Cristallisées par le cas de Kawhi Leonard, les discussions autour de la gestion de la charge de travail (le fameux « load management ») des joueurs nourrissent l’actualité, comme lorsque Doris Burke d’ESPN a vivement critiqué le MVP des Finals 2019 et Doc Rivers pour cette tactique, ce qui n’a pas manqué d’agacer le coach des Clippers.
Pour beaucoup d’observateurs, c’est d’ailleurs l’ancien coach de Kawhi Leonard à San Antonio, Gregg Popovich, qui a popularisé cette pratique. C’est en substance ce qu’avait déclaré Doc Rivers à la rentrée : « Les Spurs le font depuis longtemps, et je ne sais pas comment ils appelaient ça au départ, mais ils le faisaient très bien. »
D’ailleurs, San Antonio avait été sévèrement sanctionné par le regretté David Stern en 2012 pour les mises au repos des cadres lors d’un déplacement à Miami.
« Manu Ginobili et Tony Parker ont plus joué que quiconque au monde »
Interrogé en amont de la rencontre entre les Spurs et Boston, le coach quintuple champion NBA estime pourtant qu’il n’est pas à l’origine de cette tendance.
« En fait, je pense que tout cela devient dingue. Je n’ai jamais limité la charge de travail, » a-t-il répondu à la presse. « Si quelqu’un m’en donne la paternité, je ne le mérite pas. Je l’ai fait car je voulais que ces gars aient une carrière plus longue. Je n’ai jamais limité la charge de travail, je n’ai jamais pris une feuille de papier pour faire de plan : Il va faire ceci ou cela. »
L’entraîneur texan rappelle ainsi que les carrières de ses stars argentine et française étaient aussi ponctuées d’engagements internationaux coûteux sur le plan physique.
« Manu Ginobili et Tony Parker ont joué plus de minutes que quiconque au monde, quand vous comptabilisez ce qu’ils faisaient l’été durant toutes ces années et quand ils ont commencé à jouer professionnel, » renchérit-il. « C’était juste logique d’essayer de surveiller leur temps de jeu. »
Quant à Tim Duncan, Gregg Popovich se justifie par la nécessité de conserver le pilier de la franchise en bonne santé, après une déchirure au ménisque du genou gauche lors de la campagne 99-00. L’intérieur a alors manqué l’intégralité des playoffs. À partir de là, les Spurs ont supervisé différemment la carrière de l’intérieur, ce qui ne l’a pas empêché de jouer plus de 40 minutes par match lors des quatre postsaisons suivantes…
« Tim Duncan s’est blessé au genou lors de sa première et sa seconde saison [ndlr : en fait, sa troisième] et je l’ai écarté des terrains lors des playoffs. Il aurait probablement pu jouer mais je l’ai écarté, » détaille Gregg Popovich. « À partir de ce moment, j’ai voulu m’assurer qu’il reste toujours en bonne santé donc dès que je le pouvais, je lui donnais du repos. Si c’est limiter la charge de travail, qu’il en soit ainsi. Aujourd’hui, cette gestion du travail en devient à un certain degré absurde. »