Après leur défaite sur le parquet des Dallas Wings, les joueuses du Phoenix Mercury se préparaient à prendre un vol en direction d’Indianapolis, lieu de leur prochaine rencontre. C’est à ce moment-là qu’elles ont été prises à partie par un membre de Blaze TV, média ultra conservateur qui visait particulièrement Brittney Griner.
Le provocateur exigeait carrément des excuses de la part de la joueuse du Mercury pour ses prises de positions sur les États-Unis par le passé : « Détestes-tu toujours autant les États-Unis, Brittney ? » lui a-t-il répété à plusieurs reprises, en la poursuivant sur plusieurs mètres.
Libérée en décembre dernier dans le cadre d’un échange de prisonniers, après avoir passé près de 300 jours en détention en Russie, Brittney Griner a reçu le soutien des joueuses, de sa franchise mais aussi de la WNBA.
Dans un communiqué, la ligue affirme qu’elle enquête sur l’incident survenu à l’aéroport de Dallas avec une « figure des réseaux sociaux » dont les « actions étaient inappropriées et regrettables« . « La sécurité de Brittney Griner et de toutes les joueuses de la WNBA est notre priorité absolue » rappelle la ligue.
Enfin des vols privés pour les franchises WNBA ?
Cet incident rouvre le débat sur les vols privés en WNBA. Pour rappel, les équipes WNBA prennent des vols commerciaux pendant la saison régulière depuis la création de la ligue en 1997. La raison ? La ligue ne veut pas désavantager les franchises qui n’ont pas les moyens de s’offrir des vols privés sur une saison entière.
« Les règles de la ligue stipulent que je ne peux pas parler des déplacements, mais je peux parler de la sécurité. Nous veillerons donc à ce que nos joueuses, notre franchise et notre personnel soient en sécurité » a souligné Vanessa Nygaard, coach du Mercury. « Nous allons procéder à des ajustements qui auraient peut-être dû être faits avant, mais pour l’instant, nous allons donner la priorité à la sécurité de nos joueuses, et nous avons vu que notre franchise nous soutenait ».
Avant cette saison, la ligue avait simplement accepté les vols spéciaux pour les équipes en back-to-back. Mais chez les joueuses, on souhaite que ce soit généralisé.
« Je ne vais pas mentir, cela m’a mise en colère » avoue Emma Cannon, joueuse du Fever, l’une des meilleures amies de Brittney Griner. « J’ai vu le petit extrait et c’est bouleversant. En tant que ligue, nous méritons d’être traitées tels que nous sommes. Les joueuses de la WNBA, les 144 joueuses, devraient voyager en vols privés ».
Un coût de 20 millions de dollars
Par le passé, le New York Liberty de Joe Tsai avait notamment été condamné à une amende de 500 000 dollars pour avoir affrété des vols pour des matchs à l’extérieur pendant la saison 2021.
« C’est vraiment malheureux, ce qu’il s’est passé, je déteste vraiment ça » a ajouté Christie Sides, coach du Fever. « C’est une question de convention collective, quand la ligue changera d’avis et que nous serons en mesure d’obtenir ces vols affrétés, alors ce sera génial. J’espère que ce sera le plus tôt possible, mais tout dépend de la ligue ».
Patronne de la WNBA, Cathy Engelbert, avait déjà déclaré par le passé que ce n’était tout simplement pas envisageable pour l’instant sans sponsors ou fonds nécessaires pour compenser les coûts. Elle avait estimé qu’il en coûterait plus de 20 millions de dollars pour les déplacements des 12 équipes pendant toute la saison. Est-ce que l’incident dont a été victime Brittney Griner sera l’élément déclencheur ? Quoi qu’il en soit, cela n’a pas empêché la joueuse de marquer 29 points pour conduire le Mercury à la victoire sur le parquet du Fever.
En réponse à l’incident, visiblement envisagé, la WNBA a aussi expliqué que Brittney Griner avait obtenu l’autorisation de prendre des vols privés pendant toute la campagne. Mais Lindsay Kagawa Colas, qui représente la joueuse, explique que c’est inexact et que le plan était plutôt un mélange entre vols privés et commerciaux.
« Elles étaient là et ont été harcelés dans le terminal de l’aéroport à cause d’un plan de la ligue qui comprenait un mélange de vols privés et un nombre restreint de vols commerciaux avec des protocoles de sécurité qui n’ont pas fonctionné » explique l’agent, qui appelle la ligue à lever les restrictions et à laisser les propriétaires proposer des vols privés « jusqu’à ce que l’économie de la ligue permette d’imposer des vols privés à l’ensemble de la ligue ».