
Une meilleure hygiène de vie
Une des raisons principales de sa saison tout feu tout flamme, qui en fait un des candidats principaux au titre de MVP, c’est que EJoel mbiid est en meilleure forme physique. En tout cas, c’est ce qui se dit autour des Sixers. « Je pense qu’une majorité d’entre vous en fait tout un pataquès », souriait récemment le pivot, qui a toujours minimisé ce problème. « Mais si nous jouions mal, je suis sûr que tout le monde serait en train de dire : ‘Oh, il devrait être en meilleure forme !’ Mais on gagne, donc personne ne dit rien. » Avec sa réputation de vorace et de gourmand qui le précède depuis son année rookie, durant laquelle il avait pris 22 kilos en trois mois, ce qui avait forcé les membres du staff des Sixers à aller jusque dans son frigo pour lui fournir des aliments sains, Joel Embiid a des antécédents. Fini le temps des Shirley Temple et de la malbouffe pour le pivot camerounais, il a désormais un chef et un nutritionniste à sa disposition à temps plein, mais aussi toute une équipe dont un masseur et un kiné pour s’occuper de son corps au quotidien. La différence est notable chez le joueur qui a bien grandi depuis, en devenant notamment papa en septembre dernier. « Je veux juste faire tout ce que je peux pour prendre soin de mon corps et être capable de jouer vingt ans ici à Philly. » Fâché de ne pas avoir été nommé dans les meilleurs cinq de l’année la saison dernière, Joel Embiid avait fait le serment solennel de ne laisser aucun autre choix aux votants cette année. Et pour le coup, il délivre. Avec sa combinaison de puissance façon Shaq pour enfoncer ses adversaires, son adresse à mi-distance façon Ewing pour sanctionner des défenses trop lâches, et sa nouvelle capacité façon Olajuwon (voire Harden) pour aller chercher les fautes dans les bras de ses adversaires directs, Embiid fait fort cette saison. Très fort ! Il a effectivement le meilleur PER de la ligue, en gros l’évaluation statistique. Pour 6 centièmes, à 31.16, il devance effectivement Nikola Jokic, puis le double MVP en titre, Giannis Antetokounmpo (à 28).Une intersaison physique
Plus efficace offensivement avec ses meilleurs pourcentages en carrière, dont un bond de 48 à 55% de réussite aux tirs, et plus de lancers-francs que jamais, Joel Embiid a également progressé défensivement depuis l’arrivée de Doc Rivers. De 4 fautes commises en moyenne en carrière, il tourne cette saison à moins de 3. Plus raisonnable et plus en retenue, le pivot star des Sixers peut rester sur le terrain un peu plus longtemps, et surtout se préserver pour les derniers quarts-temps, durant lesquels Philadelphie est tout simplement la meilleure équipe de la Ligue, avec un différentiel positif de plus de 12 points dans ces ultimes périodes. S’il contre peut-être un peu moins que par le passé (1.3 contre seulement, comme la saison passée), Joel Embiid est pour le coup plus efficace dans la contestation des tirs adverses. En fait, ses adversaires shootent à moins de 38% de réussite en dernier quart-temps quand le pivot rôde. Le rempart ultime ! Il faut dire que la routine de son intersaison a été plutôt exigeante, voire draconienne. Ça consistait à faire de la vidéo d’abord, pour observer et décortiquer un mouvement en particulier. Puis de le mettre en pratique sur le terrain, dans un premier temps sur demi-terrain, puis enchaîner avec des courses de chaque côté du terrain dans un deuxième. La dernière étape était de reproduire ce mouvement, le plus précisément possible, mais en s’envoyant des sprints pleine balle entre les deux paniers, en ajoutant parfois un défenseur sur ses remontées de terrain balle en main. Sans rééducation ou période de repos à observer, pour la première fois de sa carrière, Joel Embiid et son équipe ont pu se donner à fond, sans arrière-pensée… « On bossait jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus en gros », expliquait Drew Hanlen pour Five Thirty Eight. « Parfois, je me faisais, non pas insulter, mais on me disait que l’on chargeait un peu trop. Mais c’était lui qui voulait continuer à bosser. »La prochaine étape : les passes
À voir sa réussite actuelle, un brin revanchard à 29 points, 11 rebonds, 3 passes, plus d’une interception et un contre par match, Joel Embiid a bien retenu la leçon. L’ancien colosse aux pieds d’argile est désormais une machine de guerre parfaitement préparée pour durer, et briller quand ça compte, dans le « crunch ». « S’il est dans une meilleure posture, alors il joue avec ses hanches plus bas, il est dans une meilleure position pour tirer », ajoute Drew Hanlen. « Quand il part en dribble, il est plus bas sur ses appuis aussi et il peut mieux absorber les chocs et avancer malgré les contacts. Il ne s’agit pas de lui permettre de courir plus longtemps, mais plutôt de courir dans une meilleure position pour faire ce qui fait de lui un grand joueur. Maintenant, il arrive à rester dans cette posture pendant tout le match. » Mieux entouré (de shooteurs) grâce à l’efficacité de Daryl Morey qui n’a pas tardé à se mettre en action dans la cité de l’amour fraternel, Joel Embiid rayonne cette saison. Dans une vidéo récemment publiée par The Ringer, le pivot camerounais est comparé à Hakeem Olajuwon et Tim Duncan, deux intérieurs qui ont construit leur carrière sur leurs prouesses défensives, leur jeu de jambes et leurs fondamentaux impeccables, mais aussi sur leur jeu face au panier au poste bas.Son meilleur match de la saison à 45 points, 16 rebonds, 4 passes :
Ses higlights défensifs de la saison :
Joel Embiid | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2016-17 | PHL | 31 | 25 | 46.6 | 36.7 | 78.3 | 2.0 | 5.9 | 7.8 | 2.1 | 3.6 | 0.9 | 3.8 | 2.5 | 20.2 |
2017-18 ☆ | PHL | 63 | 30 | 48.3 | 30.8 | 76.9 | 2.3 | 8.7 | 11.0 | 3.2 | 3.3 | 0.6 | 3.7 | 1.8 | 22.9 |
2018-19 ☆ | PHL | 64 | 34 | 48.4 | 30.0 | 80.4 | 2.5 | 11.1 | 13.6 | 3.7 | 3.3 | 0.7 | 3.5 | 1.9 | 27.5 |
2019-20 ☆ | PHL | 51 | 30 | 47.7 | 33.1 | 80.7 | 2.8 | 8.9 | 11.6 | 3.0 | 3.4 | 0.9 | 3.1 | 1.3 | 23.0 |
2020-21 ☆ | PHL | 51 | 31 | 51.3 | 37.7 | 85.9 | 2.2 | 8.4 | 10.6 | 2.8 | 2.4 | 1.0 | 3.1 | 1.4 | 28.5 |
2021-22 ☆ | PHL | 68 | 34 | 49.9 | 37.1 | 81.4 | 2.1 | 9.6 | 11.7 | 4.2 | 2.7 | 1.1 | 3.1 | 1.5 | 30.6 |
2022-23 ★ | PHL | 66 | 35 | 54.8 | 33.0 | 85.7 | 1.7 | 8.4 | 10.2 | 4.2 | 3.1 | 1.0 | 3.4 | 1.7 | 33.1 |
2023-24 ☆ | PHL | 39 | 34 | 52.9 | 38.8 | 88.3 | 2.4 | 8.6 | 11.0 | 5.6 | 2.9 | 1.2 | 3.8 | 1.7 | 34.7 |
2024-25 | PHL | 19 | 30 | 44.4 | 29.9 | 88.2 | 1.9 | 6.3 | 8.2 | 4.5 | 2.2 | 0.7 | 3.3 | 0.9 | 23.8 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.