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Portrait | Jimmy Butler, le parcours d’un vrai combattant

NBA – De Tomball à South Beach, le All-Star (33 ans, ce 14 septembre) a su éviter plus d’une embûche sur son parcours du combattant, avant de devenir un des meilleurs joueurs de la ligue.

Durant la première mi-temps du Game 3 des Finals 2020, LeBron James et Jimmy Butler sont en grande discussion. À 2-0 dans la série, King James s’aventure à lâcher un « vous êtes dans la merde » à Jimmy Butler. Mauvais choix !

Décisif en dernier quart-temps, Jimmy Butler a renvoyé son « trash talking » à LeBron James : « Non, vous êtes dans la merde ! ». « Je ne suis pas sur le terrain pour faire du trashtalking », commentera-t-il après le match. « LeBron m’a dit ça à la fin du premier quart. C’est ça qui s’est passé. Et je lui ai renvoyé en dernier quart. »

Malgré la future victoire des Lakers (4-2) dans cette série, il n’y aura pas de coup de balai en finale NBA. Et c’est grâce à Jimmy Butler.

« N’écrivez pas quelque chose pour que les gens aient pitié de moi »

L’histoire de Jimmy Butler commence à être connue des fans de basket. Gamin pauvre de Tomball, au nord de Houston, le jeune Jimmy ne vit pas la grande vie. Abandonné par son père routier peu après sa naissance, il vit dans la précarité avec sa mère.

Jusqu’à ses 13 ans où, après une violente dispute avec sa mère, le petit Jimmy est abandonné à lui-même.

« Son histoire est l’une des plus incroyables que j’ai pu voir durant ma carrière », confiait un GM en 2011. « Il y a eu tellement de moments dans sa vie où il a été poussé vers l’échec. Et à chaque fois, il a renversé des montagnes. Quand vous lui parlez, même s’il ne veut pas trop évoquer sa vie privée, vous avez juste le sentiment que ce gamin a de la grandeur en lui. »

Généreusement recueilli par la famille d’un ami, Jordan Leslie, Jimmy Butler squatte les canapés de plusieurs familles à Tomball, dont Jermaine Thomas. « Il y avait des fois où on devait faire avec 10 dollars pour manger toute la semaine, pour nous deux », se souvient Jermain Thomas pour Sports Illustrated. « On mangeait un paquet de chips et un Gatorade chaque jour. »

Mais c’est bien chez les Leslie/Lambert que Jimmy Butler va trouver la chaleur du foyer qui s’échappait à lui. Expliquant qu’il restait à l’étage, dans la chambre de son copain Jordan, pour ne pas être vu (et ne pas déranger), le jeune Jimmy va petit à petit retrouver un équilibre.

Devenant le huitième gamin de la maisonnée, il s’est bien volontiers plié aux obligations domestiques, tout en acceptant d’améliorer ses notes à l’école et de devenir un modèle pour ses nouveaux frères et soeurs. « S’il vous plaît, je sais que vous allez écrire un truc sur moi, je vous le demande, n’écrivez pas quelque chose pour que les gens aient pitié de moi », demandait-il à Chad Ford en 2011. « Je déteste ça. Il n’y a rien sur quoi s’apitoyer. J’aime ce qui m’est arrivé. Ça a fait de moi ce que je suis. Je suis content d’avoir affronté tout ça. S’il vous plait, que vos lecteurs n’aient pas pitié de moi. »

Forcément marqué par ce double abandon de ses parents à un très jeune âge, Jimmy Butler abhorre effectivement plus que tout qu’on ait pitié de lui. Au Bleacher Report, il déclarait notamment que : « Ça a été exagéré de manière disproportionnée, fois mille. Je ne vivais pas non plus sous un pont, ça, c’est être sans domicile. Ou à un coin de rue à demander des pièces, ce n’était pas ça non plus. Je ne vais pas dire que c’était une période facile, ne vous méprenez pas, mais j’avais une maison. Voire plusieurs maisons. J’avais des gens autour de moi, j’adore Tomball pour ça. »

Soutenu par sa communauté d’amis, Jimmy Butler a tenu bon durant la période du lycée. Mais, malgré 20 points et 9 rebonds de moyenne durant son année senior au lycée de Tomball, il ne reçoit pas d’offres d’universités locales.

Mississippi State aurait été intéressé, mais sans aller jusqu’à lui proposer une bourse scolaire. Du coup, sans avoir l’embarras du choix, c’est à Tyler Junior College, dans le Nord du Texas, qu’il décide de poursuivre son rêve. « C’est littéralement comme ça que je vis : au jour le jour », déclarait alors le jeune Jimmy. « La NBA est un de mes objectifs. Mais je n’y suis pas encore. Je ne peux pas me permettre de relâcher ma concentration. »

Le coup de fil de Marquette

Peu, voire pas du tout, recruté à sa sortie du lycée, Jimmy Butler doit donc emprunter les chemins de traverse pour poursuivre son rêve de NBA. Le chaînon manquant est alors Joe Fulce, un joueur qui s’était engagé à la fac de La Nouvelle-Orléans pour jouer sous la direction de Buzz Williams en 2007. Mais Williams ne restera qu’un an en Louisiane afin de rejoindre le staff de Tom Crean à Marquette. Au lieu de NOLA, Joe Fulce atterrira ainsi à Tyler Community College. Où son collègue de chambrée se nommait Jimmy Butler…

« J’ai appelé Joe pour lui faire savoir que je venais d’être nommé head coach, et Joe m’a demandé si je ne voulais pas signer Jimmy », se souvient Buzz Williams sur CBS Sports. » Je lui ai répondu : je ne sais pas, qu’est-ce que tu en penses ? Il m’a dit qu’il était bon et j’ai alors accepté car, bien sûr, on peut signer sept joueurs. Il me l’a alors passé au téléphone et j’ai discuté un peu avec lui. ‘Hey, Jimmy, tu veux venir à Marquette’ et il a dit : ‘Oui, monsieur, je veux venir’. OK, je t’envoie les papiers. Le jour de la signature était la semaine suivante, le 15 avril, et Jimmy est allé au McDonald’s pour faxer sa lettre. »

Incrédule dans la voiture garée sur le parking du McDo local, Jimmy Butler, alors meilleur marqueur de son équipe avec 18 points, 8 rebonds et 3 passes de moyenner à Tyler JuCo, voit un premier de ses rêves se réaliser : « Je vais pouvoir aller à l’université, et obtenir un diplôme. C’était un de mes rêves, un de mes objectifs. »

Naïf, Jimmy Butler débarque dans le Wisconsin en provenance du Texas, sans doudoune ou manteau d’hiver. Un sacré changement climatique pour le Texan au sang chaud. Jimmy Butler détonne dans le paysage de Marquette.

« Un jour, il portait une grenouillère rose, et le suivant, il portait des bottes et un chapeau de cowboy », sourit Junior Cadougan. « Il portait ce pyjama rose toute la journée, en classe comme à l’entraînement. Un autre jour, il pouvait arriver en portant ses vêtements de skateboard, et le suivant, il avait ses ongles peints en noir. » 

Un tantinet Dennis Rodman pour les choix discutables de garde-robe, Jimmy Butler a également conservé son franc-parler et les bravades : « Il utilisait le mot putain comme adjectif, verbe, adverbe, nom et pronom », se marre Rob Frozena, son coéquipier.

« J’ai une vidéo de Jimmy lors de notre saison junior », rappelle l’actuel joueur de Nanterre, Dwight Buycks. « On avait une salle informatique dans les dortoirs et il fallait qu’on finisse un devoir pour une classe. Et ce gars-là était en bottes de cowboy, avec le chapeau, un jean bien serré – Wranglers – et une chemise à manches longues boutonnée jusqu’en haut. Je l’ai mis au défi de porter ça toute la journée sur le campus. Et il l’a fait ! »

Barré par Wes Matthews lors de sa première année à Marquette, Jimmy Butler va par contre devenir un joueur complet pour ses saisons junior et senior, avec autour de 15 points, 6 rebonds et 2 passes par match. Mais ça ne s’est pas fait en un claquement de doigts.

À vrai dire, c’est à Marquette, sous l’autorité inflexible de Buzz Williams (lui aussi un dur à cuire) que Jimmy Butler s’est forgé sa nouvelle identité. « Le Jimmy que tout le monde connaît maintenant n’est pas celui qu’on a vu arriver ici », se souvient Dale Layer, l’assistant coach de Marquette à l’époque. « C’était l’anti-Jimmy. Il était crevé, hors de forme. Il a même essayé d’abandonner sept ou huit fois. Après un entraînement, il est venu me voir pour me dire qu’il arrêtait. Et je lui disais simplement : reviens demain. Et il voulait encore arrêter : Buzz me fait trop courir. Mais c’est parce que tu es un bon joueur, Jimmy, mais tu n’es pas en forme et pas suffisamment dur. Deux jours plus tard, il revient encore à la charge : je suis de nouveau prêt à tout arrêter. Qu’est-ce qui ne va pas maintenant, Jimmy ? Je n’arrive pas à trouver des grits. On est à Milwaukee, il n’y a pas de gru [une purée de maïs moulu] ici. Je lui ai alors dit de venir à la maison et ma femme lui a cuisiné des « grits » pour le petit déjeuner. »

Enfant du Sud des Etats-Unis s’il en est, par ailleurs grand amateur de musique country, Jimmy Butler a dû se réinventer dans le Wisconsin et ses hivers interminables. Sous la houlette de Buzz Williams, l’ailier maigrelet s’est transformé en joueur complet. Non sans heurts à l’instar de leur première rencontre.

« Il m’avait dit que j’étais nul à chier », se marre Jimmy Butler. « Que j’étais juste bon à faire le show. Que je me souciais seulement de moi et qu’il me montrerait comment faire si jamais je jouais pour lui. »

D’abord envoyé au charbon sur des missions défensives, notamment face à Marshon Brooks de Providence, ou Kemba Walker de UConn, Jimmy Butler finira par être une des options principales de l’attaque de Marquette. Un sacré tour de force pour le gamin de Tomball au shoot tordu…

« Les habitudes ont changé Jimmy », conclut Layer Tdans he Athletic. « Jimmy a tout de suite accepté les habitudes de Buzz et elles sont devenues les siennes. C’est ça qui l’a changé. Il n’y a aucune raison que Jimmy Butler soit un des dix meilleurs joueurs du monde, sinon qu’il ait changé ses habitudes pour devenir aussi dur qu’il l’est aujourd’hui. »

Le sans-grade à Chicago

Sélectionné à la 30e position, le dernier choix du premier tour lors de la Draft 2011, Jimmy Butler connaît une saison rookie des plus discrètes. Moins de 3 points par match en moyenne en 42 apparitions. Derrière Luol Deng et Richard Hamilton, voire Ronnie Brewer, le rookie en provenance de Marquette est scotché sur le banc à observer les exploits de Derrick Rose, élu MVP l’année quand arrive Jimmy Butler en NBA.

« Quand je suis arrivé chez les Bulls, je ne savais pas si j’allais passer le cap des deux ans », narrait Jimmy Butler dans un article du légendaire Sam Smith sur le site des Bulls. « Je regardais Derrick Rose, Luol Deng, des gars que je considérais en grandissant comme parmi les meilleurs au monde. Je me suis adapté et j’ai trouvé un moyen de m’accrocher et de devenir correct, garder ma tête au-dessus de l’eau. Je me suis dit que je devais continuer à travailler dur et continuer à vivre comme si je voulais ne pas me noyer pour rester là. »

Parfaitement préparé à l’amour vache d’un coach par Buzz Williams chez les Golden Eagles, Jimmy Butler retrouve la même dynamique avec Tom Thibodeau à l’étage supérieur. Surtout, sa volonté et son éthique de travail commencent à charmer tout le monde dans la franchise de l’Illinois.

« Certains joueurs tombent amoureux des résultats obtenus, mais Jimmy adore le processus », précise Adrian Griffin, coach assigné à Jimmy Butler pour son année rookie à Chicago.

Tout en bas du totem pour son année de débutant, Jimmy Butler commence à gravir les échelons pour sa deuxième campagne. AÀ plus de 8 points et 4 rebonds par match, le Texan de naissance prend de plus en plus de responsabilités.

C’est même au milieu de la saison 2012-13, à la faveur d’une blessure de Luol Deng que Jimmy Butler obtient sa chance. Titularisé à la fin janvier, il profite de l’énorme vide laissé par la blessure de Derrick Rose, alors « out » pour la saison avec sa blessure au genou. L’arrière/ailier inscrit 18 points pour son premier match dans le cinq majeur mais c’est lors des playoffs, face à Brooklyn, que Jimmy Butler va s’établir pour de bon dans la Grande Ligue.

Il enchaîne trois matchs à 16, 18 et 17 points pour éliminer les Nets de Deron Williams et Brook Lopez, pourtant mieux classés. Jimmy Butler enfonce le clou lors du Game 1 du tour suivant, avec 21 points et 14 rebonds pour renverser le Heat du « Big Three » : LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh.

Si Miami finira par remporter les quatre matchs suivants, et donc la série, Jimmy Butler a marqué les esprits.

« J’ai toujours dit que seule ton opinion personnelle est importante. Si tu penses que tu vas y arriver, c’est tout ce qui compte. Si tu commences à écouter les autres, leurs doutes, et que tu commences à douter, tu vas ajouter des sentiments mitigés dans ta boîte. Tous tes rêves sont dans ta boîte, donc quand tu y mets la main, tu retires forcément un truc qui te rend heureux car tout ça, c’est toi. C’est ta vie. »

C’est durant l’été 2014 que Jimmy Butler a véritablement changé de statut. Passé de 13 points et 5 rebonds à 20 points, 6 rebonds et 2 passes de moyenne, il a non seulement été récompensé du titre de Most Improved Player mais il a tout simplement franchi un cap dans sa carrière, devenant All-Star pour la première fois.

Comme Clark Kent à qui il se compare subrepticement, Jimmy Butler ne veut cependant pas se reposer sur ses lauriers, ou se prélasser dans sa nouvelle célébrité. « C’est une sorte de Dieu ou quelque chose comme ça mais il n’abuse pas de son pouvoir. Il ne veut pas de la célébrité. Il pourrait se balader avec sa cape s’il le voulait, mais non. Il veut être un être humain comme les autres. Il bosse en tant que reporter et se cache derrière des lunettes. Mais, quand c’est le moment d’enfiler la combinaison, comme moi quand j’enfile mon short et mon maillot en NBA, c’est le moment de bosser. Une fois que c’est fini, je reviens à ma vie normale. »

Il faut dire que, durant l’été, Jimmy Butler s’est contraint à un régime ascétique. Plus de télé, plus d’internet. Trois entraînements par jour et des sessions vidéos à n’en plus finir pour étudier le jeu de ses adversaires, mais pas que. Michael Jordan, Kobe Bryant et Tracy McGrady (son idole de jeunesse) font partie des superstars analysées au peigne fin. Comme ces glorieux prédécesseurs, Jimmy Butler sait que c’est le travail effectué hors-caméra, durant l’été, qui fait et défait les stars de la NBA.

« Le boulot que je fais à la salle, quand on retourne la bouteille, quand on allume les lumières, c’est ça qui va sortir. Si je bosse comme un fou, je n’ai rien à craindre. Si tu ne bosses pas à fond, c’est là que tu vas être nerveux au moment du match. Je ne suis pas nerveux », expliquait Jimmy Butler sur ESPN. « Les gens me demandent si je ressens la pression mais je ne la ressens pas. Je travaille incroyablement dur. Je ne pense pas d’ailleurs qu’il y ait trop de joueurs qui bossent plus dur que moi. Buzz m’a toujours prêché ça et ça résonne encore dans ma tête. J’ai ça en tête partout où je vais. Il m’a aidé à devenir l’homme que je suis aujourd’hui. »

Alors en fin de contrat avec les Bulls, Jimmy Butler décide pourtant de ne pas accepter une prolongation de 44 millions de dollars sur quatre ans. Il parie sur lui-même, et sa préparation d’enfer de l’été. Et pour cause, les fruits ne tardent pas à tomber. Foisonner même.

Au lieu de 44 millions, il va finalement signer un nouveau contrat de 92 millions avec les Bulls, de quoi se soigner avec l’achat d’un 4×4 Bentley et d’un appartement à 4 millions de dollars dans un quartier huppé de Chicago. Mais toujours pas pour changer la mentalité du bonhomme de Tomball.

« Jimmy ne se voit pas comme un joueur NBA de haut niveau », ajoute Buzz Williams. « Il se dit toujours : je dois continuer à progresser aujourd’hui ou demain, je n’aurais pas de quoi manger. »

Le patron des Bulls

2015 est certes l’année de la révélation pour Jimmy Butler mais c’est une sacrée page qui se tourne autour de lui, dans la franchise des Bulls. Tom Thibodeau se fait effectivement limoger après la défaite face aux Cavaliers en playoffs, et Derrick Rose va vivre sa dernière saison à Chicago, une ultime campagne minée par les blessures.

Après le départ de Tom Thibodeau, les choses n’étaient plus les mêmes à Chicago. Malgré un effectif solide avec des vétérans comme Pau Gasol, Kirk Hinrich et Mike Dunleavy, les Bulls ne décollent pas avec Fred Hoiberg.

Pire, l’ambiance commence à dégénérer en coulisses. Jimmy Butler ne s’y retrouve plus. Après une défaite en 2015, face aux Knicks en plus, il dégoupille : « On doit être coaché plus durement ».

« Si tu ne viens pas ici énervé après avoir perdu un match, il y a un truc qui ne tourne pas rond avec toi. C’est ton boulot. C’est ce que tu es censé adorer faire, et je ne pense pas que tout le monde voit ça comme ça. Je veux jouer avec des gars qui aiment le jeu, qui jouent dur et qui veulent faire avancer cette franchise. Des gars qui veulent gagner des matchs et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour gagner. Je ne crois pas que ce soit le cas ici. Vraiment pas. »

Privés de playoffs pour la première fois de sa carrière NBA, Jimmy Butler n’apprécie pas la mollesse de ses coéquipiers. Compétiteur intransigeant, il ne peut pas se faire à l’idée que d’autres joueurs ne soient pas capables de faire l’investissement physique (et mental) que lui réalise quotidiennement depuis ses 16 ans.

« Je suis devenu un joueur décent dans cette ligue. Je n’avais pas grand-chose à dire du tout quand je suis sorti de la fac. Je ne pense pas que mes 0,2 point par match pouvait faire la différence entre perdre et gagner. Mais avec 20 points par match, ça peut faire la différence. J’ai toujours voulu gagner. »

C’est alors que sa relation avec les Bulls commence vraiment à se fissurer. La saison suivante ne sera pas beaucoup mieux malgré la double arrivée de Dwyane Wade et Rajon Rondo. Trouvant en Dwyane Wade un mentor, Jimmy Butler a par contre perdu beaucoup de ses alliés dans la franchise, dont Tom Thibodeau mais aussi Joakim Noah, alors aux Knicks.

Devenu bougon, se plaignant de ses coéquipiers immatures à Dwyane Wade, Jimmy Butler devient une superstar grassement payée… mais qui ne gagne plus. Et plus important encore, plus autant qu’il l’espérait. Tout l’inverse de ce que Jimmy Butler était à son arrivée en NBA, et de ce qu’il veut plus que tout représenter.

« Si je trouve que tu ne fais pas ce que tu fais au meilleur de tes capacités, je vais te le faire savoir, pour sûr », assénait-il sur ESPN en 2017. « Et je ne vais pas m’embarrasser de sentiments. Je vais te mettre la honte. Pour moi, ça vient avec ce boulot car tu gagnes beaucoup d’argent. Si je ne fais pas mon boulot sur le terrain, les médias ne vont pas manquer de me critiquer. Je serai tes médias. »

S’affichant bientôt dans les magazines people aux côtés de Mark Wahlberg, avec qui il noue une forte relation d’amitié, Jimmy Butler cultive alors son image de dur. Mais aussi de star. Le jeune rookie des Bulls s’est fait un nom.

« C’est un tel playboy maintenant », rigolait alors Taj Gibson. « Quand je l’ai rencontré pour la première fois, il était timide. Maintenant, c’est un homme à femmes. Il ne dit pas grand-chose, mais les mots qu’il prononce sont impeccables. Cette manière qu’il a de dire : « Hey, comment ça va ? », c’est un début et une fin dans la même phrase. »

L’alpha de Minnesota

Arrivé dans le Minnesota à l’été 2017, pour faire le lien entre Tom Thibodeau et la jeune meute de loups déjà en place, Jimmy Butler va encore asseoir son statut, de nouveau All Star avec sa nouvelle équipe. Mais il va aussi rapidement se rendre compte que les Towns, Wiggins et compagnie ne partagent pas la même philosophie que lui (et Thibs).

Silencieux et à l’écoute dans un premier temps, Jimmy Butler va graduellement se désolidariser du reste de l’équipe en cela que ses attentes, et ambitions, étaient mises à mal par l’éthique de travail générale des Wolves. Selon The Athletic, Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins bossent pourtant dur sur le jeu, mais avant tout offensif…

Jimmy Butler voulait les convertir à la pratique défensive de Tom Thibodeau. Au lieu de ça, Karl-Anthony Towns évoquait souvent la manière dont il défendait avec Kentucky (et leurs deux cinq interchangeables) lors de leur saison historique à 38 victoires pour 1 défaite. De quoi faire monter la tension côté Jimmy Butler…

« Tout le monde se contrefout de ce que tu faisais à la fac une fois que tu es en NBA », racontait récemment une source proche des Wolves. « Karl n’a pas réussi à comprendre que tout le monde peut sembler bon au niveau universitaire. Regardez Carmelo, il a remporté le titre à Syracuse et en NBA, il est représenté comme un loser par certaines parties du grand public. KAT n’a même pas gagné avec Kentucky. »

Plus que le fameux entraînement d’octobre, durant lequel Jimmy Butler défendait directement sur Karl-Anthony Towns – et n’aurait même scoré qu’un panier, clos sur la tirade non moins fameuse « Vous avez besoin de moi, vous ne pouvez pas gagner sans moi » dirigée au GM Scott Layden, c’est après le match du 12 décembre face à Philadelphie (sa future équipe) que Jimmy Butler a passé le point de non-retour avec la jeune troupe des Wolves.

« J’investis tellement dans ce jeu, je joue seulement pour gagner. Je ne joue pas pour les stats ou les récompenses. Parfois, je reconnais que je me perds dans la manière dont certains joueurs ne sont pas construits comme moi. Parfois, je regarde autour de moi et je ne comprends pas pourquoi vous n’aimez pas vous améliorer comme j’aime ça. »

Après avoir vu Joel Embiid dominer Karl-Anthony Towns, avec le « trashtalking » qui va avec pour asseoir cette humiliation, Jimmy Butler a définitivement pris les choses à son compte. De 17 points, 5 rebonds et 4 passes (22.4% d’Usage Rate) avant ce match, il est passé à 24 points, 5 rebonds et 5 passes (à 26% d’Usage Rate) après.

Sa blessure au genou le 23 février suivant confirmera sa décision irrévocable de quitter le Minnesota à la première occasion possible car Jimmy Butler ne pourra qu’assister à la déliquescence des Wolves, passés de la 4e à la 8e place à l’Ouest en son absence (8 victoires pour 9 défaites).

« En évaluant notre situation, on voulait effacer 14 années de défaites », commentait alors Thibodeau dans le Chicago Sun-Times. « On savait qu’on devait amener de la dureté. En plus d’être un des dix meilleurs joueurs de la Ligue, Butler est dur mentalement et physiquement. Si vous regardez notre bilan avec et sans lui, vous verrez combien il est important pour l’équipe. »

Les Wolves se qualifieront bien en playoffs, pour la première fois depuis le départ de la légende locale, Kevin Garnett. Mais ce fut au bout du bout, grâce à trois victoires de rang pour clore la saison, dont un match à 31 points dans l’ultime levée pour Jimmy Butler.

L’impasse à Philly

Mécontent dans le Minnesota, Jimmy Butler demande un transfert avant même le début du camp d’entraînement. Sa décision est prise et rien ne pourra plus la changer.

Tom Thibodeau aura beau jouer la montre, il n’en démordra pas. Il rejouera bien avec les Wolves le temps de 10 rencontres, mais Jimmy Butler s’envole pour Philadelphie où il va allier ses forces avec Joel Embiid et Ben Simmons. Une association alléchante sur le papier. Mais sur le papier seulement.

Car la mayonnaise ne prend pas vraiment. Débarqué à la mi-novembre dans la ville de l’amour fraternel, Jimmy Butler s’en prend déjà à Brett Brown durant une séance vidéos fin janvier à Portland. Il aura suffi d’un mois et demi…

« J’aime ça, je suis désolé, mais j’aime la polémique », ironise-t-il alors. « Les prises de tête. »

En phase avec ses prises de position radicales face à ses jeunes coéquipiers de Minnesota, Jimmy Butler a tout simplement brisé l’insupportable (et hypocrite) silence qui régnait dans la salle vidéo quand Brett Brown a demandé si quelqu’un avait quelque chose à dire…

Cela a entretenu l’illusion autour du caractère de Jimmy Butler avec ses coéquipiers, façon « Jordan Rules ». Comme dans cet article d’ESPN qui oppose le « Bon Jimmy », gamin bosseur d’une petite bourgade du Texas qui aurait laissé place au « Méchant Jimmy », la diva maussade, distante et intransigeante pleine de fantasmes de grandeur.

Mais comme il l’expliquait récemment dans le podcast de JJ Redick, Jimmy Butler ne pouvait tout simplement pas se taire dans une telle situation. Dernier arrivé à Philly, il n’était évidemment pas le mieux placé pour le faire, mais on ne se refait pas. Quand on a la gagne dans le sang…

De plus, il y avait déjà eu un meeting stérile juste avant l’échange de Tobias Harris. « On est tous assis là et il n’y rien d’accompli. Personne ne dit rien à personne et on est là à regarder une vidéo. On peut littéralement entendre les clics de la machine. J’étais là depuis deux ou trois semaines max. Je regarde et je ne dis rien, parce que personne ne me connaît comme ça. Mais tu accélères plusieurs semaines plus tard et on est à Portland durant une autre séance vidéo. Et encore, personne ne dit rien. Donc quel est l’individu qui va finalement se décider à dire quelque chose ? »

Loin d’être sur la même longueur d’ondes que Brett Brown, bien trop assujetti à ses stars, Jimmy Butler s’est laissé happer par le potentiel des Sixers, qui se sont avérés être un véritable guêpier. Précédé par sa réputation acquise à Minneapolis et ce fameux entraînement, il est redevenu ce cheval sauvage, pratiquement indomptable.

« Je savais que je n’allais pas revenir, mais avant que je ne termine cette phrase, tu crois vraiment que c’est difficile de travailler avec moi ? », interjette Jimmy Butler en direction de son ancien coéquipier de Philly, JJ Redick. « Apparemment, la raison principale de mon départ, c’est parce que quelqu’un se demandait si on pouvait me contrôler ? Vous voulez essayer de contrôler un adulte ? C’est bon, je ne fais rien qui soit drastiquement stupide et dingue. Si c’est ça qui vous inquiète, bonne chance à vous. Non, c’était professionnel. Je ne pense pas que c’était juste de changer comme ça. Ben [Simmons] avait la balle entre les mains pendant toute l’année et ils ont changé comme ça, boom, pendant les playoffs. J’ai compris sa réaction, mais j’avais dit à Brett de changer avant, de me laisser porter la balle un peu en amont. »

Certes en désaccord avec son coach, les Sixers de Jimmy Butler et Brett Brown ont tout de même bien failli s’inviter en finale de conférence Est. Il aura fallu d’un tir. Celui de Kawhi Leonard qui fera chavirer un pays. Dans le même temps, Jimmy Butler a de son côté pas mal cogité.

« [Il s’est passé] beaucoup de choses. J’étais en état de choc un peu et puis quand ça s’est calmé, je me suis tout de suite demandé si j’allais revenir dans l’équipe. Est-ce que j’allais avoir l’occasion de rejouer avec ces gars ? Et honnêtement, j’avais le sentiment que c’était non. »

Et Joel Embiid a toujours du mal à s’en remettre…

Le mariage idéal à Miami

Fidèle six saisons durant à l’équipe qui l’a drafté en 2011, les Bulls, Jimmy Butler a ensuite connu deux franchises en deux ans, avec deux échecs collectifs plus ou moins cuisants en fin de ligne. Mercenaire sans vergogne ?

N’empêche, les candidats ne manquent pas au portillon de l’ailier All Star. Durant le fol été 2019, Jimmy Butler fait partie des gros poissons.

Pour rappel, avant que les Clippers n’acquièrent Paul George, c’était bel et bien Jimmy Butler que Kawhi Leonard voulait à ses côtés. C’était son premier choix.

Mais, fidèle à lui-même, tel le cowboy qui s’éloigne dans le couchant, Jimmy Butler a pris sa décision de son côté. Indépendamment de ses homologues. « Personne ne le prend personnellement parce qu’on a tous les mêmes objectifs. Ce ne sont pas les stats, ce n’est pas la célébrité, ce n’est pas pour rien de tout ça. C’est pour gagner le titre. Mon style de leadership, ça marche ici. »

Il faut dire que son mariage avec le Heat était prédestiné. Inévitable. Parfait. « Il n’a pas à s’excuser de qui il est avec nous », explique Erik Spoelstra dans The Ringer. « S’il hurle, qu’il crie et nous aboie dessus, on ne le prend pas personnellement, c’est notre langage. J’aime bien ça personnellement. »

Ce qui ne passait ni à Minny et à Philly, ça passe crème à Miami ! Jimmy Butler a trouvé son havre de paix en Floride, conseillé par son ami Dwyane Wade, sorti comme lui de Marquette. « Je savais ce que je voulais et ce dont j’avais besoin, et c’était ici. J’en avais entendu parler quand je suis parti rencontrer Coach Spo et Coach Pat. J’étais d’accord sur tout. Il y a vraiment un paquet de gens biens ici. Je ne dis pas que ce n’est pas le cas chez les Lakers, mais je bosse, les gars aussi, on se dit les choses, on est tous responsables et on avance. »

Parfaitement adapté au contexte de la bulle, le Heat a pu mettre en pratique ses tendances militaires. En chef de file, Jimmy Butler tient ses troupes en ordre rangé. En montrant l’exemple.

« Mon préparateur physique James Scott veut toujours s’assurer que je sois suffisamment fort pour jouer malgré les contacts », ajoute Jimmy Butler sur USA Today. « C’est ce qu’on fait ici avec le Heat. On en tire de la fierté et j’adore ça. J’adore ce travail et je le dis tout le temps au coach, je suis prêt. Pour la plus grande scène, tout ce que tu veux me demander, je peux le faire. »

Face à LeBron James en finales NBA, Jimmy Butler a mis deux matchs à trouver la faille et son Game 3 restera un des petits bijoux gravés dans l’histoire. Avec 40 points, 13 passes et 11 rebonds, l’ancien oublié de Tomball est devenu le premier joueur de l’histoire à scorer plus, prendre plus de rebonds et totaliser plus de passes que « King James » en Finals. Il a, en quelque sorte, pris sa revanche sur la vie. Sur la plus grande scène.

« Jimmy a été phénoménal », a reconnu son adversaire. « Il a fait tout ce dont ils avaient besoin. Il a répondu présent dans un gros match. »

Désormais en phases avec ses coéquipiers, avec ses apparitions marrantes affublé des anciens maillots de Tyler Herro ou Erik Spoelstra, Jimmy Butler devient tout aussi présent dans les médias nationaux.

Mais toute fanfaronnade mise à part, Jimmy Butler arrive encore à cultiver son jardin secret. « Beaucoup de personnes ne connaissent pas Jimmy, y compris ses coéquipiers », concède ainsi Bam Adebayo. « On ne le voit pas vraiment parce qu’il est dans sa chambre à faire du café Big Face. » 

Concentré sur son objectif de titre, refusant toute présence extérieure, même de ses proches ou amis au sein de la bulle, Jimmy Butler n’est cependant pas de marbre avec ses coéquipiers. Il a notamment pris Tyler Herro sous son aile, reconnaissant en lui la même mentalité de battant.

« Depuis que je suis arrivé ici, il est comme un grand frère pour moi et il m’éclaire de ses lumières », déclarait récemment Tyler Herro pour The Ringer. « Il m’a appris beaucoup de choses et il continue de me surveiller, que ce soit un truc que je veuille entendre ou non. Il va me le dire de toutes manières et j’apprécie ça. »

Fort en gueule, Jimmy Butler est plus encore un gars avec un cœur d’or. Parfois brut de décoffrage. C’est à prendre ou à laisser. Ou comme le dit si bien Erik Spoelstra : « Comment le dire autrement que Jimmy putain de Butler. »

Article publié initialement le 6 octobre 2020.

Jimmy Butler Pourcentage Rebonds
Saison Equipe MJ Min Tirs 3pts LF Off Def Tot Pd Fte Int Bp Ct Pts
2011-12 CHI 42 9 40.5 18.2 76.8 0.6 0.8 1.3 0.3 0.5 0.3 0.3 0.1 2.6
2012-13 CHI 82 26 46.7 38.1 80.3 1.7 2.3 4.0 1.4 1.2 1.0 0.8 0.4 8.6
2013-14 CHI 67 39 39.7 28.3 76.9 1.3 3.6 4.9 2.6 1.6 1.9 1.5 0.5 13.1
2014-15 CHI 65 39 46.2 37.8 83.4 1.8 4.1 5.8 3.3 1.7 1.8 1.4 0.6 20.0
2015-16 CHI 67 37 45.5 31.1 83.2 1.2 4.2 5.3 4.8 1.9 1.6 2.0 0.6 20.9
2016-17 CHI 76 37 45.5 36.7 86.5 1.7 4.5 6.2 5.5 1.5 1.9 2.1 0.4 23.9
2017-18 MIN 59 37 47.4 35.0 85.4 1.3 4.0 5.3 4.9 1.3 2.0 1.8 0.4 22.2
2018-19 * All Teams 65 34 46.2 34.7 85.5 1.9 3.4 5.3 4.1 1.7 1.9 1.5 0.6 18.7
2018-19 * PHL 55 33 46.1 33.8 86.8 1.9 3.4 5.3 4.0 1.7 1.8 1.5 0.5 18.2
2018-19 * MIN 10 36 47.1 37.8 78.7 1.6 3.6 5.2 4.3 1.8 2.4 1.4 1.0 21.3
2019-20 MIA 58 34 45.5 24.4 83.4 1.8 4.8 6.7 6.0 1.4 1.8 2.2 0.6 20.0
2020-21 MIA 52 34 49.7 24.5 86.3 1.8 5.1 6.9 7.1 1.4 2.1 2.1 0.4 21.5
2021-22 MIA 57 34 48.0 23.3 87.0 1.8 4.1 5.9 5.5 1.5 1.7 2.1 0.5 21.4
2022-23 MIA 64 33 53.9 35.0 85.0 2.2 3.7 5.9 5.3 1.3 1.8 1.6 0.3 22.9
2023-24 MIA 60 34 49.9 41.4 85.8 1.8 3.6 5.3 5.0 1.1 1.3 1.7 0.3 20.8
Total   814 33 47.0 32.9 84.4 1.6 3.7 5.4 4.3 1.4 1.6 1.6 0.4 18.4

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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