Les fans de la NBA et de Michael Jordan ont sans doute visionné ce shoot des centaines de fois. C’est un incontournable de l’histoire de la ligue. Finir une série de playoffs sur un shoot au buzzer est une rareté, on l’a encore constaté récemment avec Damian Lillard, mais encore plus dans un match décisif.
En effet, ce Cleveland-Chicago du premier tour 1989 va jusqu’au cinquième et dernier match (le premier tour au meilleur des sept matchs arrivera en 2003). Il va même jusqu’aux ultimes secondes puisque Craig Ehlo, chargé de défendre sur Michael Jordan dans ces duels, pense avoir donné la victoire aux Cavaliers après son panier à trois secondes de la fin (100-99).
L’envol de « Air » Jordan
C’est à Michael Jordan, déjà à 42 points, 9 rebonds et 6 passes, de faire un miracle. Laissons Craig Ehlo raconter la suite.
« Sur la remise en jeu, Jordan est parti à droite et Larry Nance l’a suivi. Puis Michael a coupé à gauche et ça a feinté Larry. La suite vous la connaissez, je me retrouve seul avec lui à l’aile. La prise à deux n’a absolument pas fonctionné. Je le poursuis alors qu’il va vers le cercle. J’ai toujours eu une bonne position en défense mais il était si rapide que j’ai dû courir après lui et quand je l’ai fait, je me suis un peu pris les pieds dans le tapis. Au moment où il s’est arrêté pour prendre le shoot, j’étais toujours en train de courir et je suis parvenu à mettre ma main devant son visage. »
Seulement, la détente et le maîtrise de Michael Jordan lui permettent de se maintenir en l’air pour laisser Craig Ehlo redescendre. Ensuite, il n’a plus qu’à prendre son shoot. Le tout en trois petites secondes.
« Vu le déroulement du match, je pensais que ce shoot allait rentrer », poursuit le Cavalier. « J’ai vu la trajectoire du ballon et je savais qu’il allait y aller mais je continuais de prier pour qu’il touche le cercle et qu’il ressorte ou quelque chose comme ça. Ça l’a un peu touché d’ailleurs, mais ensuite, il est rentré et notre saison s’est arrêtée. C’est pour ça que je suis tombé au sol, je ne voulais pas que notre saison se finisse ainsi. Je souffrais de la défaite. En plus, de le voir sauter de joie, c’était encore pire. »
Et si Dave Corzine avait pris ce shoot ?
Sauf que ce shoot n’aurait jamais eu lieu si les Bulls avaient suivi les consignes de leur coach de l’époque, Doug Collins. En effet, alors que Michael Jordan est le MVP en titre, et déjà triple meilleur marqueur de la NBA, l’entraîneur de l’équipe veut confier la balle de la saison à… Dave Corzine !
« Tout le monde a commencé à se regarder », explique Jack Haley, à la page 82 de The Jordan Rules, le mythique livre de Sam Smith. « Doug voyait tout le monde froncer les sourcils et il a commencé à nous dire qu’ils ne s’attendraient pas à ce que Dave reçoive le ballon. »
Le raisonnement se tient mais il est impensable pour Michael Jordan, qui termine donc ce match de légende avec 44 points.
« Michael a alors donné un coup de poing sur la plaquette en lui disant : ‘Donnez-moi juste ce putain de ballon !’ Doug l’a regardé, il a dessiné le système qu’il voulait et Michael a inscrit cet incroyable tir en flottant pour gagner le match. C’est ce que j’appelle prendre les choses en main. »
Et marquer l’histoire avec ce qui est désormais connu dans le monde entier comme « The Shot ».