Finale de conférence historique entre deux outsiders, car cette affiche n’était pas la plus probable au commencement de ces playoffs dans la « bulle » de Disney World. Les deux équipes ont démarré vite et fort avec un « sweep » au premier tour. Puis, alors que Boston a bataillé jusqu’au Game 7 contre Toronto, Miami a éliminé avec autorité Milwaukee, pourtant favori, en cinq manches.
Les deux équipes présentent des similitudes avec des effectifs composés de soldats et de joueurs de caractère. Les deux formations sont également dirigées par deux jeunes coaches déjà très expérimentés. Ces retrouvailles entre les deux franchises, huit ans après leur dernier affrontement à ce stade de la compétition, s’annoncent passionnantes et disputées. Le spectacle ne sera peut-être pas toujours au rendez-vous, mais l’intensité sûrement.
Les meneurs
C’est un des duels les plus intéressants et équilibrés de cette série. D’un côté, Kemba Walker va découvrir la finale de conférence, après avoir gagné ses deux premières séries en carrière cet été. De l’autre, Goran Dragic, rompu aux grands matches depuis plusieurs années, notamment avec la Slovénie.
Depuis le début des playoffs, le meneur des Celtics est irrégulier. Il manque parfois de tranchant et d’adresse à 3-pts. Mais, concentré et investi en défense, il est capable de se réveiller et de faire le juste choix dans le « money time ». Pas toujours brillant, mais solide. Aux portes des Finals, il va néanmoins devoir faire plus et mieux.
Car en face, Goran Dragic, lui, est en grande forme et son entente avec Bam Adebayo, sur pick-and-roll, est un des armes les plus létales du Heat.
Expérimenté et deuxième marqueur de son équipe contre les Bucks, le meneur du Heat est parfait dans son rôle. Mais parviendra-t-il à défendre sur Kemba Walker, à le contenir, à le forcer à dribbler, à le couper de son rythme ?
Égalité
Les extérieurs
Dans les ailes, les muscles et les grandes gueules seront au rendez-vous puisqu’on va retrouver Marcus Smart et Jimmy Butler, deux des joueurs les plus physiques et difficiles à manœuvrer de la ligue. Sans doute que le joueur de Boston va s’occuper de la star de Miami, pour protéger Jaylen Brown, qui se concentrera sur Duncan Robinson.
Ce n’est pas de tout repos, car le shooteur est à surveiller constamment même s’il sort d’une série compliquée contre Milwaukee, mais l’ailier des Celtics risque moins de prendre des fautes que face à l’ancien joueur de Chicago.
Et si, habituellement, Marcus Smart ne représente pas un énorme danger offensif, ce n’est pas le cas en ce moment. L’arrière a inscrit 24 paniers à 3-pts contre les champions en titre. Si Duncan Robinson ne retrouve pas une certaine adresse, Jimmy Butler va rapidement se retrouver seul à porter le poids de l’attaque dans les ailes. De plus, lequel des deux va défendre sur Jaylen Brown ? L’évidence voudrait que ce soit Butler, car mettre Duncan Robinson est plus risqué.
Malgré son talent et sa détermination, pas sûr que Jimmy Butler puisse dominer des deux côtés du terrain un duo Smart – Brown. C’est pourquoi Boston semble donc avoir un léger avantage dans ce secteur.
Avantage Boston
Les intérieurs
Comment les Celtics vont-ils aborder ce duel face à Bam Adebayo ? Car Daniel Theis, s’il n’a pas été en difficulté face à un Marc Gasol trop lent et inoffensif, a souffert par contre face à Serbe Ibaka, plus tonique et dangereux avec son tir extérieur. Et là, le All-Star de Miami est un joueur énergique et puissant, qui va le faire batailler et lui mettre la pression. Il sera secondé par Jae Crowder, auteur d’une belle série contre Milwaukee et qui est parfait pour écarter le jeu et offrir des espaces à ses extérieurs et à Bam Adebayo pour qu’il joue le pick-and-roll. Cette raquette est complémentaire et fonctionne très bien.
Même si le grand défi de Jae Crowder sera sans doute plus défensif qu’offensif. L’ancien de Boston va devoir défendre sur Jayson Tatum. L’ailier a été globalement fâché avec son tir contre les Raptors mais il a été décisif et son Game 7 fut réussi. Il a profité, contre Toronto, d’un Pascal Siakam à côté de son basket pour dominer, mais là, la pression va monter d’un cran. Comme Jimmy Butler de l’autre côté, c’est lui le leader de son groupe, celui qu’on attend dans les grands moments.
Égalité
Les bancs
Avec la blessure de Gordon Hayward, et même s’il pourrait revenir dans cette série, et parce qu’il a été obligé d’en sortir Marcus Smart, Brad Stevens ne peut que constater que son banc est faible. Certes, Enes Kanter, Brad Wanamaker, Robert et Grant Williams ou encore Semi Ojeleye ne ménagent pas leurs efforts, mais aucun ne pèse réellement sur l’ensemble d’une série. Le coach s’est d’ailleurs peu appuyé sur ses remplaçants face aux Raptors, mais peut-il encore tirer sur la corde, sans risquer d’aller trop loin, pendant cette finale de conférence ?
Le banc d’Erik Spoelstra présente bien plus de garanties et de points potentiels par match avec Tyler Herro, Andre Iguodala, Kelly Olynyk et Kendrick Nunn. Alors que les Celtics sortent d’une longue et épuisante série contre Toronto (le Game 6 s’est joué en double prolongation), la fraîcheur des remplaçants de Miami pourrait faire la différence.
Avantage Miami
Les coaches
Après Nick Nurse, c’est un nouveau coach titré, doublement champion même, qui se place sur le chemin de Brad Stevens. Très bon pour s’adapter à la défense de Philadelphie au premier tour, l’entraîneur des Celtics n’était pas loin du coup parfait contre Toronto. Le shoot d’O.G. Anunoby, dans le Game 3, ayant bousculé la dynamique de la série. Mais quand il a fallu gagner les matches importants, le Game 5 et surtout le Game 7 évidemment, ses joueurs ont réalisé le match parfait à chaque fois.
Erik Spoelstra, lui, a rempli sa mission principale du second tour : faire déjouer les Bucks et Giannis Antetokounmpo. Il a trouvé la solution pour casser l’attaque de la meilleure équipe de la saison régulière, en plaçant un mur face au MVP 2019. Dès qu’il s’agit de bien défendre, les troupes floridiennes sont très appliquées et disciplinées.
Contrairement aux Bucks, les Celtics auront davantage de solutions offensives. L’attaque est bien plus variée et équilibrée. L’inventivité de Brad Stevens, qui sera nécessaire pour déstabiliser une défense aussi en forme et en confiance, va forcer Erik Spoelstra à réagir vite et bien. C’est une superbe partie d’échecs qui s’annonce.
Égalité
La clé de la série
Le rythme. Les Raptors l’ont prouvé pendant toute la demi-finale de conférence, en s’appuyant sur leur défense de fer pour compenser une attaque en grande souffrance : quand les Celtics ne peuvent pas courir, ou du moins mettre du rythme, ils sont beaucoup plus faciles à contenir. Kemba Walker et Jayson Tatum sont les joueurs les plus précieux dans ce domaine pour Boston. Ils ont les qualités pour faire des différences en un-contre-un, mais dès qu’ils peuvent jouer la transition et manger les espaces, ils dévorent les défenses.
Défensivement, Miami a le profil idéal pour imiter les prestations des Raptors. Pour ça, il va falloir éviter de donner des minutions en perdant des balles et ne pas connaître trop de pannes offensives. Si Kemba Walker, Jayson Tatum et Jaylen Brown peuvent accélérer, le Heat va se mettre en danger. En revanche, si les Floridiens transforment les matches en batailles de tranchées, ce sont les Celtics qui risquent de souffrir.
Saison régulière
Boston 2-1
4 décembre 2019 : Boston – Miami (112-93)
28 janvier : Miami – Boston (101-109)
4 août : Miami – Boston (112-106)
Verdict
C’est très difficile de trancher car les deux équipes sont très proches, et finalement elles se ressemblent. Elles s’appuient sur des collectifs très forts et sont remarquablement bien coachées. Mais le talent individuel semble pencher du côté de Boston, qui possède plus d’options offensives. Ce qui peut faire la différence quand les défenses dominent, que les attaquants peinent à respirer et que les paniers sont rares.
Le duo Tatum – Brown peut rapidement user le Heat, qui a pour lui une mentalité et une défense capables d’abîmer la belle mécanique celte. Les facteurs X pourraient être multiples : l’expérience de Boston d’un côté (troisième finale de conférence en quatre ans), le banc de Miami de l’autre. Ou pourquoi pas un retour de Gordon Hayward ? Peu importe les scénarios, la lutte s’annonce acharnée et la série pourrait bien se jouer en sept manches.
Boston 4-3