La pression a changé de camp depuis les deux derniers matchs remportés par Toronto sur ses terres. Elle est même montée d’un cran lorsque les Raptors étaient toujours dans le coup à l’approche du « money time » dans le Game 5 cette nuit, menant de sept points à cinq minutes de la fin pour finalement l’emporter.
« Rien de nouveau » pour Kawhi Leonard
La franchise canadienne a ainsi frappé un grand coup, surtout au vu des circonstances qui ne jouaient pas vraiment en sa faveur. Milwaukee n’avait encore jamais perdu trois matchs de suite cette saison, le Fiserv Forum était chaud comme la braise et plusieurs éléments du roster de Nick Nurse suscitaient l’interrogation, du pouce de Kyle Lowry aux jambes lourdes de Kawhi Leonard à l’issue du dernier match en passant par la paternité de Fred VanVleet sans oublier les difficultés au tir d’un Danny Green (18.3% sur la série) ou les problèmes de fautes de Pascal Siakam.
Mais s’il y a bien une chose sur laquelle Toronto a pu compter cette nuit, c’est l’expérience des cadres, habitués à ce genre de situations, cette pression qui peut tout faire basculer d’une seconde à l’autr. Même s’il n’est pas le plus vieux de l’équipe, Kawhi Leonard, MVP des Finals 2014, a l’habitude des grands rendez-vous.
« J’ai déjà été dans cette situation auparavant », a notamment rappelé Kawhi Leonard, encore le grand héros de la soirée. « J’ai déjà été en finale, il n’y a rien de nouveau de ce que je vois. Il faut simplement prendre du plaisir et s’amuser. Comme je l’ai dit aux joueurs ce soir, lorsqu’on était à -10. Je leur ai dit d’apprécier le moment, d’en profiter et prendre du plaisir. C’est pour ça qu’on est là. »
Le discours de Serge Ibaka plus que jamais d’actualité
On dit que l’expérience n’a pas de prix, c’est d’autant plus vrai lorsqu’on prend l’exemple de Serge Ibaka. Il y a sept ans avec Oklahoma City, le Congolais a vécu une finale de conférence au scénario similaire face aux Spurs.
Mené 2-0, le Thunder l’avait finalement emporté 4-2. Autant dire que lorsque l’intérieur parle au sein du vestiaire, le reste de l’équipe l’écoute.
« Serge, Kawhi, Kyle, Marc Gasol, ils ont nous tous parlé », a confié Norman Powell. « Ils nous ont demandé de rester concentrés sur une chose à la fois, de prendre du plaisir, de jouer et rester ensemble, se battre les uns pour les autres… Je crois que ça a été très important. Après les deux premiers matchs, Serge nous a parlé pendant la séance vidéo, avant que le coach nous montre les séquences. C’était au sujet de son expérience avec OKC. Encore aujourd’hui, il en parle d’autant plus. Kyle et Kawhi ont parlé de ce qu’ils ont traversé et du travail qu’ils ont accompli pour être à la hauteur. Chaque match va être différent. Mais lorsque tu joues à fond et que tu donnes tout, c’est plus facile d’accepter le résultat. »
Pascal Siakam recadré à temps
L’exemple qui résume peut-être le mieux le leadership des cadres du côté de Toronto, c’est le match de Pascal Siakam. Auteur de deux fautes après moins de deux minutes de jeu, le précieux ailier fort des Raptors aurait pu dégoupiller, sous la pression, l’enjeu…
« Clairement, les vétérans m’aident clairement, parce que pour moi, lorsque quelque chose comme ça m’arrive, je deviens fou. Je suis fâché et j’ai envie de me tuer », a-t-il expliqué. « Mais avoir des gars comme Kawhi, Marc, Kyle, Danny, qui ont continué à me dire de rester dans le coup, pour me faire comprendre que lorsque je serais sur le terrain, je dois être plus intelligent et que ça va marcher. »
Pas le même parcours
À l’arrivée, le discours des cadres a porté ses fruits et Pascal Siakam a fait mieux que limiter la casse, terminant la partie avec un solide double-double (14 points, 13 rebonds) avec deux contres et deux dunks libérateurs dans le dernier acte.
On peut aussi noter que les Raptors ont été davantage mis à l’épreuve que les Bucks depuis le début des playoffs. Piégés par le Magic dès le premier match, les coéquipiers de Kawhi Leonard ont dû vite réagir afin de retrouver le statut qu’ils souhaitaient défendre.
Face aux Sixers aussi, la lutte a été intense, indécise, jusqu’à la dernière seconde du Game 7 à la maison. De quoi forger une force de caractère, même dans les moments difficiles, contrairement à Milwaukee, où le moindre pépin, le moindre grain de sable, peut venir perturber la mécanique de manière considérable.
« Bien sûr, on a vu un peu de doute dans le quatrième quart-temps », a confirmé Danny Green. « Ils jouaient avec la peur au ventre, ils ne voulaient pas perdre l’avantage du terrain. J’ai vu qu’une fois qu’on a pris l’avantage et qu’on est resté dans le coup, on avait une bonne chance de l’emporter. »
S’il n’est pas forcément adroit de loin, Danny Green a cette fois vu juste. Les Bucks parviendront-ils à s’en relever ? Réponse dans la nuit de samedi à dimanche.