C’est le genre de coup de fil qui change une vie. Celle de Guillaume Alquier a basculé l’été dernier, quand Bouna Ndiaye, l’un des agents (avec Jeremy Medjana) de Victor Wembanyama, l’a contacté avec une proposition qui se refuse difficilement. « Bouna est venu me voir et m’a demandé si je voulais bosser avec Victor. Après ça, la décision était prise. »
Il devenait ainsi le préparateur physique particulier de l’un des joueurs les plus attendus de l’histoire de la NBA. Avec une principale mission : que le géant de 19 ans se présente à la Draft, où la première place appartenant aux Spurs lui tend les bras, dans les meilleures dispositions physiques possibles.
Un défi de taille, dans tous les sens du terme, pour cet homme de 30 ans qui a grandi à Pau et fait ses classes dans la préparation physique au club local de Pau-Orthez à partir de 2015. Au fil des ans, Guillaume Alquier a établi une solide relation avec l’agent de la pépite, ayant travaillé en étroite collaboration avec des clients de l’agence Comsport, notamment Petr Cornelie, sélectionné à la 53e position de la Draft 2016.
L’Euroleague en moins
Direction Boulogne-Levallois où le Français disputera sa dernière saison dans le championnat français avant son départ américain. Actuellement à la lutte en playoffs face à son ancien club de l’Asvel, les Mets 92 ne disputaient pas l’Euroleague. Une compétition en moins synonyme de moins de matchs, moins de déplacements et plus de temps d’entraînement mais aussi de repos.
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« La saison précédente a été difficile pour Victor parce qu’il y avait beaucoup de déplacements, beaucoup de matchs, on est tout le temps sur la route. Donc c’est donc difficile de se développer, d’être bon sur le terrain et de récupérer. Pour moi, cette année a été optimale, parce que tu as un match par semaine, un jour de repos après le match, et après, tu bosses cinq jours pendant la semaine. On élimine donc une grande partie du stress », juge Guillaume Alquier (dont la demande d’interview par BasketUSA n’a pas abouti), à qui ESPN consacre un long article.
Ce qui n’a pas empêché Victor Wembanyama de tout de même prendre part à 57 rencontres au cours de la saison, toutes compétitions confondues depuis le mois de septembre, sans en manquer une seule.
Compte tenu des trois blessures subies par le joueur un an plus tôt avec l’Asvel (dos, épaule et une fracture du doigt), son arrivée à Boulogne couplée aux méthodes de Guillaume Alquier « se sont avérés bénéfiques » juge ESPN, en rappelant toutefois qu’un calendrier à 82 matchs, avec quantité de déplacements, sera bien plus exigeant.
Des pieds solides
Concrètement, lors d’un jour « off » typique, les deux hommes commencent à travailler 90 minutes avant l’entraînement de Mets 92, avec une routine d’échauffement. Adoptant une approche holistique, le préparateur accorde notamment beaucoup d’importance à la coordination main-œil, en variant le type d’exercice et leur intensité. « Son corps n’est pas fini, donc la partie principale de mon travail est de m’y adapter », note le spécialiste, qui a déjà demandé à son joueur de jongler avant un match avec des balles de tennis.
Victor Wembanyama juggling tennis balls pic.twitter.com/hJn8xyVyla
— Ben Golliver (@BenGolliver) October 6, 2022
Guillaume Alquier préfère qu’une grande partie du travail physique se fasse pieds nus, en se concentrant sur le renforcement des pieds de Victor Wembanyama, afin d’améliorer la stabilité à l’atterrissage et au décollage (et éviter ce qu’a subi Chet Holmgren l’été dernier par exemple…). « Si votre pied est solide, normalement tout ce qui est lié est solide aussi. Lorsque vous atterrissez au sol, c’est d’abord sur le pied. S’il n’est pas solide, il est difficile d’atterrir et, ensuite, de produire de la force. »
On comprendra que le préparateur physique se concentre sur le bas du corps du phénomène. « Le plus important est d’avoir de la force dans les jambes, de produire de la force pour jouer au basket : pour jouer à l’intérieur, défendre, au poste, tout… »
Priorité à la force donc, et pas à la prise de masse lorsqu’il est question de renforcement musculaire. L’objectif n’a jamais été de le faire grossir – il pèserait actuellement 104 kilos – surtout pas pendant que son corps se développe naturellement. « Il prend du poids normalement, mais pas 4 ou 9 kilos tous les mois. Cela pourrait être difficile pour son contrôle moteur, ses genoux, ses articulations. Nous essayons de l’aider du mieux qu’on peut. »
Un suivi physique si méticuleux que le spécialiste, qui mesure par ailleurs le sommeil du joueur, pourrait être amené à faire le voyage à San Antonio avec le futur drafté.
Crédit photo : AP