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Interview de Laurent Foirest, le trait d’union entre Sydney et Tokyo

Jeux olympiques – Médaillé d’argent comme joueur à Sydney 2000, l’assistant de Vincent Collet repart de Tokyo avec une médaille de la même couleur.

Vingt-et-un ans plus tard, il était le seul « témoin » de l’exploit réalisé par l’Equipe de France de basket masculin. Laurent Foirest a été le trait d’union entre deux générations médaillées. La sienne, qui a donc décroché l’argent aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000, s’inclinant déjà de peu face à Team USA (85-75). Et celle qu’il accompagne désormais en tant qu’assistant au sein du staff de Vincent Collet, qui a également joué les Américains dans les yeux.

A l’issue de la finale perdue 87 à 82, l’actuel entraîneur de Quimper (Pro B) est revenu sur cette campagne riche en émotions et en enseignements, tout en faisant le parallèle avec l’épopée tricolore de 2000. Une autre époque, qui permet de constater à quel point l’équipe de France a évolué dans le bon sens ces deux dernières décennies.

Coach, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez vu cette équipe de France monter sur la deuxième marche du podium, à la place que vous occupiez en tant que joueur il y a 21 ans de cela ?

Ça reste toujours une émotion importante. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit l’équipe de France masculine monter sur la marche d’un podium. C’est toujours un instant très émouvant.

Qu’est-ce que vous retiendrez de cette troisième aventure en tant que coach assistant avec l’Équipe de France ?

Après avoir fait l’Euro 2017 et la Coupe du Monde 2019, je retiens que l’équipe progresse de campagne en campagne. C’est le but, de rajouter des éléments complémentaires aux joueurs majeurs pour faire évoluer l’équipe. Il ne suffit pas de compiler tous les talents, il s’agit de créer un groupe complémentaire pour avoir des résultats, tout mettre en place afin que l’équipe puisse bien jouer ensemble. Aujourd’hui, on a prouvé avec ce que on a fait que l’équipe qu’on avait construite était cohérente et a obtenu des résultats. L’objectif c’est d’aller un peu plus loin. C’est ce qu’on essaiera de faire la prochaine fois.

Quel match a été le plus compliqué à vivre depuis le banc ?

Chaque match est différent, mais surtout, chaque match est compliqué. Peut-être à part sur l’Iran, toutes les autres rencontres ont été compliquées. On a dû préparer les Etats-Unis dès le premier match de compétition après avoir fait des matchs amicaux moyens, parce qu’on n’en avait pas fait assez. Au final, ça s’est bien passé, l’équipe avait été bien concentrée sur le plan de jeu et très impliquée. Derrière on a joué la République Tchèque, qui joue un très beau basket. Si tu les laisses faire, ils sont capables de planter 15 points à n’importe quelle équipe. On a réussi à les surclasser un peu au niveau athlétique et je pense que c’est là qu’on a fait la différence contre eux. L’Iran ensuite était l’équipe la plus faible de la poule, on l’a passé sans trop de souci, alors qu’on était déjà qualifiés.

Sur les matchs couperets, l’Italie et la Slovénie sont deux grandes nations de basket. Ça a été deux matchs complètement différents, mais très difficiles. Avec d’un côté l’Italie, une équipe qui joue très bien ensemble, avec beaucoup de talent, et de l’autre la Slovénie, avec un joueur un peu hors normes et des soldats pour l’entourer.

Donc si je devais en sortir un de la compétition, je dirais l’un de ces deux là, l’Italie ou la Slovénie. Face aux États-Unis, on s’attendait à ce qui allait se passer au niveau du plan de jeu. On connaît très bien leurs points forts et leurs qualités athlétiques, c’est d’ailleurs là qu’ils ont fait la différence.

« Doncic est le joueur le plus compliqué qu’on ait rencontré sur ces JO »

Dans la préparation de la demi-finale face à la Slovénie, comment avez-vous abordé le cas Luka Doncic ?

Je pense que c’est le joueur le plus compliqué qu’on ait rencontré sur ces JO. Beaucoup d’équipes se sont cassés les dents contre eux. Chaque équipe a utilisé un système défensif différent pour essayer de le contrer. C’est un joueur qui a énormément de talent, qui est capable de faire beaucoup de choses, non seulement de marquer mais aussi de faire jouer l’équipe, de faire de passes, être décisif à tout moment.

On a réussi à le limiter, même s’il a fait beaucoup de passes décisives (18). Le plan de jeu était de faire défendre les grands sur lui, pour le gêner un peu, et aussi de mettre beaucoup de joueurs à se relayer sur son dos. On a vu que sur la fin, dans le quatrième quart-temps, il était rincé, il n’arrivait pratiquement plus à avancer. Ça faisait partie du plan, de faire passer Timothé Luwawu-Cabarrot sur lui, Nicolas Batum, Frank Ntilikina… Et sur les « pick-and-roll », switcher sur Rudy, qui est tellement long que c’est difficile d’en faire le tour.

Voilà pour le cas Doncic, tout en sachant qu’on voulait aussi couper ou « tuer » des soldats à ses côtés, comme Zoran Dragic et leur poste 4, Vlatko Cancar. C’est aussi ce qu’on a bien fait, parce que Dragic n’a pas été bon, et Cancar non plus.

A quel point c’est difficile de défendre sur lui ? On a l’impression qu’il est toujours dans la maîtrise dans son rapport de force avec les défenses adverses…

Comme on a pu le voir, chaque équipe a essayé de mettre en place un système défensif différent. On a vu l’Espagne qui a vraiment essayé de tout faire pour l’enfermer, le couper du ballon, en prenant l’option de laisser un peu les autres joueurs marquer, surtout à 3-points, registre dans lequel ils sont très adroits. D’ailleurs ils ont pu gagner le match. En quart de finale, face à l’Allemagne, il y avait eu des « boîtes » sur lui. Face à l’Espagne aussi d’ailleurs…

Les choix sont difficiles parce que le reste de l’équipe joue bien au basket aussi, il n’y a pas que lui, loin de là. Lui, peut faire la différence sur beaucoup de choses, et autour, les joueurs sont comme je disais tout à l’heure ses « soldats », que ce soit un Mike Tobey qui fait des dégâts à l’intérieur, qui est long, capable de shooter à 3-points, qui écarte la défense, ou d’autres. Donc le but, c’était de limiter Doncic et essayer de tuer un ou deux soldats, comme on l’a fait.

« En 2000, on était surtout contents d’être en finale »

Est-ce que vous nourrissez des regrets sur la finale ?

Oui, je pense qu’on aurait pu faire quelque chose. En tout cas on avait l’intention de monter sur la plus haute marche. On avait montré sur le premier match qu’on était capable de gagner, et sur le second aussi, même si on a été un peu derrière au score pendant tout le match. Quand on est revenu tout près d’eux, on a fait une ou deux erreurs qui nous ont coûté cher. On avait un plan surtout offensif, pour essayer de les embêter. Ça a fonctionné pendant pas mal de temps, jusqu’à ces petites erreurs qu’ils ont su exploiter.

Ils sont tellement athlétiques…Vous oubliez un rebond, un repli défensif, ils l’exploitent à 200%. Ce sont ces petites choses qui nous ont empêché de recoller complètement au score voire passer devant.

Est-ce que le sentiment est semblable à celui ressenti après votre finale de 2000, à l’issue d’un match avec un scénario un peu similaire, à savoir que « Team USA » n’a jamais réussi à tuer le suspense ?

Non je ne pense pas. Ce n’est pas le même. Là, les joueurs savaient qu’ils pouvaient gagner et s’étaient préparés pour ça. Nous, on était surtout contents d’être en finale. Il y a 21 ans, on s’était dits qu’on allait essayer de faire le maximum pour les embêter, jouer du mieux possible. C’est ce qu’on a fait. Mais on n’avait peut-être pas la même détermination à l’époque, cette idée de les jouer pour les battre.

Aujourd’hui, on a des joueurs qui les côtoient, qui jouent contre eux pendant toute la saison, qui les connaissent, qui savent leurs points forts, leurs points faibles. Is connaissent tout ça. Nous à l’époque, les joueurs qui évoluaient à l’étranger, c’était en Euroleague. Donc l’approche est différente, même si nous aussi, en tant que joueurs, on avait bien sûr cette même envie de gagner.

Les forces de Team USA n’ont pas vraiment changé en 21 ans. En quoi l’équipe de France a évolué quant à elle ? Dans cette « proximité » avec les joueurs américains uniquement ?

Oui, ça fait partie des éléments qui ont fait évoluer cette équipe. Aujourd’hui, quand tu regardes Team USA, au niveau des valeurs physiques, athlétiques, ils sont encore vraiment au-dessus de nous. On a des joueurs qui évoluent là-bas et qui se rapprochent vraiment de ce qui se fait de mieux aux États-Unis. J’ai l’impression que ça réduit l’écart, chaque année un peu plus. C’est en tout cas ce qu’on essaie de faire, et c’est ce qui se passe sur le plan global. Le basket européen, le basket international essaie petit à petit de rattraper les Etats-Unis. Un jour, ça arrivera.

« Je ne pense pas que Vince Carter se rappelait de moi »

Vous incarnez le lien entre ces deux générations médaillées, est-ce que c’est un sujet de discussion que vous avez eu avec les joueurs, par rapport à votre parcours de 2000 et vos deux matchs face aux Etats Unis ?

On en a un peu parlé, mais pas plus que ça. On me posait quelques questions, sur la façon dont on avait abordé ce match en finale après avoir fait le même parcours qu’eux, à savoir retrouver en finale une équipe qu’on avait déjà eu à affronter en poules, la façon dont ça c’était déroulé à l’époque. Mais on n’a pas évoqué ça en détail particulièrement. Nos joueurs savaient ce qu’ils avaient à faire et ce qu’ils voulaient faire.

Vingt-et-un ans après votre finale olympique, il ne restait que deux « témoins » dans la salle pour la finale d’hier… Avez-vous aperçu votre ancien adversaire ?

Oui bien sûr, j’ai vu Vince Carter. Je l’ai aperçu rapidement, il était au bord du terrain (au poste de commentateur). Ça m’a fait sourire. J’y ai pensé surtout pendant la finale. Je me demandais s’il se rappelait qu’il y a 21 ans, on était au même endroit sur le même terrain en train de s’affronter… Je ne pense pas qu’il se rappelait de moi (rires).

Est-ce le joueur qui vous avait le plus « impressionné » à l’époque ?

Bien sûr. Il était sorti du lot parce qu’il avait réussi quelque chose d’extraordinaire sur ces JO. C’est pour ça qu’il nous avait marqués. Après, leur équipe de l’époque était aussi très belle, avec de nombreuses stars, donc ce n’est pas forcément facile de ressortir un mec. Quand tu rencontrais Team USA à l’époque, on en prenait un peu plein les yeux.

Et sur cette finale de 2021 ? Quel joueur américain vous aura le plus marqué ?

Il y a Kevin Durant, qui a été exceptionnel. Il marque pratiquement quand il veut, il fait la différence pratiquement quand il veut… Si tu ne le touches pas ou si tu ne le prends pas comme on a essayé de bien le faire, il peut te poser d’énormes problèmes. Après, il y avait aussi un joueur qui était très important pour eux, c’est Jrue Holiday. C’est un joueur qui ne fait pas de bruit, mais qui défend le plomb sur le meneur, capable de marquer des points, de tirer à 3-points, de pénétrer. On en parle moins parce qu’il est plus sobre, mais il y est pour beaucoup dans la médaille d’or obtenue par Team USA.

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