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Des salles d’audience aux salles NBA, comment Adam Silver a pris le pouvoir

NBA – Le « commissioner », qui vient de fêter ses 10 ans à ce poste, doit sa trajectoire de carrière à une rencontre clé : celle avec son mentor David Stern.

Adam SilverLe visage est à la hauteur du moment : grave. Depuis son pupitre, il démarre sa déclaration, ternie par de légers balbutiements. Pas encore parfaitement rodé à l’exercice, l’homme aux lunettes rondes poursuit à sa prise de parole avec la conviction d’un homme ayant conscience d’être attendu. À chaque fois qu’il décolle les yeux de son écrit, griffonné jusque dans les derniers instants qui ont procédé son apparition, une armée de cliquetis se fait entendre. Le son des dizaines de photographes au travail.

Adam Silver relève alors la tête une nouvelle fois. Et envoie ces mots qui feront l’histoire : « En conséquence, avec effet immédiat, je bannis à vie M. Sterling de toute collaboration avec l’organisation des Clippers ou la NBA. » La sanction, complétée par une amende de 2,5 millions de dollars, est un coup de tonnerre comparable à celui provoqué par les propos racistes du propriétaire de la franchise californienne.

« Je n’ai pris conscience de la portée du moment que lorsque je suis rentré au bureau. Je ne réalisais pas qu’autant de gens aient regardé en direct lorsque je l’ai fait », confiera quelques mois plus tard le dirigeant. En cette fin avril 2014, celui-ci vient de réussir son baptême du feu. L’affaire Sterling qui lui a éclaté au visage dès son arrivée aura au moins eu ce mérite : le successeur de David Stern, officiellement en poste depuis le 1er février, est désormais connu de tous.

Vingt-deux ans de collaboration

La NBA a un nouveau visage, moins rond et plus austère que celui, arrivé à son poste au moment où Michael Jordan faisait ses premiers pas en NBA, qui a mené la grande ligue sur la voie de la globalisation. La marche est haute donc, mais David Stern sait très bien ce qu’il fait : « Cela fait 22 ans que nous travaillons en étroite collaboration. Je lui donne des conseils et il m’en donne aussi depuis plus de vingt ans. Cela dépendait des propriétaires, mais je pensais qu’il était le successeur logique », lâche-t-il à l’époque.

Leur rencontre a été clé dans l’ascension d’Adam Silver au sommet d’une ligue qu’il répète n’avoir jamais imaginé intégrer, et encore moins atteindre le sommet. Le futur dirigeant est né en 1962 à Rye, une banlieue huppée de New York qui compte parmi ses 15 000 habitants de riches cadres d’entreprise et des banquiers d’investissement. Le père de Silver, Ed, est l’un des plus éminents avocats spécialisés dans le droit du travail à New York. Sa mère, Melba, est enseignante et très active localement.

Au lycée de Rye, c’est un élève brillant, délégué de classe, membre de l’équipe de cross-country et rédacteur en chef du journal. Le jeune homme est décrit comme un « enfant cosmopolite » qui pose ses premiers pieds dans le monde du basket très tôt. « Mes parents ont divorcé quand j’étais jeune, et mon père vivait en ville. L’une des activités que je faisais avec mon père était d’aller voir les matchs des Knicks. Suivre les Knicks faisait partie de l’ADN de ma famille », se souvient Silver qui a notamment encouragé l’équipe championne de 1970 et même porté les baskets de Walt Frazier.

Des idéaux de justice et d’égalité

Mais avant d’être complétement aspiré, le petit Adam semble marcher sur les pas de son père. En 1984, il est diplômé en sciences politiques à l’université Duke, puis il enchaîne avec un diplôme en droit de l’université de Chicago. Là-bas, l’avocat en devenir, assistant d’un juge fédéral et collaborateur d’un membre du Congrès de l’Oregon, s’investit notamment auprès de victimes de discrimination en matière de logement ou d’emploi qui n’avaient pas les moyens de s’offrir les services d’un conseil privé.

« Il avait tendance à s’éloigner du monde de l’entreprise. Il croyait en des idéaux plus larges de justice et d’égalité, et c’était un moyen pour lui d’avoir un impact », se souvient Michael Alter, un ancien camarade de classe aujourd’hui propriétaire du Chicago Sky. Selon ce dernier, Adam Silver n’essaie pas de se « distinguer » des autres, mais plutôt de s’y adapter : « C’est un homme de relations. Il comprend et privilégie les relations à long terme. »Adam Silver

Sur le long terme justement, il ne s’imagine pas faire autre chose que de plaider sur les bancs de la justice. « J’ai fait des études de droit en pensant que j’allais pratiquer le droit toute ma vie. Ce n’était pas un simple diplôme ou quelque chose que je pensais utile pour entamer une carrière sportive. À l’époque, je ne pensais pas travailler dans l’industrie du sport. Internet n’existait pas, vous ne pouviez pas chercher sur Google ou sur NBA.com les opportunités de carrière », rappellera-t-il des années plus tard.

Il pleure en voyant Magic Johnson

En 1992, associé à un cabinet – Cravath, Swaine & Moore, bien connu à Wall Street – pour lequel il travaille 110 heures par semaine, sur des affaires dont il sait qu’elles ne feront jamais l’objet d’un procès, il doit enregistrer le All-Star Game sur son magnétoscope. Avant de pouvoir voir, « les larmes aux yeux », Magic Johnson faire le show. Cette carrière qui se trace, il veut la faire évoluer. Fasciné par le business médiatique, il décide de contacter, parmi de « nombreux » autres dirigeants, d’un ancien associé de son père chez Proskauer Rose, l’un des cabinets d’avocats les plus influents du pays : le patron de la grande ligue, David Stern.

« Je ne pensais pas particulièrement au sport, mais je lui ai écrit une lettre pour lui demander s’il avait des conseils à me donner. » Quelques mois plus tard, il décroche un entretien. « Pendant une demi-heure, il m’a donné quelques conseils que je n’ai pas suivis ! » Mais le « commissioner » est à la recherche d’un « avocat qui ne souhaite plus nécessairement pratiquer le droit ». Après d’autres entretiens, banco, le recrutement est acté : il devient son bras droit. Fasciné par le jeune homme, David Stern dira avoir eu le sentiment « d’avoir kidnappé Adam pour la NBA alors qu’il se dirigeait vers une carrière juridique ». Aux côtés de ce gros bosseur, aux qualités relationnelles innées, Adam Silver a la chance de devenir « en quelque sorte son ombre ».

Une « ombre » active dans plus d’un dossier : intégration des sites web des franchises, en 1995, lancement d’un réseau câblé pour la ligue, en 1999, négociation d’un nouvel accord télévisuel, internationalisation… « J’ai toujours trouvé que si vous êtes attentif et disposé à écouter et à observer les autres, vous pouvez en tirer des enseignements. Et il n’y a rien de mal à cela. », formule Silver en faisant référence à Robert Iger, le boss Walt Disney, ou Kenneth Chenault à la tête d’American Express.

Désigné à l’unanimité

Il ajoute : « Il n’est pas nécessaire que tout soit original. Je pense qu’il y a des analogies avec les joueurs de basket qui grandissent en regardant sans cesse les beaux gestes d’autres joueurs ou même les jeunes joueurs qui arrivent dans la ligue imitent ce qu’ils voient de la part des vétérans. » Au contact des plus grands plus dirigeants du pays, il se fait sa place, gagne en expertise et fait parler sa personnalité rassembleuse.

Si bien qu’au moment de désigner, en 2012, un successeur à David Stern, son nom fait l’unanimité parmi les propriétaires. Mark Cuban parle à l’époque de lui comme quelqu’un de « très ouvert d’esprit ». « Un gars sympa, un bon gars », complète David Stern. « Il sera probablement toujours la personne la plus agréable dans la pièce. Ce n’est sûrement pas si typique que ça. C’est manifestement l’un des grands acteurs du sport », encense Michael Reinsdorf, le président des Bulls.

Adam Silver

Qui ajoute : « Nous savions qu’Adam avait refusé de très bonnes opportunités en dehors de la NBA. Nous savions que nous avions une perle rare et nous n’allions pas la laisser nous échapper. » Pourquoi ce père de deux enfants, plutôt discret dans les médias en-dehors de ses prises de parole de son fait, plaît-il autant ? « Il traite tout le monde de la même façon. S’il vous rencontre, il vous parlera. Il vous regardera dans les yeux. Il ne cherche pas à se dérober à la conversation. »

Adam Silver bientôt prolongé jusqu’en 2030

Adam Silver sera la cinquième « commissionner » de l’histoire de la ligue, un poste dont il pensait, à l’époque où il était encore à l’école de droit, qu’il s’agissait simplement de « distribuer des bagues et d’établir le calendrier ». En février 2014 au moment du All-Star Game de La Nouvelle-Orléans, quelques jours après son arrivée, il tient sa première conférence de presse. Seul. Sans avoir à s’asseoir à côté de « [s]on ami de longue date, de [s]on mentor et de [s]on patron, David Stern », ce qui lui donne un sentiment étrange.

Désormais seul après une période de transition aux commandes de l’une des ligues les plus puissantes de la planète, il n’a pas le temps de tergiverser. À lui d’imprimer son style, de répondre aux affaires du championnat et de « réformer » en conséquence. Dix ans plus tard, Adam Silver est toujours là et pour encore quelques années, et la ligue ne s’est jamais aussi bien portée. Ce n’est pas lui qui plaidera le contraire.

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