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Le 10 novembre 1990, les Nuggets prennent 107 points… en une mi-temps

NBA – Au début de la saison 1990/91, les Nuggets avaient décidé de pratiquer un basket complètement débridé où l’objectif était de shooter le plus vite possible. Un échec retentissant.

Les Nuggets, une attaque folleAprès dix saisons sous la coupe de Doug Moe, les Nuggets changent de fusil d’épaule pendant l’été 1990.

Le « Coach Of The Year » 1988 a permis à Denver de posséder la meilleure attaque de la NBA six fois en dix ans, mais les dirigeants en veulent plus, et ils décident de recruter Paul Westhead, le coach de l’université de Loyola & Marymount. Ce n’est pas un inconnu en NBA puisque c’est lui qui avait mené les Lakers au titre en 1980 avec Magic Johnson déplacé au poste de pivot dans le Game 6 des Finals face aux Sixers. Ce sera son seul fait d’armes en NBA puisqu’il sera coupé deux ans plus tard, remplacé par Pat Riley, et son passage aux Bulls sera un échec.

Finalement, c’est en NCAA avec Loyola & Marymount qu’il marque les esprits. Son style de jeu : le « run and gun » à fond ! Sous ses ordres, on trouve le regretté Hank Gathers et Bo Kimble, et l’université fait trembler toute la NCAA avec ce style de jeu hyper offensif et cette pression tout-terrain pour vite se projeter vers l’avant.

C’est dangereux et approprié au basket universitaire, mais c’est ce qui séduit les Nuggets et voici ce qu’il annonce en début de saison : « On prend la balle, on remonte le terrain et on tire en moins de six secondes. C’est le système idéal pour l’effectif de cette saison. »

153 points encaissés en moyenne après six matches

On y retrouve le rookie Chris Jackson (qui deviendra Mahmoud Abdul-Rauf) mais aussi le lutin Michael Adams ou encore les vétérans Orlando Woolridge et Walter Davis. Sur le papier, il n’y a effectivement que des attaquants…

Résultat : les Nuggets débutent par cinq défaites de suite lorsqu’ils se déplacent le 10 novembre 1990 à Phoenix, une formation qui mise aussi tout sur l’attaque. À l’époque, la presse se demande qui de Phoenix ou de Denver sera la première formation à atteindre les 200 points sur un match.

Un embryon de réponse à la mi-temps de ce Phoenix – Denver avec un score surréaliste de… 107 à 67 pour les Suns de Cotton Fitzsimmons, bien parti ce soir-là pour remporter son 700e match en carrière. 107 points, c’est le nouveau record de points inscrits dans une première mi-temps. L’ancien record datait du 7 novembre, soit trois jours plus tôt, et il était la propriété des… Nuggets avec 90 points face aux Spurs.

La boucherie se calmera en seconde période, mais les Suns vont finalement s’imposer 173-143, et la marque des Suns est encore aujourd’hui le plus gros total de points pour un match sans prolongation, à égalité avec les Celtics de 1959. Le tout sans inscrire le moindre 3-points ! En revanche, pas de record pour le nombre de points cumulés, puisqu’il appartient aux Warriors et aux Nuggets qui s’étaient séparés sur le score de 162-158… huit jours plus tôt ! Après six matches, les Nuggets encaissent en moyenne 153 points par match…

« Ils prennent des tirs ouverts, et on fonce marquer de l’autre côté » expliquera Tom Chambers, l’ailier All-Star des Suns. « À chaque fois qu’on prenait un tir extérieur, le coach nous criait dessus. » Auteur de 23 points et 17 passes, Kevin Johnson demandera à sortir à cause d’un point de côté dès le deuxième quart-temps ! « Vous savez, comme lorsqu’on est enfant, et qu’on court trop » racontera le meneur des Suns.

C’est du hourra basket, à celui qui marquera plus de points que l’autre, et ça désole tout le monde en NBA. Coach des Spurs, Larry Brown résumera ce basket en un mot : « Ugly » (moche). Du côté des joueurs, on y croit. La preuve avec le pivot Blair Rasmussen : « On sait que les gens se marrent, mais on verra bien qui rira le dernier. » Meilleur marqueur du match avec 40 unités, le regretté Orlando Woolridge a une idée de l’origine des moqueries : « Beaucoup de gens critiquent ce système pour une raison simple : ils ne veulent pas que ça marche. Parce que si c’est le cas, ils se préparent à vivre des moments difficiles. »

« Quand ça marche, ça ne donne pas 1+1 = 2 mais 1+1 = 7 »

Assistant des Suns, avant d’en devenir coach quelques années plus tard, Paul Westphal résumera bien la rencontre : « Pour nous, c’était un match comme un autre. Le jeu est tellement rapide que les points n’ont plus de sens. Par leur manière de jouer, ils incitent à prendre des layups, et c’est très bien pour nous. On a plein de joueurs rapides, et ça colle à notre style. Quant à eux, je ne pense pas que ce soit une bonne équipe, et n’importe quel système dépend des joueurs qu’on possède. Aujourd’hui, pour moi, ils ressemblent à une « expansion team ». Ils se sont débarrassés de deux All-Stars, Alex English et Fat Lever. »

Finaliste NBA, Portland sera perturbé par ce basket atypique. « C’est effrayant car on ne sait pas à quoi s’attendre » avouera Rick Adelman, le coach des Blazers. « C’était vraiment difficile à jouer, et à expliquer. »

Mais Paul Westhead va insister. « C’est une stratégie à haut risque car elle crée des problèmes à haut risque chez les adversaires » expliquait-il cette année-là. « L’idée est de jouer ultra-vite en attaque et de défendre ultra-vite, pour que ça fasse coup double. Quand ça marche, ça ne donne pas 1+1 = 2 mais 1+1 = 7. »

Et comme ça ne fonctionnera pas, les Nuggets finiront la saison avec 20 victoires pour 62 défaites, et la pire défense de la NBA avec près de 131 points encaissés par match.

C’est face à ces Nuggets que Scott Skiles établira le records de passes avec 30 passes… Maigre consolation, Denver terminera aussi avec la meilleure attaque de la NBA avec 119.9 points par match. C’est moins que les Nuggets version Doug Moe qui avaient l’habitude de dépasser les 120 points de moyenne, et même d’atteindre 126.5 points par match en 1982 !

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