C’était le 29 avril 2013, date a laquelle la vie de Jason Collins a basculé. Parce que le joueur qui évoluait alors aux Wizards est devenu le premier de l’histoire d’un sport collectif majeur américain à déclarer publiquement son homosexualité, mais aussi parce que c’est à cette date qu’il a enfin pu être lui-même.
« Au fond, sur le plan humain, je pense que tout le monde sait qu’il vaut mieux vivre une vie authentique. Il vaut mieux vivre une vie où l’on peut être simplement soi-même, où l’on n’a pas de filtres, où l’on est naturel ».
Près de sept ans après donc, alors qu’il arrive à Jason Collins d’échanger avec certains joueurs en activité dans le même cas que lui, aucun athlète de NBA, NFL ou MLB n’a ouvertement osé parler de son homosexualité. Pourquoi ? « Certains ne sont tout simplement pas prêts », répond simplement Jason Collins.
« J’adorerais voir un athlète vivre sa vie de manière authentique, ne pas sentir qu’il doit se cacher, qu’il doit avoir peur ou vivre dans la honte – toutes ces choses qui vont avec le fait d’être un athlète qui vit cloisonné. Aucun être humain ne devrait avoir à suivre ce chemin, » ajoute-t-il. « Mais il y a cette peur de franchir le cap ».
Créer un environnement favorable à la libération de la parole
Jason Collins reste optimiste, même si la tâche est loin d’être aisée, particulièrement dans le monde actuel, « où tout le monde a un téléphone portable, où l’information peut se propager très rapidement ».
« Je pense que c’est à nous d’essayer de créer un environnement où lorsque ces athlètes font le choix de franchir ce pas, ils doivent savoir qu’ils seront soutenus et défendus, qu’ils pourront continuer à pratiquer leur sport, à évoluer et ne pas sentir qu’ils doivent cacher ce qu’ils sont ».
Jason Collins participe notamment à favoriser cet environnement, en venant par exemple parler aux rookies à chaque début de saison, « à propos de leur langage dans le vestiaire, en leur rappelant que c’est désormais un lieu de travail. Parfois en grandissant, ils entendent des paroles homophobes ou sexistes. Et nous devons en quelque sorte leur apprendre à oublier tout ça. Les mots sont importants ».
Même si « il y a toujours cette peur », poursuit Jason Collins, l’ancien pivot espère aussi que son histoire, ainsi que celle de Robbie Rodgers, Sue Bird ou Diana Taurasi, saura inspirer la nouvelle génération. « J’espère qu’ils voient ces exemples et qu’ils savent qu’ils peuvent faire la même chose ».