« Je leur ai donné ce match. Nous nous devons de les battre pour être quitte », c’est avec cette déclaration après la victoire à Indiana que Draymond Green avait donné le ton avant cette deuxième confrontation en six jours contre les Hornets. La première avait été marquée par un scénario rocambolesque, terminée par un tir au buzzer de Terry Rozier après deux fautes techniques, synonyme d’expulsion, sifflées au numéro 23 des Warriors alors que son équipe menait de deux points avec neuf secondes à jouer.
Sa saute d’humeur a évidemment fait jaser, mais quand Draymond Green se laisse dépasser par ses émotions, il ne lui faut généralement pas beaucoup de temps pour faire son mea culpa et rectifier le tir. Les excuses sont venues au lendemain du match à Charlotte. Les actes sont arrivés cette nuit face à la même équipe, cette fois au Chase Center de San Francisco.
« Ce n’était pas une revanche »
Agressif pendant toute la rencontre, Green a terminé avec son premier triple-double de la saison et 19 passes décisives, son nouveau record en carrière et plus haut total en NBA cette saison à égalité avec Chris Paul.
« Ce n’était pas une revanche », prévient l’intéressé. « Je me devais simplement de remettre les choses à l’endroit. Je ne pouvais pas oublier ce qui s’était passé la semaine dernière. »
Il est pour autant trop réducteur de résumer l’incident de la semaine dernière à un coup de sang d’un joueur coutumier du fait depuis ses débuts en NBA. Si Stephen Curry est le système des Warriors, Draymond Green en est ses rouages. Et quand il pète un plomb, c’est tout le circuit qui grille avec lui. C’est pour ça que Steve Kerr a volontairement et publiquement fustigé le manque de sang froid de son poulain samedi dernier. Draymond Green est trop indispensable à cette version des Warriors pour se permettre ce genre d’écart.
« C’est notre « glue » », le décrivait Kelly Oubre Jr après la rencontre. « C’est un leader naturel, altruiste, et avec beaucoup de fierté. C’est rare de voir un joueur comme lui qui peut jouer toutes les positions du poste 1 à 5 et qui arrive à dicter un match de cette façon. »
« Il a disséqué leur défense et il avait déjà six ou sept passes décisives la première fois que j’ai regardé les stats en premier quart-temps. Il a été fantastique », reconnaissait Steve Kerr. « Vous pouvez voir qu’il est en plein forme et qu’il est en train de retrouver son meilleur niveau. »
L’un des meilleurs passeurs de la NBA !
Depuis le début du mois de février, quand Green a annoncé qu’il avait besoin de deux semaines pour être physiquement au top, il a enregistré huit matchs à 10 passes décisives ou plus, avec des pointes à 15, 15, 16 et 19 ! Outre le fait qu’il soit de retour à son meilleur niveau, tout en continuant à terroriser les attaques adverses, pour lui ses statistiques démontrent avant tout la progression collective de Golden State.
« Ça veut dire que nous jouons de mieux en mieux », explique-t-il. « En début de saison, je voyais ou anticipais des choses que mes coéquipiers ne voyaient pas. Et on a encore une grande marge de progression mais nous commençons à comprendre comment jouer ensemble. L’énergie est différente. Tout le monde a une meilleure compréhension du plan de jeu, et de comment l’exécuter. »
La renaissance de Kelly Oubre Jr après deux premiers mois compliqués en est l’exemple parfait. Lors des 14 derniers matchs, l’ancien Sun tourne à 20,3 points par match à 50% de réussite et 44% à 3-points. Cette nuit, il a fini la rencontre avec 27 points dont un festival de dunks venus sur passes décisives de Green.
« Je lui ai dit, si tu coupes dans le dos de la défense je vais te trouver », confie Green avant de préciser qu’il y a une différence entre couper et couper au bon moment dans le flow de l’attaque.
Il lui a fallu du temps mais Oubre Jr s’est adapté au chaos que créent les courses incessantes de Stephen Curry. Et personne n’est plus à apte à trouver le meilleur shooteur de l’histoire ou les ouvertures qu’il crée pour ses coéquipiers que Draymond Green.
Une attaque unique
Steve Kerr expliquait d’ailleurs que les joueurs NBA sont habitués à un certain style de basket mais que l’attaque des Warriors, construite autour de la relation symbiotique entre Curry et Green, n’est pas habituelle. Elle est même unique en son genre. Il est difficile pour les défenses d’être à l’aise face à cette attaque mais il est aussi compliqué pour les néo-Warriors de s’acclimater à ce genre de jeu.
« Quand ça devient chaotique, c’est là que Draymond brille de milles feux grâce à sa vision du jeu et sa qualité de passe. Depuis quelques semaines, Kelly a d’ailleurs beaucoup progressé dans sa reconnaissance de quand et où il peut être ouvert en coupant vers le panier », notait le technicien.
Cette nuit, les Warriors ont pour la première fois de la saison gagné un troisième match de suite. Signe que le travail effectué depuis le début de la saison commence à payer. Fruit également du retour de Draymond Green à son meilleur niveau.
Son rôle de chef d’orchestre du chaos organisé de Golden State est malheureusement trop souvent relayé au second plan d’une personnalité explosive et d’une passion qui par moment peut dérailler. Pourtant, si vous tendez bien l’oreille, vous entendrez que son jeu est beaucoup plus bruyant que tout le reste.
Propos recueillis à San Francisco.
Draymond Green | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2012-13 | GOS | 79 | 13 | 32.7 | 20.9 | 81.8 | 0.7 | 2.6 | 3.3 | 0.7 | 2.0 | 0.5 | 0.6 | 0.3 | 2.9 |
2013-14 | GOS | 82 | 22 | 40.7 | 33.3 | 66.7 | 1.0 | 3.9 | 5.0 | 1.9 | 2.8 | 1.2 | 1.1 | 0.9 | 6.2 |
2014-15 | GOS | 79 | 32 | 44.3 | 33.7 | 66.0 | 1.4 | 6.7 | 8.2 | 3.7 | 3.2 | 1.6 | 1.7 | 1.3 | 11.7 |
2015-16 ☆ | GOS | 81 | 35 | 49.0 | 38.8 | 69.6 | 1.7 | 7.8 | 9.5 | 7.4 | 3.0 | 1.5 | 3.2 | 1.4 | 14.0 |
2016-17 ☆ | GOS | 76 | 33 | 41.8 | 30.8 | 70.9 | 1.3 | 6.6 | 7.9 | 7.0 | 2.9 | 2.0 | 2.4 | 1.4 | 10.2 |
2017-18 ☆ | GOS | 70 | 33 | 45.4 | 30.1 | 77.5 | 1.1 | 6.6 | 7.6 | 7.3 | 2.6 | 1.4 | 2.9 | 1.3 | 11.0 |
2018-19 | GOS | 66 | 31 | 44.5 | 28.5 | 69.2 | 0.9 | 6.4 | 7.3 | 6.9 | 3.0 | 1.4 | 2.6 | 1.1 | 7.4 |
2019-20 | GOS | 43 | 28 | 38.9 | 27.9 | 75.9 | 0.5 | 5.7 | 6.2 | 6.2 | 2.6 | 1.4 | 2.3 | 0.8 | 8.0 |
2020-21 | GOS | 63 | 32 | 44.7 | 27.0 | 79.5 | 0.9 | 6.3 | 7.1 | 8.9 | 3.1 | 1.7 | 3.0 | 0.8 | 7.0 |
2021-22 ☆ | GOS | 46 | 29 | 52.5 | 29.6 | 65.9 | 1.0 | 6.3 | 7.3 | 7.0 | 3.0 | 1.3 | 3.0 | 1.1 | 7.5 |
2022-23 | GOS | 73 | 32 | 52.7 | 30.5 | 71.3 | 0.9 | 6.3 | 7.2 | 6.8 | 3.1 | 1.0 | 2.8 | 0.8 | 8.5 |
2023-24 | GOS | 55 | 27 | 49.7 | 39.5 | 73.0 | 1.4 | 5.9 | 7.2 | 6.0 | 3.0 | 1.0 | 2.5 | 0.9 | 8.6 |
2024-25 | GOS | 68 | 29 | 42.4 | 32.5 | 68.7 | 1.1 | 5.0 | 6.1 | 5.6 | 3.2 | 1.5 | 2.6 | 1.0 | 9.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.