Humiliés lors du Game 3, les Grizzlies ont montré du caractère cette nuit dans le Game 4. Même sans Ja Morant, touché au genou, ce sont eux qui ont pris le contrôle de la rencontre derrière une défense qui a gardé les Warriors hors de rythme pendant tout le match.
“On les maintient à 101 points. On a bien défendu la ligne à 3-points, on a été bien meilleurs à l'intérieur, on a relevé le défi en un-contre-un, nos rotations étaient solides” décrivait Taylor Jenkins après la rencontre. “Je suis vraiment impressionné par notre progression entre les Games 3 et 4.”
Malheureusement pour eux, les Grizzlies ont perdu la rigueur qui leur avait permis de limiter les Warriors à 20, 18, et 24 points lors des trois premiers quart-temps. Derrière un festival de Stephen Curry, Golden State a marqué 4 de ses 9 tirs à 3-points dans la dernière période, 15 de ses 20 lancers francs, et inscrit 8 points sur les 3 balles perdues de Memphis. Ça fait partie de la pression qu'une équipe comme les Warriors peut mettre sur une défense. Il suffit d'un rien pour relancer la machine, et Stephen Curry en a été le détonateur.
Draymond Green et Andre Iguodala canalisent le groupe
“Il a cet état d'esprit… Il sait qu'il est le meilleur shooteur de tous les temps et il n'a besoin que d'un tir, que ce soit un lay-up ou un lancer-franc, et quand ça arrive, les vannes s'ouvrent” expliquait Klay Thompson. “C'était compliqué ce soir mais à cette période de l'année, tout ce qui compte c'est la victoire. Et on a trouvé un moyen de gagner, c'est tout ce qui compte.”
Cette résilience est dans l'ADN des Warriors depuis des années. Il faut se souvenir des séries qu'ils ont jouées, gagnées ou perdues, contre les Rockets, contre les Cavs ou contre les Raptors.
Cette équipe a de la bouteille. Après la rencontre, Mike Brown a d'ailleurs insisté sur l'apport de Draymond Green mais également sur celui d'Andre Iguodala. Ce dernier, blessé, n'a pourtant pas joué un match de la série, mais ses mots et son expérience sont précieux pour garder les Warriors concentrés même quand ils ne jouaient pas bien.
“Andre et Draymond ont vécu les montagnes russes de nombreuses séries de playoffs, et leur présence, leur calme, leur voix donnent de la confiance aux joueurs qui découvrent ce niveau, en particulier sans Steve (Kerr) ce soir,” soulignait le néo-entraineur des Kings.
“On s'est précipité sur deux, trois possessions de suite, et ça a fait basculer le match”
Ce sang froid, malgré une performance qui laissait beaucoup à désirer, a été utile au meilleur moment. Alors que les Grizzlies avaient trouvé leur rythme en début de dernier quart-temps pour prendre douze points d'avance grâce notamment à un Tyus Jones tout en contrôle, la défense des Warriors a trouvé le moyen d'inverser la tendance.
“Ils nous ont forcés à prendre des tirs difficiles, ils ont dicté notre attaque. On s'est précipité sur deux, trois possessions de suite, et ça a fait basculer le match,” confirmait Tyus Jones.
Les Warriors ont changé leur stratégie défensive lors des cinq dernières minutes, “switchant” sur la plupart des écrans pour forcer Memphis à jouer en un-contre-un.
Dillon Brooks, en particulier, a mordu à l'hameçon, forçant un tir à 3-points et perdant le ballon sur une pénétration risquée. Après une semaine sans jouer, il a terminé le match à 5 sur 19 aux tirs, dont de nombreuses briques et airballs. Il en est désormais à 9 sur 44 aux tirs dans la série.
Les Grizzlies restent dans la peau de l'élève
“Leur pression défensive nous a gênés, on s'est précipité et on a pris les tirs qu'ils voulaient qu'on prenne. C'est à moi d'absorber cette pression, de calmer mes gars et de mettre notre jeu en place que ce soit en appelant un système ou en créant quelque chose,” s'en voulait Tyus Jones, pourtant solide pendant 45 minutes.
“C'est une équipe intelligente, c'est une équipe de vétérans, et ils ont haussé leur intensité dans les dernières minutes et on n'a pas su la gérer,” ajoutait-il.
Les Grizzlies ont commis plusieurs erreurs de la sorte pendant tout la rencontre. En première mi-temps, alors que les Warriors étaient à 2/20 à 3-points et avaient perdu 11 ballons, Memphis aurait pu et dû prendre le large. Ils se sont heurtés à une défense en place mais ont également manqué de sang-froid dans leur sélection de tirs. Ils ont également raté des lancers qui auraient pu garder les Warriors à distance dans les dernières minutes.
Dans un match qui se joue à rien, ce genre de détails, ces occasions manquées s'accumulent. Si les jeunes Grizzlies avaient évité la correctionnelle face aux Timberwolves au premier tour, ils découvrent que face à un adversaire plus chevronné, toutes les erreurs se paient cash.
“Quand on arrive dans les dernières minutes, et que le match se joue à une ou deux possessions, peu importe si vous êtes devant ou derrière au score” conclut Mike Brown. “Quand vous avez sur le terrain Stephen Curry, Klay Thompson, Jordan Poole et un gars comme Draymond Green, qui aurait été meilleur défenseur de l'année s'il n'avait pas été blessé, vous avez une confiance à toute épreuve.”
Les Warriors étaient à la place des Grizzlies en 2013 face à San Antonio, et en 2014 face aux Clippers, ils ont appris leur leçon. C'est au tour des Grizzlies d'être studieux.
Propos recueillis à San Francisco.