Même si la « trade deadline » de février ou mars apporte son lot de transferts, l’intersaison demeure le moment où les franchises ont la possibilité de modifier leur effectif. D’abord par la Draft, puis ensuite avec la « free agency ». Loin d’être un temps mort de la saison, l’été permet à de nombreuses franchises de se refaire la cerise après un exercice difficile ou au contraire de tout faire exploser pour repartir du bon pied.
En l’occurrence, cet été, ce sont les Nuggets qui ont été les plus calmes sur le marché, avec trois nouveaux joueurs seulement. Bien qu’éliminé au deuxième tour des playoffs, et alors que Jamal Murray va manquer une grosse partie de la saison, Denver n’a pas ressenti le besoin de tout chambouler, jouant plutôt la carte de la continuité autour de son MVP en titre, Nikola Jokic. Derrière les Nuggets, ce sont trois équipes : Utah, Phoenix et Orlando qui ont elles aussi été très calmes lors du mercato. Les deux premières parce qu’elles sont très proches du titre, et que ce n’est pas le moment de tout chambouler. Le troisième parce qu’elle avait déjà chamboulé son effectif au printemps.
À l’inverse, les deux favoris pour le titre cette saison, l’un à l’Ouest et l’autre à l’Est, les Lakers et les Nets, ont eux été parmi les franchises les plus réactives durant l’été. Dans un paysage NBA qui change de plus en plus vite, on fait le point sur les six équipes qui ont le plus secoué leur effectif. Et pourquoi ?
Précision importante : pour cette étude, nous n’avons pas inclus les joueurs invités aux camps d’entraînement. En revanche, il y a les « two-way contract » puisqu’ils peuvent jouer en NBA.
Los Angeles Lakers (12 nouveaux joueurs)
IN: Carmelo Anthony (Portland), Trevor Ariza (Miami), Joël Ayayi (Rookie), Kent Bazemore (Golden State), Wayne Ellington (Detroit), Dwight Howard (Philadelphie), DeAndre Jordan (Brooklyn), Malik Monk (Charlotte), Kendrick Nunn (Miami), Austin Reaves (Rookie), Rajon Rondo (LA Clippers), Russell Westbrook (Washington)
OUT: Kostas Antetokounmpo (Asvel), Devontae Cacok (Brooklyn), Kentavious Caldwell-Pope (Washington), Alex Caruso (Chicago), Andre Drummond (Philadelphie), Jared Dudley, Marc Gasol, Montrezl Harrell (Washington), Kyle Kuzma (Washington), Wesley Matthews, Alfonzo McKinnie, Ben McLemore (Portland), Markieff Morris (Miami), Dennis Schröder (Boston)
Eliminés sans gloire au premier tour des playoffs par les Suns (futurs finalistes tout de même), les Lakers n’auront pas défendu leur titre obtenu dans la « bulle » bien longtemps. Résultat : seuls quatre joueurs (soit 28% du temps de jeu disponible), dont les deux All-Stars locaux, LeBron James et Anthony Davis, sont restés à l’intersaison.
Avec treize nouveaux joueurs, dont deux anciens membres de l’équipe titrée chez Mickey (Dwight Howard et Rajon Rondo) et deux rookies en « two-way contract » (Joël Ayayi et Austin Reaves), les Lakers ont fait le ménage du sol au plafond. Et ils ont surtout fait dans le recyclage avec un effectif qui compte désormais pas moins de neuf joueurs au-dessus des 32 ans, dont cinq au-dessus de la barre des 35.
La raison de ce grand remue-ménage est évidente : LeBron James et les Lakers veulent repartir de l’avant après une saison pourrie par les blessures, mais également marquée par une défense en berne et des choix qui ne se sont pas avérés payants dans l’effectif champion en 2020. Les Lakers ont donc frappé fort sur le marché des transferts en récupérant notamment Russell Westbrook dans un échange qui a envoyé trois éléments importants de la rotation californienne la saison passée (Kentavious Caldwell-Pope, Kyle Kuzma et Montrezl Harrell) du côté de Washington. Pour compléter le banc, Rob Pelinka et son staff ont également réussi à convaincre Carmelo Anthony, Dwight Howard, Rajon Rondo et DeAndre Jordan, tant et si bien qu’on a l’impression d’évoquer une équipe All-Star du milieu des années 2010. La franchise star de Los Angeles présente beau, très beau même, sur le papier, avec six futurs Hall of Famers. Mais la limite entre « joueurs expérimentés » et « joueurs en pré-retraite » est fine à ce stade…
Heureusement, de l’autre côté du spectre, Talen Horton-Tucker (20 ans) ou les nouveaux arrivants, Malik Monk (23 ans) et Kendrick Nunn (26 ans), ainsi que les rookies Ayayi (21 ans) et Austin Reaves (23 ans), apporteront leur fraîcheur et leur jeunesse. Dans ce grand écart générationnel, Frank Vogel pourrait bien avoir à jongler avec plusieurs rotations afin de gérer les organismes usés de ses vétérans. Un numéro d’équilibriste qui pourrait s’avérer aventureux quand l’objectif est clairement de gagner le titre suprême.
Brooklyn Nets (10 nouveaux joueurs)
IN: LaMarcus Aldridge, DeAndre’ Bembry (Toronto), Jevon Carter (Phoenix), Sekou Doumbouya (Detroit), Kessler Edwards (Rookie), James Johnson (New Orleans), Patty Mills (San Antonio), Paul Millsap (Denver), Day’Ron Sharpe (Rookie), Cam Thomas (Rookie)
OUT: Chris Chiozza (Golden State), Spencer Dinwiddie (Washington), Jeff Green (Denver), Mike James (Monaco), Alize Johnson (Chicago), Tyler Johnson, DeAndre Jordan (LA Lakers), Timothe Luwawu-Cabarrot (Atlanta), Reggie Perry, Landry Shamet (Phoenix)
Comme les Lakers, les Nets ne sont pas là pour tergiverser. Après avoir manqué une belle occasion d’aller au bout la saison passée, la faute à des blessures à Kyrie Irving et James Harden, Brooklyn s’est à nouveau armé pour aller conquérir le titre, et rien d’autre ! Autour de son « Big Three » toujours en place, dont quatre saisons de plus au contrat de Kevin Durant, les Nets ont effectué un grand chambardement dans leur effectif afin de renforcer leur banc. Les arrivées des vétérans, Patty Mills, Paul Millsap, voire James Johnson et Jevon Carter sont de très bon augure pour consolider les quelques brèches, notamment en défense.
Le retour à l’action de LaMarcus Aldridge est quant à lui la cerise sur le gâteau si l’ancien All-Star des Blazers confirme qu’il a les capacités physiques pour encaisser une saison entière, et de longs playoffs derrière. Avec huit trentenaires, les Nets sont aussi une troupe très expérimentée, mais beaucoup moins avancée en âge que leur grand rival des Lakers sur la côte Ouest. À vrai dire, avec les très jeunes rookies Sharpe et Thomas, tous deux à 19 ans, plus Nic Claxton (22 ans) et Sekou Doumbouya (20 ans), les Nets disposent en fait d’un bon réservoir de jeunes joueurs encore en développement.
Pour sa deuxième saison à la tête des Nets, Steve Nash espérera surtout garder son noyau dur intact et en pleine santé pour arriver en playoffs. Là, si Durant, Harden et Irving sont au diapason, le reste de la NBA peut faire sa prière. Il faudra se lever tôt, et défendre très dur, pour essayer de tenir ce trident infernal…
Toronto Raptors (10 nouveaux joueurs)
IN: Precious Achiuwa (Miami), Dalano Banton (Rookie), Scottie Barnes (Rookie), Isaac Bonga (Washington), Justin Champagnie (Rookie), Sam Dekker (Ankara), Goran Dragic (Miami), David Johnson (Rookie), Svi Mykhailiuk (Oklahoma City), Ishmail Wainright (Rookie)
OUT: Aron Baynes, DeAndre’ Bembry (Brooklyn), Jalen Harris, Rodney Hood (Milwaukee), Stanley Johnson (Chicago), Kyle Lowry (Miami), Paul Watson (Oklahoma City)
Sacré champions NBA en 2019, les Raptors n’ont jamais retrouvé leur dynamique depuis le départ de Kawhi Leonard. Pire, exilés à Tampa la saison passée, ils ont erré comme des fantômes avec des problèmes de blessure et un effectif en lambeaux.
Du coup, Masai Ujiri a décidé d’entamer le processus de reconstruction laissant partir Kyle Lowry. Meneur d’hommes et capitaine courage des Raptors pendant neuf saisons, le meneur a quitté le navire cet été dans un « sign-and-trade ». Echangé à Miami contre Goran Dragic, il va laisser un immense vide derrière lui dans les vestiaires, mais la franchise de Toronto (qui rejouera à nouveau chez elle au Canada) se donne le choix des armes pour repartir de l’avant avec pas moins de dix nouveaux joueurs qui débarquent.
La greffe des vétérans Aron Baynes, Rodney Hood voire Bembry et Johnson n’avait pas vraiment pris et Toronto va donc repartir sur du neuf, avec cinq rookies dont le très prometteur Scottie Barnes, appelé à compléter un cinq plutôt défensif aux côtés de OG Anunoby et Chris Boucher. Precious Achiuwa et Svi Mykhailiuk seront également évalués pour savoir s’ils peuvent entrer dans le nouveau projet à long terme des Raptors de Nick Nurse.
Tombés dans le ventre mou de la conférence Est, après avoir ravi le titre aux Warriors il y a deux ans seulement, les Raptors partent en reconquête. Si ce ravalement de façade peut paraître important avec dix nouvelles têtes, il s’agit en fait de six joueurs qui devraient véritablement avoir un rôle, dont le revenant Sam Dekker qui a passé les deux dernières saisons en Europe (Russie puis Turquie) et qui reste une inconnue.
Charlotte Hornets (9 nouveaux joueurs)
IN: James Bouknight (Rookie), Wesley Iwundu (New Orleans), Kai Jones (Rookie), Arnoldas Kulboka (Rookie), Scottie Lewis (Rookie), Kelly Oubre (Golden State), Mason Plumlee (Detroit), Ish Smith (Washington), J.T. Thor (Rookie)
OUT: Bismack Biyombo, Nate Darling, Devonte’ Graham (New Orleans), Caleb Martin (Miami), Malik Monk (LA Lakers), Grant Riller (Philadelphie), Brad Wanamaker, Cody Zeller (Portland)
Comme les Raptors, les Hornets ont récupéré un nombre important de nouveaux joueurs, mais il s’agit essentiellement de rookies (cinq sur neuf). Cela dit, avec Kelly Oubre Jr., Mason Plumlee et Ish Smith qui arrivent, Charlotte a bien renforcé son effectif dans chaque secteur, sur les ailes, à l’intérieur et à la mène respectivement. Les deux rookies, James Bouknight et Kai Jones, devraient également permettre un peu de souplesse supplémentaire à Coach Borrego dans ses rotations.
Au bord des playoffs la saison passée, les Hornets font partie des équipes qui montent en NBA, surtout derrière la hype LaMelo Ball. Leurs mouvements de l’intersaison s’inscrivent précisément dans cette nouvelle dynamique qui doit venir briser cinq années de vache maigre. Serait-ce enfin la bonne vague pour Michael Jordan en tant que propriétaire ? L’effectif de Charlotte semble en tout cas plus solide que sa précédente édition. Cette saison, c’est les playoffs ou rien en Caroline du Nord.
New Orleans Pelicans (9 nouveaux joueurs)
IN: Jose Alvarado (Rookie), Devonte’ Graham (Charlotte), Jared Harper (New York), Daulton Hommes (Rookie), Herbert Jones (Rookie), Trey Murphy III (Rookie), Tomas Satoransky (Chicago), Garrett Temple (Chicago), Jonas Valanciunas (Memphis)
OUT: Steven Adams (Memphis), Lonzo Ball (Chicago), Eric Bledsoe (LA Clippers), Wesley Iwundu (Charlotte), James Johnson (Brooklyn), James Nunnally.
Après la fausse bonne idée de faire revenir Stan Van Gundy sur le circuit NBA, les Pelicans ont eux aussi dû admettre leur échec et changer radicalement de direction. En poste à NOLA depuis avril 2019, David Griffin n’a pas encore trouvé la formule magique pour entourer ses deux jeunes stars, Zion Williamson et Brandon Ingram. L’arrivée de Devonte’ Graham en provenance de Charlotte est un vrai pari car c’est un meneur-scoreur, l’antithèse de Lonzo Ball. Au moins, Tomas Satoransky offre un filet de sécurité sur le poste 1, mais le départ de Ball est une vraie perte.
De même, le remplacement de Steven Adams par Jonas Valanciunas ne paraît pas changer beaucoup le paysage dans le bayou. Le pivot balte est plus doué offensivement que le Kiwi mais c’est en défense que les Pélicans doivent avant tout progresser, alors que l’attaque se porte bien, ne serait-ce qu’avec Williamson et Ingram. Le nouveau coach, Willie Green, va avoir du pain sur la planche pour donner une unité à ses éléments encore épars.
Chicago Bulls (8 nouveaux joueurs)
IN: Lonzo Ball (New Orleans), Tony Bradley (Oklahoma City), Alex Caruso (LA Lakers), DeMar DeRozan (San Antonio), Ayo Dosunmu (Rookie), Alize Johnson (Brooklyn), Derrick Jones Jr. (Portland), Marko Simonovic (Rookie)
OUT: Al-Farouq Aminu (San Antonio), Ryan Arcidiacono, Cristiano Felicio, Lauri Markkanen (Cleveland), Adam Mokoka, Tomas Satoransky (New Orleans), Garrett Temple (New Orleans), Daniel Theis (Houston), Denzel Valentine (Cleveland), Thaddeus Young (San Antonio)
Privés de playoffs pour la quatrième saison de suite, le nouveau directoire des Bulls, incarné par Arturas Karnisovas en place depuis avril 2020, a décidé de trancher dans le vif cet été.
Grand espoir déchu, Lauri Markkanen a été envoyé à Cleveland, aux côtés de Denzel Valentine (contre Derrick Jones Jr. et un choix de Draft protégé en 2022), alors que les vétérans Tomas Satoransky et Garrett Temple ont eux été expédiés en Louisiane, contre Lonzo Ball. En se séparant également de gros contrats, tels ceux d’Al-Farouq Aminu voire Daniel Theis et Thaddeus Young, les Bulls ont voulu faire peau neuve et surtout tenter leur va-tout pour la saison à venir.
Ayant déjà récupéré Nikola Vucevic à la « trade deadline » la saison passée, les Bulls ont désormais entouré leur All Star, et champion olympique, Zach LaVine avec un autre ancien All-Star, DeMar DeRozan. Si ces trois-là ne sont pas véritablement des foudres de guerre en défense, leur force de frappe offensive est impressionnante, surtout associée aux qualités défensives de Patrick Williams, et celles de Ball, qui devraient compléter le cinq majeur.
Sans faire de bruit, Chicago a amassé un paquet de joueurs intéressants pour compléter son banc, à commencer par Alex Caruso qui arrive de Los Angeles avec son expérience de champion et une belle carte à jouer en tant que sixième homme.
De même, Alize Johnson ou Tony Bradley, devraient apporter de solides contributions en tant que remplaçants. Si les Bulls se sont aussi adonnés au jeu des chaises musicales, c’est pour retrouver les playoffs dès cette saison. Et voir si Zach LaVine a bien les épaules d’un « franchise player » dans une équipe qui peut viser le haut du tableau.