach universitaire. Il s’agissait alors de Mike Krzyzewski, le coach de Duke, à qui Los Angeles avait offert un pont d’or : 40 millions de dollars sur cinq ans, une somme énorme pour un entraîneur il y a vingt ans. Mais Coach K avait refusé.
« Votre cœur doit être là où vous devez diriger » avait-il expliqué à l’époque sur les raisons de son choix de rester à la tête des Blue Devils. « Cette décision est devenue un peu plus facile à prendre quand il est apparu qu’il fallait suivre son cœur et diriger avec lui. Et Duke a toujours occupé tout mon cœur. »
Mike Krzyzewski était pourtant la priorité du GM des Lakers de l’époque, Mitch Kupchak, pour prendre la suite de Phil Jackson, qui avait quitté le navire quelques jours après la défaite en Finals face à Detroit.
« Nous sommes déçus car nous aurions aimé faire venir Coach Krzyzewski à Los Angeles », lâchait le dirigeant, qui s’apprêtait à échanger Shaquille O’Neal à Miami quelques jours plus tard, pour laisser les clés de la franchise à Kobe Bryant. « Nous pensions qu’il aurait été un formidable entraîneur. »
Pas de regrets
Le « Black Mamba » avait lui aussi fait le forcing pour que Coach K prenne le poste, mais ce dernier va donc finalement choisir de rester à Duke, pour gagner deux titres universitaires de plus (2010 et 2015 après deux de 1991, 1992 et 2001). Une décision qu’il assure n’avoir jamais regrettée.
« J’avais 57 ans, et je me suis demandé s’il y avait encore des choses à découvrir, alors que j’adorais pourtant ce que je faisais et que j’adorais Duke. Je ne me voyais pas faire ça pour toujours, et je connaissais Kobe. Ils sont venus chez moi et proposaient beaucoup d’argent. On construisait l’Emily Krzyzewski Center à cette époque et ils ont proposé de couvrir les frais de construction pour le finir. Quand ils ont quitté la maison, je me suis rendu compte que c’était une question générationnelle. On a tous besoin de gens qui croient en nous dans la vie. Et le gars qui m’a engagé ici, Tom Butters, qui est décédé depuis, a cru en moi à trois reprises, trois fois à des moments critiques. Il n’était plus mon supérieur mais je l’ai appelé, 25 ans après mon arrivée. Je lui ai dit : ‘Tom, quand tu m’as engagé, tu m’a payé 40 000 dollars’, et pour être franc, j’ai accepté le job sans savoir combien j’allais prendre, mais c’est une autre histoire. À l’époque, au niveau financier, ça représentait beaucoup d’argent, mais on m’offrait 40 millions de dollars. Donc je lui dis : ‘Tom, 40 000 dollars, 40 millions, qu’est ce que tu en penses ?’. Il m’a répondu : ‘Je crois que tu devrais me donner un pourcentage de 10%’. Je lui ai dit que c’était un imbécile en rigolant. Mais je ne pouvais pas le faire. J’aime trop Duke. L’ironie de l’histoire, c’est que deux ans plus tard, Jerry Colangelo m’a demander de coacher l’équipe nationale américaine. J’ai accepté et j’ai adoré. On a gagné trois médailles d’or aux Jeux olympiques, deux championnats du monde et aussi deux championnats universitaires. C’était intéressant à l’époque, mais je suis content de ne pas l’avoir fait » expliquait-il ainsi il y a quelques années.
Finalement, et un peu par défaut, c’est Rudy Tomjanovich qui avait hérité du poste… le quittant en cours de saison, officiellement pour des raisons de santé. De quoi permettre à Phil Jackson de le récupérer l’année suivante.