Ça se passe entre 1995 et 2001. Six saisons courtes et longues à la fois dans la cité canadienne de Vancouver. Sortis de leur tanière à la surprise générale en 1995, à la suite de leurs compatriotes Raptors, les Grizzlies n’ont malheureusement pas pu s’installer durablement dans le paysage de la Grande Ligue. Un hiver sans fin. Un hiver sans hibernation…
1ère partie : La genèse d’une franchise sortie de nulle part
2e partie : Une première saison à oublier
3e partie : L’anti-Orlando
4e partie : Des Grizzlies en voie de disparition
Le cinq « All-Time » des Grizzlies
Pour boucler notre saga sur la franchise de Vancouver, on vous propose le classique du genre : le cinq « All-Time ». Un cinq de qualité médiocre, à l’image de l’histoire des Grizzlies aussi rapidement disparus qu’ils étaient apparus…
On vous laisse aussi la parole avec un sondage divisé en cinq postes, pour désigner votre rotation idéale des Grizzlies (de Vancouver évidemment, rien de Tennessee en nous ici).
Meneur : Mike Bibby
Mike Bibby
15 points, 8 passes, 3 rebonds en 3 saisons
Drafté en 2e choix en 1998, Mike Bibby devait être le meneur qui stabilise les Grizzlies, et apporte un contrepoids offensif intéressant au duo Reeves – Abdur-Rahim. A 13 points et 6 passes de moyenne pour sa campagne de débutant, l’ancien d’Arizona semblait promis à accomplir cette mission. Mais l’équilibre prévu sur le papier ne s’est jamais réalisé sur le parquet avec Reeves qui passait plus de temps à l’infirmerie et Bibby encore trop friable offensivement.
Avouant lui-même qu’il était le meneur d’une équipe parmi les moins sexy de la ligue, Bibby était aussi coupable que ses coéquipiers en défense. Après l’essai non transformé avec Antonio Daniels la saison précédente, les Grizzlies ont davantage cru en Bibby qui ne pourra faire mieux que mener Vancouver vers trois saisons décevantes. De plus, et s’il n’a pas fait une Steve Francis, Bibby a été plus discret mais ses premiers mots pour Vancouver n’étaient pas tendres non plus…
Greg Anthony
12 points, 7 passes, 3 rebonds en 2 saisons
En déprime à New York où il ne voyait pas beaucoup le terrain, Greg Anthony a fait partie des rares joueurs sélectionnés dans l’ « expansion draft » à être heureux d’arriver à Vancouver. Il faut dire que cela lui a permis de réaliser son rêve : être titulaire à la mène d’une équipe NBA.
A 14 points et 7 passes pour la saison inaugurale de Vancouver, Anthony est par contre retombé lors de sa 2e année chez les Grizz (9 points, 6 passes) avant de partir pour la Tournée des Grands Ducs dans le Nord-Ouest, avec une pige à Seattle avant de faire 3 saisons chez les Jail Blazers (de 1998 à 2001). Meneur gaucher en manque d’un tir extérieur fiable, Anthony était finalement une bonne doublure plutôt qu’un véritable titulaire…
Antonio Daniels
8 points, 4 passes, 2 rebonds en 1 saison
Pour le prestige, Mahmoud Abdul-Rauf aurait pu être privilégié, mais sur la production pure et dure, Antonio Daniels lui dame tout de même le pion. Surtout sur une saison sans lendemain ! Drafté en 4e choix en 1997, Daniels était le grand espoir des Grizzlies sur le poste de meneur, avant d’être carrément échangé 364 jours plus tard contre Carl Herrera et Felipe Lopez.
Sélectionné avant des garçons comme Ron Mercer, Tracy McGrady ou Tim Thomas, Daniels fait partie des flops de draft de l’histoire de Vancouver. Pourtant, avec sa vitesse d’exécution et ses qualités athlétiques, Daniels aurait très bien pu faire prendre la mayonnaise depuis son poste de meneur. Encore aurait-il fallu qu’il veuille s’imposer en Colombie Britannique…
Mentions : Lee Mayberry (5 points, 4 passes, 1 interception en 3 saisons) ; Mahmoud Abdul-Rauf (6 points, 2 passes en 1 saison) ; Eric Murdock (9 points, 5 passes, 2 interceptions en 1 saison) ; Bobby Hurley (4 points, 4 passes en 1 saison) ; Damon Jones (6 points, 3 passes, 2 rebonds en 1 saison)
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Arrière : Michael Dickerson
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Michael Dickerson
17 points, 3 rebonds, 3 passes en 2 saisons
Pièce essentielle de l’échange contre Steve Francis, Michael Dickerson était un choix intéressant pour Vancouver. Auteur de 18 points et 3 rebonds pour sa première saison au Canada, Dickerson n’aura malheureusement pas pu continuer sa montée en puissance, après une campagne de débutant qu’il avait finie dans le meilleur cinq rookie. Arrière scoreur et rapide, Dickerson a été privé de ses meilleures années à cause d’une hernie discale très grave.
C’est un peu l’histoire des Grizzlies : pour une fois qu’un joueur se plaisait à Vancouver, et qu’il était productif, c’est une blessure grave qui lui coupe les ailes ! Après plusieurs années à voyager pour tourner la page, Dickerson vit encore dans le Nord-Ouest, entre Seattle et Vancouver : « J’ai toujours aimé Vancouver, j’adore vivre ici. Je n’ai jamais voulu partir. Je suis sans doute un des seuls joueurs des Grizzlies qui n’a jamais voulu partir. »
Anthony Peeler
14 points, 3 rebonds, 3 passes en 1 saison et 8 matchs
Débarqué à Vancouver dans le même échange que George Lynch en provenance de Los Angeles, où les Lakers préparaient le terrain pour Shaquille O’Neal, Antony Peeler a été plutôt bon pour les Grizzlies. Arrière gaucher qui pouvait attaquer le cercle avec férocité comme dégainer à mi-distance, Peeler a assure 14 points, 3 rebonds et 3 passes en tant que titulaire à l’arrière en 96-97.
Malheureusement, il n’a pas pu enchaîner la saison suivante, la faute à des pépins physiques qui ont bientôt fini de le placer sur le bloc des transferts (contre Doug West en février 1998). Un nouveau choix contestable sachant que West fera flop à 4 points en 3 saisons au Canada…
Byron Scott
10 points, 2 rebonds, 2 passes en 1 saison
Nom le plus connu de l’histoire des Grizzlies, Byron Scott n’aura fait qu’un petit tour et puis s’en va au Canada. La légende des Lakers sera le titulaire à l’arrière lors de la saison inaugurale de Vancouver. Avec ses trois bagues glanées à Los Angeles, Scott était l’autorité dans les vestiaires en chantier des Grizz, mais son influence ne sera que passagère.
Scott retournera effectivement au bercail après une campagne à 10 points, avant de tenter une ultime expérience au Panathinaikos. L’actuel consultant ESPN prendra ensuite sa retraite pour tenter sa chance dans le coaching à Sacramento (en tant qu’assistant) puis dans le New Jersey avec les Nets de Jason Kidd notamment, et bien sûr les Cavaliers et les Lakers.
Mentions : Doug West (4 points, 2 passes, 1 rebond en 3 saisons) ; Lawrence Moten (7 points, 2 rebonds, 2 passes en 2 saisons) ; Felipe Lopez (6 points, 3 rebonds, 1 passe en 2 saisons) ; Dennis Scott (5 points, 2 rebonds, 1 passe en 1 saison) ; Gerald Wilkins (7 points, 2 passes, 2 rebonds en 1 demie saison)
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Ailier : Shareef Abdur-Rahim
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Shareef Abdur-Rahim
21 points, 8 rebonds, 3 passes en 5 saisons
C’est le meilleur joueur de l’histoire des Grizzlies à Vancouver. Ailier fort délié et capable de s’écarter pout tirer à mi-distance ou de déborder en vitesse, Shareef Abdur-Rahim est incontournable à Vancouver. Depuis sa draft à la sortie de la fac de Californie, Abdur-Rahim a enchaîné les saisons individuelles de belle facture : commençant à 19 points, 7 rebonds pour sa saison rookie pour atteindre 23 points, 7 rebonds sa 3e saison. Mais tout solide qu’il ait été statistiquement parlant, Abdur-Rahim n’a pas réussi à devenir la superstar qui transforme l’avenir de sa franchise.
Peu charismatique et encore moins vocal sur ses premières années, Abdur-Rahim n’a pour le coup pas pu attirer de nouveaux joueurs de qualité du côté de Vancouver. A l’opposé, lui et ses coéquipiers quittaient même le Canada pendant l’été… Mécontent lors de sa dernière année à Vancouver, l’ailier sera finalement conservé jusqu’au déménagement, avant d’être envoyé à Atlanta (où il sera All-Star).
Blue Edwards
13 points, 3 rebonds, 2 passes en 3 saisons
Présent à Vancouver dès la saison inaugurale, Blue Edwards est une figure connue au Canada. Pas pour sa carrière basket mais parce qu’il a été l’objet d’un procès qui a fait scandale, pour la garde d’un enfant qu’il a eu avec une serveuse d’un restaurant local. Ce procès a même été reproduit dans une série intitulée : « De quelle couleur est l’amour ? », de quoi sédimenter une réputation, n’est-ce pas !
Sinon, sur les planches, Edwards portait bien son nom, étant un col bleu prêt à se sacrifier sur les ballons qui traînent. Et puis, à 13 points de moyenne en 3 saisons, ce bon Blue fait tout simplement partie des joueurs les plus importants de la courte histoire des Grizz. Ailier explosif (invité au concours de dunks en 1990 – il était alors blessé et en 1991 – il a fini 6e), Theodore Edwards restera à jamais dans l’histoire en étant le premier joueur des Grizz à réaliser un triple double le 1er mars 1996 : 15 points, 13 rebonds et 11 passes. De même, c’est lui qui a rentré le tir de la gagne contre Minnesota pour éviter une 24e défaite de rang, ce qui aurait offert aux Grizzlies un nouveau record bien dispensable de nullité…
George Lynch
8 points, 5 rebonds, 2 passes, 1 interception en 2 saisons
Envoyé en Colombie Britannique par les Lakers qui voulaient faire de la place pour Shaq, George Lynch n’a pas forcément bien pris la nouvelle dans un premier temps. Mais finalement, il s’est fait à son temps de jeu au relais de Shareef Abdur-Rahim, débutant parfois les matchs.
Champion NCAA en 1993 avec North Carolina, Lynch était un solide contributeur pour les Grizzlies durant ses 2 saisons au Canada. Par contre, l’ancien de LA n’appréciait que moyennement sa nouvelle résidence, expliquant qu’il devait faire le trajet jusque dans l’Etat de Washington pour aller chercher ses chips préférées…
Mentions : Sam Mack (11 points, 2 rebonds, 2 passes en 1 saison et demie) ; Chris King (8 points, 4 rebonds, 1 interception en 1 saison)
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Ailier fort : Stromile Swift
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Stromile Swift
5 points, 4 rebonds, 1 contre en 1 saison
Ce n’est pas la production qui est ici récompensée mais le potentiel. Sur un poste 4 très faible en talents, les Grizzlies pensaient bien avoir décroché le jackpot en sélectionnant Stromile Swift à sa sortie de LSU. Beau bébé de 2m08 pour plus de 100 kilos, Swift avait surtout pour lui d’avoir des qualités athlétiques impressionnantes pour sa taille. Capable de dunks monstrueux et de contres tout aussi apocalyptiques, Swift était surtout un projet du côté de Vancouver.
Débarqué au Canada à 21 ans, Swift n’y aura fait qu’un an, avant le déménagement et ce contexte délétère ne lui a certainement pas permis de se développer harmonieusement alors que toute la franchise était en plein désarroi. A posteriori, Swift ne fera jamais mieux 12 points, 6 rebonds, ses stats lors de sa 2e saison en carrière… juste après le déménagement.
Otis Thorpe
11 points, 8 rebonds, 3 passes en une demie saison
Légende du côté de Houston où il a gagné le titre en 1994 et même été All-Star en 1992, Otis Thorpe est arrivé en bout de course à Vancouver. Choisi dans la draft d’expansion, Thorpe ne sera malheureusement pas resté longtemps au Canada.
Envoyé à Vancouver en échange d’un futur premier tour de draft (qui s’avèrera très important lors de la riche draft 2003… sauf que Detroit choisira Darko Milicic), le vétéran n’a jamais caché son désamour pour sa franchise canadienne. Censé apporter sa dureté et son expérience à Abdur-Rahim et Reeves, Thorpe n’apportera finalement que mécontentement et une mauvaise ambiance en coulisses. Encore un choix très discutable du GM Stu Jackson…
Othella Harrington
12 points, 7 rebonds en 1 saison et demie
Mécontent d’atterrir au Canada au point d’être surnommé « Rain Man » à force de se plaindre du climat de Vancouver, Othella Harrington a certes fait plus long feu que Thorpe, mais sa bonne main gauche et sa présence aux rebonds ne dureront pas plus d’une saison et demie non plus.
A 12 points et 7 rebonds de moyenne, Harrington avait pourtant tout le profil d’un bon joueur de banc pour les Grizzlies qui avaient tant besoin de dureté. Dans le groupe des joueurs américains trop dépaysés par le contexte géographique de Vancouver, Harrington n’y a clairement pas laissé un souvenir impérissable. Sombre ironie de l’histoire : le même Harrington qui voulait absolument quitter le Canada ira, volontairement, faire un essai (non concluant) en Iran en fin de carrière….
Mentions : Tony Massenburg (7 points, 5 rebonds en 3 saisons) ; Grant Long (6 points, 5 rebonds, 1 interception en 2 saisons) ; Michael Smith (5 points, 7 rebonds, 1 interception en 2 saisons) ; Roy Rogers (7 points, 5 rebonds, 2 contres en 1 saison)
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Pivot : Bryant Reeves
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Bryant Reeves
12 points, 7 rebonds, 2 passes, 1 contre en 6 saisons
Sur la pente ascendante ses trois premières saisons, de 13 points, 7 rebonds à 16 points, 8 rebonds, Bryant Reeves est surtout resté dans les mémoires pour sa fin de carrière. Surpayé et souvent blessé, l’ancien d’Oklahoma State n’a jamais réussi à justifier son contrat de 62 millions de dollars sur 6 ans.
Pivot dodu doté de très bonnes mains, Reeves a tout simplement souffert d’avoir à se remettre en forme à chaque camp d’entrainement, au lieu d’arriver déjà en poids de forme. Il a traîné des problèmes chroniques de dos, de genou, de chevilles. A 2m13 et 124kg, les articulations souffrent et la retraite brutale de « Big Country » après le déménagement de Vancouver à Memphis atteste d’un physique mis à rude épreuve.
Trop introverti et pas forcément à l’aise devant les caméras, Reeves n’a jamais pu porter le fardeau qui incombait à un leader de franchise à Vancouver. Le gamin de Gans, en Oklahoma, s’est certes plu en Colombie Britannique mais i
Benoit Benjamin
14 points, 8 rebonds, 1 contre… en 13 matchs
Déjà aperçu du côté de Seattle dans notre grande trilogie du Nord-Ouest, Benoit Benjamin a fait partie de la draft d’expansion (choisi en 22e choix). Le pivot massif n’est pas resté longtemps chez les Grizzlies : 13 matchs seulement ! Mais on peut dire qu’il a laissé sa petite empreinte, avec une performance à 29 points, 13 rebonds et 3 contres dans la victoire des Grizzlies sur Portland, lors de leur toute première rencontre le 3 novembre 1995.
Troqué contre deux Eric (Mobley et Murdock) dans le Wisconsin, Benjamin aura tout de même eu le mérite de défendre les couleurs de Vancouver avec honneur, tournant au final à 14 points et 8 rebonds de moyenne.
Cherokee Parks
4 points, 4 rebonds en 2 saisons
Champion NCAA avec Duke en 1992, Cherokee Parks a bien roulé sa bosse en NBA. Et le pivot journeyman, qui finira sa carrière en France, à Aubenas, a également fait un crochet par le Canada. Pendant deux saisons, le descendant de la tribu Cherokee a baladé sa grande carcasse avec le maillot des Grizz sur le dos, pour 4 points et 4 rebonds de moyenne.
Rien de bien flashy mais de solides écrans et un temps de jeu accru alors que le titulaire (Bryant Reeves) fréquentait alors beaucoup l’infirmerie. En termes de fréquentation, le Vancouver Sun laisse entendre que Cherokee Parks appréciait particulièrement les strips clubs de la ville…
Mentions : Eric Mobley (4 points, 3 rebonds en 2 saisons) ; Isaac Austin (4 points, 4 rebonds en 1 saison)