+20, +9, +6, +9, +25, +25, +11, +33, +28, +13, +14, +27, +9, +3, +39, +30, +35… Sur Twitter, Justin Phan notait les écarts des 17 derniers matchs de playoffs, expliquant qu’il n’y avait eu que 7 minutes de « clutch time » sur cette période, avec une marge de victoire de 19.8 points de moyenne !
Le « clutch time », c’est ainsi le moment où deux équipes se retrouvent à moins de cinq points d’écart dans les cinq dernières minutes. Ça ne veut pas dire que les fins de match ne sont pas disputées lorsqu’il y a un écart plus important car, par exemple, une avance de 6 points à cinq minutes de la fin n’est pas l’assurance de la victoire, sans rentrer en compte dans le « clutch time », mais ça reste tout de même une indication intéressante du suspense.
Des équipes qui dépendent beaucoup (trop ?) de leur adresse extérieure
Or, depuis le début des finales de conférence, soit sept matchs, il n’y a eu que 193 secondes de « clutch time ». 20 secondes dans le Game 3 entre Dallas et Golden State, entre un 3-points de Spencer Dinwiddie pour revenir à 5 points (104-99) à 1 min 15 de la fin du match, et la réponse de Jordan Poole dans la foulée. 173 secondes dans le Game 3 entre Miami et Boston, entre un panier de Jaylen Brown pour revenir à 4 points (93-89) à 4 min 14 du buzzer final, et un panier de Bam Adebayo pour repasser à +6, à 1 min 21 de a fin.
Dans les autres matchs des deux séries, soit l’écart avait été fait bien en amont, soit il n’a jamais été suffisamment réduit pour offrir une fin de match à suspense.
La première explication qui vient, c’est bien sûr l’influence du 3-points. Trois des quatre équipes présentes en finale de conférence (Dallas, Boston et Golden State) font partie des formations qui shootent le plus de loin durant ces playoffs, les Mavericks représentant le paroxysme de cette stratégie avec plus de tirs à 3-points (41.4) tentés par match que de tirs à 2-points (39.3). Du quitte ou double qui fait très mal aux adversaires lorsque l’adresse est présente, mais qui n’offre pas de solution de repli quand elle est absente…
Si on observe l’écart moyen en playoffs depuis les débuts de la ligue, on voit que celui-ci a tendance à augmenter ces dernières saisons, sans doute sous l’influence du 3-points, mais qu’il y a déjà eu plus haut que cette année (13,2 points d’écart), notamment lors de la campagne de 2016 (14,49) ou encore celle de 2017 (13,61).
Si on fait le total des minutes dans le « clutch time » sur chaque campagne de playoffs depuis que le play-by-play est disponible, on voit d’ailleurs que cette campagne 2022 n’est pas tant dépourvue de suspense que ça. Simplement, celui-ci s’est concentré lors du premier tour, notamment lors des séries Utah – Dallas et Memphis – Minnesota.
Le suspense à la baisse, la bascule à la hausse
Globalement, que ce soit au premier tour, en demi-finale de conférence ou en finale de conférence, la tendance semble quand même à la baisse ces dernières années au niveau du suspense.
Plus que la disparition du suspense, c’est l’effet de bascule qui semble beaucoup plus développé. C’est particulièrement marquant dans la série entre Miami et Boston, où les deux équipes semblent mettre la main sur les matchs à tour de rôle. Mais ce fut peut-être encore plus frappant lors du duel entre Golden State et Memphis, les Warriors s’inclinant de 39 points lors du Game 5 avant de maîtriser, assez facilement, le match suivant.