Été 1994. Juwan Howard est drafté par les Bullets en cinquième position et Chris Webber arrive en provenance de Golden State. Les deux anciennes stars universitaires de Michigan, membres de l’historique « Fab Five », vont désormais faire équipe pour porter la franchise de Washington.
Après une première année décevante car les deux joueurs manquent beaucoup de rencontres, la seconde (1995-1996) est plus prometteuse, même si Chris Webber ne joue que 15 matches, toujours à cause des blessures. Il a été parfaitement remplacé par un rookie talentueux : Rasheed Wallace.
Malheureusement, le jeune ailier-fort est dans la foulée transféré à Portland dès l’été 1996.
« Ils ont abandonné trop tôt », regrette son ancien coéquipier Tim Legler pour le podcast Wizards Talk. « C’était un des intérieurs les plus doués que j’ai vus. Il était très émotif, il a pris beaucoup de fautes techniques cette saison-là (21) et sa réputation avec les arbitres s’est rapidement construite. Je pense que la franchise se demandait si elle allait pouvoir le contrôler. C’était prématuré de penser ainsi, car il était jeune et si talentueux. Il allait mûrir. »
Les regrets sont encore plus forts car la saison 1996-1997, Chris Webber est en pleine forme, Juwan Howard confirme sa très bonne deuxième année et les Bullets goûtent enfin aux playoffs après neuf années de disette. Certes, ils sont « sweepés » par les Bulls de Michael Jordan mais l’avenir s’annonce radieux.
L’échec du transfert de Chris Webber
Sauf qu’après une saison 1997-1998 moins aboutie, Chris Webber est envoyé à Sacramento contre Mitch Richmond et Otis Thorpe. Le GM des Bullets, Wes Unseld, sait qu’il se sépare d’un « incroyable talent », bien plus jeune que les joueurs qu’il accueille. Il est conscient des critiques et justifie ce choix dans les colonnes du Washington Post par l’expérience et « le leadership » que cela va apporter à son groupe.
En vain puisque les Wizards (nommés ainsi depuis 1997-1998) auront cinq coaches en trois saisons et ne retrouveront les playoffs que bien longtemps après, en 2005 avec Gilbert Arenas, Antawn Jamison et Larry Hughes. Chris Webber, lui, va vivre ses meilleures années chez les Kings, touchant de près aux Finals en 2002.
Forcément, si les Wizards avaient conservé Rasheed Wallace, Chris Webber et Juwan Howard (qui partira plus tard, en 2001), les choses auraient été bien différentes d’après Tim Legler. Sans oublier un jeune pivot, arrivé en 1997 et reparti en 1999, Ben Wallace, qui mettra quelques années à montrer son réel niveau et fera équipe avec Rasheed Wallace aux Pistons, remportant les Finals en 2004 contre les Lakers…
« C’est difficile de s’en remettre. Des transferts comme ça, qui ne se déroulent pas bien font reculer une franchise de plusieurs années. C’est ce qu’il est arrivé aux Bullets/Wizards à l’époque. On était confiant, on avait une équipe avec un fort potentiel qui pouvait aller loin en playoffs. On n’en a jamais eu l’opportunité. »