Pour Nikola Jokic, une saison en triple-double de moyenne pour valider son troisième MVP ?

Il n’a pas attendu que LeBron James prononce son nom pour quitter son tabouret. Nikola Jokic a préféré se « drafter » lui-même et s’inviter dans l’équipe du « King ». « Je pensais être le dernier », raconte le Serbe après le match des étoiles, assurant ne pas avoir vu que Lauri Markkanen attendait lui aussi d’être sélectionné par l’un des deux capitaines du All-Star Game.

Une journaliste lui demande s’il a été surpris d’être « choisi » si tardivement, malgré son statut dans la ligue. « Non, je ne me sélectionnerais pas non plus ! Je ne suis pas fait pour ce genre de match », sourit le « Joker ». Le leader des Nuggets, qui fêtait ses 28 ans ce jour-là, n’est pas du genre à chipoter avec ce genre de scène, alors que la ligue a voulu que les remplaçants soient choisis en premier pour tempérer le « syndrome du dernier appelé ».

Cette Draft ne remet pas en question le statut du pivot, auteur de 4 points, 5 rebonds et 6 passes dans le match. De tous les joueurs présents sur le parquet du Jazz dimanche soir, seuls les deux capitaines, LeBron James et Giannis Antetokounmpo, peuvent se targuer d’avoir autant ou plus de trophées de MVP que lui. Et ce n’est peut-être pas terminé pour le Serbe, en passe de s’inviter parmi plusieurs clubs très fermés d’ici la fin de saison.

Le premier, auquel on pense depuis plusieurs semaines maintenant, est un nouveau titre de meilleur joueur de la ligue. En remportant un troisième MVP consécutif, il pourrait rejoindre quelques rares légendes de ce sport à avoir réalisé un tel enchaînement : Bill Russell, Wilt Chamberlain et Larry Bird.

Donovan Mitchell s’avoue vaincu

À moins d’un effondrement des Nuggets au classement – actuellement 1ers avec cinq matchs d’avance sur les Grizzlies – ou d’une montée en puissance statistique de Jayson Tatum, en tête de la conférence Est avec les Celtics, ou pire, une blessure, ce trophée lui semble promis.

« Je ne peux pas mentir. Je ne sais pas si vous regardez tout ce que Jokic fait. C’est… incroyable pour être honnête. Je ne sais pas combien de joueurs l’ont gagné trois fois de suite. J’ai clairement l’impression d’être dans la conversation aussi, mais il est d’un autre monde en ce moment », situait Donovan Mitchell.

Nikola Jokic n’était pourtant pas cité par les GM en début de saison parmi les favoris pour le MVP 2023. En plus de sa double récompense passée, le pivot retrouvait ses deux principaux lieutenants, Jamal Murray et Michael Porter Jr. Leur retour a un impact sur sa production statistique. Son volume de tirs baisse légèrement, tout comme sa moyenne de points donc. Son nombre de rebonds est aussi en baisse.

Avec ces armes supplémentaires, le leader des Nuggets a moins besoin de marquer et peut distribuer davantage. Résultat : son quota de passes décisives a grimpé en flèche : de huit unités l’an dernier à dix cette saison. Oui, dix passes décisives par match pour un pivot…

Résultat : comme le second tour de la Draft 2014 était déjà habitué aux saisons en double-double de moyenne (points et rebonds), il tourne, depuis début février, en triple-double de moyenne sur la saison. « Ouhhhh », avait-il lâché, l’air désinvolte, lorsqu’un journaliste lui avait appris la nouvelle, à la sortie d’un match face aux Pelicans.

Encore plus fort cette saison

« C’est chouette bien sûr. Ce n’est pas quelque chose que je cherche à faire, cela vient naturellement. Je suis heureux tant qu’on gagne le match et que l’équipe et les joueurs sont heureux autour de moi », développait plus sérieusement le pivot. Ce dernier, en gardant ce rythme fou, pourrait ainsi rejoindre Oscar Robertson et Russell Westbrook, les seuls à avoir bouclé une saison régulière en triple-double.

Avec cette nuance près qu’il n’est pas un meneur de jeu « pur » – plutôt un meneur de jeu dans le corps d’un pivot – comme les deux autres.

« Je crois qu’il joue à son propre rythme. Vous ne pouvez pas vraiment le gêner dans ce qu’il fait, il fait ce qu’il veut. Sa capacité à passer, à marquer, à quel point il est intelligent sur un terrain de basket… Oui, c’est génial à regarder », apprécie Pascal Siakam.

Son coach Mike Malone met lui aussi en avant le QI de son joueur, ainsi que « son altruisme, sa capacité à rendre chacun de ses coéquipiers meilleur. Ce qui m’émerveille, après avoir entraîné Nikola pendant huit ans maintenant, c’est la constance dans l’excellence. […] Pour Nikola, gagner le MVP, le gagner à nouveau, et aujourd’hui il fait une saison encore meilleure… Cela montre bien qu’il est sacrément constant. »

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.