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Que deviennent les posters NBA de nos chambres d’adolescents ?

NBA – Lié à la montée en puissance de la presse magazine en France, le poster NBA a été l’incarnation de la passion basket pour toute une génération de fans.

poster nba

Ils se souviennent à peine de la couleur des murs de leur chambre. Quelle importance après tout. Ce qui comptait pour eux à l’époque, c’était ce qui allait couvrir les cloisons de leur cocon d’ado. Leur « tapisserie » à eux, c’étaient les posters NBA. Michael Jordan, Shawn Kemp, Tim et Penny Hardaway ou encore Gary Payton ont par exemple peuplé la pièce de vie de Guillaume Saïd, 42 ans. « En gros, il n’y avait pas un trou, pas d’espace de libre. Les murs et le plafond étaient recouverts ! », décrit ce chargé de communication vendéen, ancien meneur de jeu, parti jouer en Floride à l’âge de ses 18 ans.

Atmosphère similaire chez Matthieu David qui s’est, lui, nourri de la génération de vedettes suivantes (Allen Iverson, Kobe Bryant, Vince Carter…). « Lorsque je faisais mes devoirs, je leur tournais le dos. Mais je les regardais, les étudiais en permanence. Ça me permettait de rentrer dans une bulle. C’était le rêve de gosse de réaliser en match les actions que tu visualises sur le mur », se souvient ce trentenaire, éducateur spécialisé basé à Nantes, qui affichait en parallèle des images de rappeurs américains. Et n’oubliait pas non plus d’alimenter un petit coin réservé… aux pom-pom girls.

« Ça donnait l’impression d’être avec eux. On essayait de faire pareil à l’entraînement », complète Pierre-Marie, 37 ans, depuis Orléans, qui a passé son adolescence à recouvrir murs, porte, meubles et plafond de sa chambre avec tout ce qu’il dénichait, y compris les résumés de matchs, dans Reverse ou Mondial basket, pour donner l’illusion d’être face à un « mur Twitter » avant l’heure. « Une fois le poster déplié, hop, je posais des bouquins dessus pour enlever les plis », détaille celui qui travaille à La Poste.

Dès 1982, le poster s’impose

Le phénomène du poster est évidemment lié à l’émergence de cette presse magazine il y a plus de trente ans. Dès 1982, Maxi Basket voit le jour. Et dès le départ, le poster – celui de Julius Erving pour le numéro de lancement – s’impose. « C’est quelque chose qui nous est apparu très important. C’était dans les mœurs de l’époque. Les magazines de foot avaient des posters », raconte Pascal Legendre cofondateur de « Maxi » et acteur incontournable de la galaxie magazine (MVP, Dunk, BasketNews, BasketHebdo…).

Il faut situer le contexte. Michael Jordan n’est pas encore en NBA et le concept de « Dream Team », autre élément clé dans l’internationalisation de la ligue, n’existe pas. « Les Français avaient une méconnaissance totale de la NBA, la plupart ne connaissaient même pas les trois lettres », poursuit Pascal Legendre, aujourd’hui à la tête de Basket Europe. Si bien qu’avec Maxi Basket, durant ses premières années d’existence, la priorité est logiquement donnée au basket français. « Il fallait y aller à petite dose » et faire aussi avec le peu d’informations qui traversent l’Atlantique. Les stars NBA remplissent donc encore peu les posters.

Le début de l’année 1991 marque un nouveau tournant dans le paysage médiatique basket français : Mondial Basket et 5 Majeur sont lancés quasiment en même temps. Le premier, pour frapper fort d’entrée de jeu, a cette idée encore jamais vue : proposer un poster de Michael Jordan… grandeur nature. « Combien il mesure ? », se demande-t-on alors en interne. Plutôt que le 1m98 de la future légende des Bulls, la revue « rookie » va viser encore plus haut avec 2m40. « Soit la hauteur autorisée du sol au plafond en HLM », précise Fred Lesmayoux, l’ancien rédacteur en chef qui a vécu toute l’épopée du journal.

Jordan… en trois morceaux

Un pari ambitieux sur le plan technique qui impose de décomposer l’image de « His Airness » en trois parties. La rédaction se fournit à l’époque auprès de l’agence Vandystadt pour récupérer l’ « ektachrome » (support photo type diapositive) voulue. Diapositive qui, pour l’anecdote, sera égarée par la rédaction. « Le directeur de la rédaction (André Ciccodicola) voulait doubler notre salaire si on le retrouvait ! », rapporte Fred Lesmayoux.

La précieuse diapo est finalement retrouvée tandis que le magazine cartonne. Les 50 000 exemplaires (durant l’heure de gloire dans le secteur, les ventes vont grimper jusqu’à 100 000 numéros) disparaissent si vite des kiosques qu’il faut rééditer ce premier numéro, dont même Patrick Poivre d’Arvor se fait l’écho dans son JT. « Le poster a été un facteur de promotion, un très, très bon produit d’appel. Cela correspondait à notre cœur de cible, plutôt 14-16 ans, qui affichait des posters », poursuit l’ancien responsable, en décrivant une ligne éditoriale « très adolescente », où le lecteur est tutoyé à l’écrit par exemple.

Mondial Basket – dont le dernier numéro est sorti en 2018 – va garder la recette gagnante du poster géant pour les quelques numéros suivants, avec Magic Johnson, Charles Barkley et Shaquille O’Neal, avant de proposer des affiches aux dimensions plus conventionnelles. Mais ce premier opus, avec un Jordan géant, a marqué les esprits. D’anciens lecteurs en parlent encore aujourd’hui à Fred Lesmayoux qui, lui, a confié ce précieux premier numéro, poster compris, à sa mère. Pour « le garder le plus neuf possible. Je n’ai jamais voulu le ré-ouvrir. »

Mais où sont les posters des Bulls ?

Varier les joueurs mis en avant n’est pas toujours le plus évident. « On notait ceux qu’on avait déjà mis en poster. On regardait si on avait la photo adéquate avec une certaine qualité. Évidemment, ce n’était pas encore l’avalanche de photos », rappelle Pascal Legendre dont les couvertures sont fréquemment occupées par Michael Jordan dans les années 1990, ce qui induit un poster de « MJ ». En cas de lassitude, le lecteur doit alors décocher un courrier, contrairement à aujourd’hui où un simple commentaire sur les réseaux sociaux permet de faire remonter une demande.

« Certains jeunes reviennent tous les mois : ‘Si vous pouviez mettre tel mec, tel mec…’, ‘Vous ne mettez jamais telle équipe en poster’ », rapporte Grégory Gabillet, journaliste depuis plus de vingt ans pour 5 Majeur, en évoquant par exemple des plaintes récentes venant des fans des Bulls. Il reçoit ainsi quantité de demandes sur les affiches une fois la couverture du nouveau numéro postée sur les réseaux.

« On essaie quand même de faire attention à ce qu’il n’y ait pas à chaque numéro un poster de LeBron ou de Giannis. Ce n’est pas toujours évident de trouver le juste milieu entre le poster qui intéresse le plus et le poster original », poursuit le rédacteur de 48 ans, dont le support propose encore quatre posters par numéro et s’appuie notamment sur son graphiste, Sauny, pour travailler sur les images.

La photo qui était publiée brute dans les années 1990 passe ainsi entre les mailles de logiciels de retouche, pour générer des créations originales. « Aujourd’hui, il y a tellement de visuels partout, d’informations, on en est presque trop abreuvé. Je suis sûre que la plupart des gens reprennent des visuels en étant incapables de dire qui l’a fait », regrette à ce propos la graphiste Ptite Cao, qui travaille pour la NBA et dont « au moins 80% » des créations sont destinées aux réseaux sociaux.

Chez Basket le Mag : pas de poster

À 5 Majeur, la question de proposer ou non le poster, qui garde une valeur d’offrande faite à ses 13 000 abonnés, n’a jamais vraiment été posée. « Pour nous, il fait partie du magazine. Aucune raison que ça change », formule le journaliste dont les vieilles revues avec poster se vendaient les mieux lors de sa participation à la récente « Brocante Sports ».

Yann Casseville, rédacteur en chef de son concurrent en kiosque, Basket le Mag, a fait le choix inverse, et sans hésiter, de se passer du poster dès les débuts en 2016. « La première raison est que le magazine est plutôt adressé à un public adulte. La moyenne d’âge de nos abonnés était de 41 ans », chiffre le dirigeant, avant d’évoquer un autre motif : placer un poster induit moins de pages disponibles pour le contenu rédactionnel. À moins d’épaissir le magazine, ce qui coûterait donc plus cher en impression.

« En sept ans, j’ai dû avoir trois ou quatre demandes de poster en tout », dénombre le journaliste sur qui repose cette publication mensuelle qui s’écoule en 10 000 exemplaires. « Si je devais faire un magazine qui s’adresse à un public ados, j’irais à fond sur le poster », ajoute le trentenaire qui a lui aussi, plus jeune, tapissé sa chambre d’images NBA de 5 Majeur et de MVP basket.

Et lui aussi a dû passer par la phase du « décrochage » de tout ce qui était apposé aux murs à la punaise, scotch ou « Blu Tack ». « C’était surtout une façon de te prouver à toi-même que tu grandis, que tu passes à autre chose », se souvient Yann Casseville. Un épisode au cœur de la transition entre l’adolescence et le monde adulte plus ou moins bien vécu chez certains.

Pas simple à décrocher

« J’ai décroché quand j’ai quitté le domicile vers mes 18 ans. Ce n’était pas facile de les enlever, de casser ce délire d’enfant. Il y avait de la nostalgie. Mes parents les ont jetés ensuite. Ça s’est fait un peu brutalement. Sur le moment, j’ai voulu esquiver le sujet… », se souvient Matthieu, dont l’ancienne chambre a été transformée en salle de musique depuis.

Pierre-Marie avait 20 ans lorsqu’il a enlevé les siens, agrafés « de couches en couches ». « Ça m’a pris un temps fou, j’ai passé une bonne journée à le faire. Je me posais parfois pour lire un truc. C’était l’époque avec laquelle j’ai grandi », rappelle le trentenaire dont le fils de 8 ans commence à s’intéresser au basket à son tour.

Le poster, sans doute moins populaire désormais par rapport à vingt ans plus tôt, reste plébiscité par certains jeunes. Exemple avec Axel Bregnon (photo de une), 15 ans, qui, à l’aide de sa mère, a voulu recréer l’ambiance d’une boutique de basket dans sa chambre. Cartons de chaussures, mini paniers au-dessus de la porte, penderie de maillots… Et des posters partout, évidemment.

« Moi, mon rêve, c’est le basket », affiche le jeune homme qui joue au niveau régional à côté de Toulouse et ne retrouve pas cette atmosphère posters chez ses amis. Au-dessus de son lit à lui, au plafond, on trouve Stephen Curry. Pourquoi ? « Parce que je suis meneur comme lui, et c’est celui dont je m’inspire le plus. » Alors chaque soir, il jette un œil en l’air avant de s’endormir. Comme des milliers d’autres avant lui.

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