C’est l’invité surprise de ce stage de préparation à Pau, où il a joué cette saison, et la précédente.
Petr Cornelie connaît bien le Palais des Sports local, mais il apprend désormais à connaître ses nouveaux coéquipiers en Equipe de France, car il se pourrait qu’il fasse carrément le voyage à Tokyo.
« Les A étaient un objectif pour moi. Pas forcément dès cette saison, c’est sûr ! »
Après le forfait du titulaire du poste 4, Amath M’Baye (blessé), Petr Cornelie a pris la place de suppléant de Mathias Lessort (excusé) et il pourrait bien recevoir le dernier des douze tickets pour les prochains Jeux Olympiques par sa « complémentarité » dans l’effectif construit par Vincent Collet et son staff.
« C’est très simple, tout a changé pour moi à partir du moment où Amath a été mis sur la touche. Il y a eu question de le remplacer, et Mathias est aussi sorti du groupe. C’était finalement assez tôt dans la préparation. (…) Tout se passe très bien, je suis très content d’être là. C’est une opportunité de progresser encore un peu plus au travers de cette préparation avec l’Equipe de France, face à des joueurs qui sont tous Euroleague ou NBA. C’est top pour moi. »
Auteur de 14 points, 8 rebonds pour 17 d’évaluation, la meilleure chez les joueurs Français cette saison, déjà sa septième dans l’élite hexagonale, Petr Cornelie a mis le nez à la fenêtre… en pensant justement qu’il pourrait être invités à celles, internationales, qui ont eu lieu en cours de saison. Sans invitation de la Fédération, il a continué à travailler, ajoutant notamment 5 kg de muscle sur ses 2m11.
« Tout le travail que j’ai fait pendant la saison, tout ce que j’ai pu mettre en place, ça a payé. Au-delà de mes espérances, c’est sûr. Je suis extrêmement content et fier de cette progression mais j’essaie toujours de continuer à regarder vers le haut, voir ce que je peux aller chercher en plus. L’Equipe de France, c’est quelque chose de grand. J’avais déjà fait les équipes de jeunes et les A étaient un objectif pour moi. Pas forcément dès cette saison, c’est sûr. Mais c’était un objectif à terme. C’est une grande fierté d’être là mais je veux pas m’arrêter à ça. Il faut aller faire des résultats et je veux aider l’équipe le plus possible. »
« J’avais peut-être besoin de toucher le fond à un moment donné, malheureusement, pour me rendre compte de certaines choses »
Drafté il y a déjà cinq ans, Petr Cornelie a plusieurs fois traversé l’Atlantique pour se montrer en ligue d’été, avec les Nuggets qui détiennent encore ses droits, mais à chaque fois, sans véritablement convaincre. Plafonnant à 7 points et 5 rebonds de moyenne ces deux ou trois dernières saisons, entre Le Mans et Levallois puis un retour au Mans, il a semble-t-il eu le déclic l’été passé.
« J’avais peut-être besoin de toucher le fond à un moment donné, malheureusement, pour me rendre compte de certaines choses. J’avais besoin de mettre certaines choses en place, de travailler autrement, de changer mon approche. C’est ce qui a fait que ça a pris un peu de temps je pense. (…) Evidemment, [la NBA] est un objectif, que je n’ai pas encore oublié. Ce n’est pas parce que ça fait maintenant cinq ans que j’ai été drafté que c’est un objectif que j’ai remis au placard. En une année, tout peut changer. Je veux voir jusqu’où je peux aller. Je veux me donner toutes les chances d’exprimer mon plein potentiel. »
Pour ce faire, ce carton d’invitation reçu au dernier moment pour le stage olympique des Bleus est une bénédiction pour Petr Cornelie qui en profite à fond. Les yeux et les oreilles grand ouverts. « Il y a un niveau supérieur [à atteindre]. C’est une super opportunité pour moi d’apprendre au contact de joueurs qui ont plus d’expérience ou qui sont tout simplement meilleurs que moi. Car j’apprends d’eux sur le terrain mais aussi dans la vie de tous les jours dans des discussions, c’est un gros plus dont je profite. Mon idée est de progresser constamment, donc je prends ce stage comme une nouvelle étape. »
Passé de 9 points, 5 rebonds à 14 points, 8 rebonds sur ces deux dernières années à Pau, Petr Cornelie a fait du bruit toute la saison durant, avec un record en carrière à 27 points, plus 9 rebonds dans une défaite face à l’Asvel ou encore un énorme double-double à 14 points et 25 rebonds (!) pour battre Cholet en fin de saison.
« Mon objectif était d’être le joueur qui travaille le plus en France »
Beaucoup plus sûr de lui dans ses mouvements et ses prises de décision, il a passé un cap dans la régularité de ses performances. Une nette progression que l’ancienne pépite du Mans attribue à un plan échafaudé l’été passé et une bonne dose de travail !
« Pendant les cinq années de « galère », j’ai pu construire. J’avais travaillé avec plusieurs personnes, des préparateurs mentaux. Mais c’est cet été que j’ai vraiment voulu mettre un plan en place. Mais pas un plan avec des objectifs mais juste des actions, des actions à faire chaque jour. Mon objectif cette saison n’était pas d’intégrer l’Equipe de France, ou d’être la meilleure évaluation française de Jeep Elite ou quoi que ce soit… Je voulais progresser et donc travailler au maximum. Honnêtement, mon objectif était d’être le joueur qui travaille le plus en France. J’ai mis un gros, gros programme de travail en place sur toute l’année. J’ai pas mal bossé sur le terrain avec Jimmy Verove et en musculation avec Guillaume Alquier, le préparateur physique de l’Elan Béarnais. J’ai pris 4 ou 5 kg entre l’année dernière et cette année. Et puis, le travail technique fait avec Jimmy Verove me donne plus d’assurance et de confiance dans le jeu. Ça a été un cercle vertueux. »
De plus en plus responsabilisé dans son club, et enfin capable d’assumer lesdites responsabilités avec d’excellents pourcentages : 54% aux tirs et 43% à 3-points, Petr Cornelie a forcément mérité qu’on lui donne sa chance sur ce poste 4 en balance chez les Bleus. Il se tiendra prêt si le sélectionneur fait appel à lui.
Comme cela a été confirmé en cours de visioconférence, il devrait vraisemblablement être qualifié à l’annonce de la sélection lundi prochain, aux environs de midi.
« Ce qu’on attend de moi, c’est mon intensité, ma capacité à pouvoir courir sur le jeu rapide, sur les replis, prendre des rebonds. De bien utiliser ma taille et ma vitesse pour ma taille, de bien défendre. Je ne vais pas être trop responsabilisé en attaque parce qu’on a beaucoup de gars hyper talentueux dans le domaine. Mais sur la taille, la vitesse, les qualités athlétiques et ma capacité à prendre des rebonds. »
Propos recueillis par visioconférence