Le mois de février représente un moment charnière dans une saison NBA, entre la « trade deadline », les festivités du All-Star Weekend, et les vacances qui vont avec.
En fonction de leur situation comptable et de leurs quelques jours de réflexion, les franchises qui sont en dehors de la course aux playoffs activent alors plus ou moins lentement le mode « tanking » avec la Draft dans le viseur, en se débarrassant si besoin de leurs contrats encombrants. Tandis que celles qui sont encore en course veulent terminer la saison en boulet de canon pour accéder à la « postseason », et profitent de cette période pour se renforcer le cas échéant.
Dans cette deuxième catégorie, on annonce souvent vouloir faire une gros « run » au retour des vacances, pour rattraper son retard et valider une place dans le Top 8. Pourtant, deux semaines après la pause, les clubs concernés au sein de la conférence Ouest – Mavs, Wolves, Pelicans, Kings, Lakers – sont encore plus à la traîne (cinq victoires d’écart entre le 8e et le 9e) : le Top 8 est le même et il devrait le rester. À l’Est par contre, Detroit et Miami ont pris les places de Charlotte et Orlando, avec respectivement un 7-1 et un 5-4 depuis la pause, mais tout est encore ouvert.
Revenir de très loin, c’est très rare
En fait, il y a généralement peu de changement entre les 16 équipes virtuellement qualifiées en février, et celles qui le sont officiellement en avril : sur 544 tickets pour les playoffs distribués depuis l’instauration du format actuel à 16 équipes en 1984, seuls 50 ont été compostés par des franchises qui étaient hors course au All-Star Break, soit 9.2%.
Alors, est-il fréquent qu’une franchise vraiment mal embarquée parvienne à renverser le cours de sa saison pour accrocher les playoffs ? Non, c’est même très rare. Par contre, il y a quelques exemples d’équipes en ballotage défavorable en février qui ont joint le geste à la parole en terminant leur exercice en boulet de canon.
Changement d’entraîneur, retour de blessure, transferts : il y a souvent une bonne raison pour l’expliquer. Retour sur les dix plus grosses « remontadas » de ces 20 dernières années, basées sur la différence entre les pourcentages de victoires avant et après le All-Star Break.
Denver Nuggets / 2004-2005 (+40.9) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 45.3%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 86.2%
En 2005, Denver se signale avec une fin d’exercice en boulet de canon : 10e à l’Ouest au moment du All-Star Weekend chez eux, avec un bilan de 24-29, les Nuggets terminent 6e à 49-33. Soit 25 victoires en 29 sorties après les vacances pour la bande à Melo ! La raison de ce retournement de situation ? George Karl.
Après un 13-15 inaugural, la direction décide de se débarrasser de Jeff Bzdelik – actuellement en charge de la défense à Houston – pour le remplacer par Michael Cooper, qui est lui même viré après une série de 10 défaites en 14 matchs. George Karl arrive alors sur le banc, et conclut la saison avec un bilan de 34-8.
De quoi prendre la place des Lakers notamment dans le Top 8, qui avaient perdu dans le même temps 19 de leurs 21 derniers matchs, ratant les playoffs pour la première fois depuis onze ans. Les débuts compliqués de l’ère post-Shaq.
Miami Heat / 2003-2004 (+30.7) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 40.7%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 71.4%
Un an plus tôt, c’est Miami qui réalise une dernière ligne droite supersonique : 14 victoires sur les 17 derniers matchs. De quoi faire basculer une saison moyenne marquée par une série de 7 défaites dès la rentrée pour les débuts de Dwyane Wade à South Beach.
Mais l’alchimie finira par se mettre en place entre le nouvel entraîneur Stan Van Gundy, son rookie, mais aussi la recrue Lamar Odom et Caron Butler (qui fileront tous les deux à L.A. l’été suivant en échange de Shaquille O’Neal). Un exercice qui se terminera avec une défaite en demi-finale de conférence contre Indiana après une série victorieuse contre New Orleans, et ce fameux game winner de Dwyane Wade dans le Game 1.
https://www.youtube.com/watch?v=sb9QVXOvbZw
Portland Blazers / 2016-2017 (+28.2) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 41.1%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 69.2%
Avec un bilan de 23 victoires pour 33 défaites lors du All-Star Break, les Blazers semblaient très mal partis pour rejouer les playoffs après leur demi-finale de conférence l’année précédente. Mais même si son équipe était en ballotage défavorable et qu’une Draft de haute volée s’annonçait, Damian Lillard avait choisi d’activer le mode playoffs.
Débarrassé d’une gêne à la cheville et sans doute motivé par sa non-sélection au All-Star Game, le meneur de jeu va faire basculer la saison des Blazers avec 28 victoires en 36 matchs, jusqu’à les qualifier pour les playoffs avec une sortie à 59 points. « Dame Time ».
Boston Celtics / 2014-2015 (+25.3) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 39.2%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 64.5%
Mi-février 2015. Les Suns sont 8e avec un bilan de 29-25, les Celtics 10e à l’Est à 20-31. Le 15 avril suivant, date de la fin de la saison régulière, les premiers ne sont plus que 10e (39-43), les seconds sont en playoffs (7e, 40-42). Le dénominateur commun à ces deux retournements de situation a un nom : Isaiah Thomas, transféré de Phoenix à Boston avant la trade deadline.
C’est à ce moment-là que, comme un grand, « IT » relança les C’s et accéléra leur reconstruction, lors de cette saison marquée par les départs combinés de Rajon Rondo et Jeff Green, et la venue d’un Austin Rivers qui ne voulait pas porter le maillot celte. « IT Time », cette fois-ci.
Los Angeles Lakers / 2012-2013 (+25.1) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 46.3%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 71.4%
2012-2013 : la fin d’une ère à Los Angeles, le début du chaos.
Les Lakers frappent un grand coup à l’été 2012 en mettant la main sur Dwight Howard et Steve Nash, censés relancer la dynastie californienne aux côtés de Kobe Bryant et Pau Gasol. Il n’en sera rien : l’entraîneur Mike Brown est viré après cinq matchs, Mike D’Antoni prend sa place mais n’arrive pas à mettre sur pied son attaque rapide avec cette équipe vieillissante.
Pendant que le Staples Center chante « We want Phil » (Jackson), Steve Nash enchaîne les blessures, Dwight Howard a mal au dos, Pau Gasol ne trouve pas sa place et, cerise sur le gâteau, Kobe Bryant se rompt le tendon d’Achille à une semaine de la fin de la saison régulière.
Malgré tout, malgré le pire départ du club en 20 ans, les hommes de Mike D’Antoni avaient cette année-là gagné leur course contre-la-montre pour accéder au Top 8. Dixièmes à 25-29 au moment du break, ils avaient fini sur un 20-8 pour accrocher la 8e place de la conférence Ouest. Avant un sweep au premier tour des playoffs, où ils ne sont pas retournés depuis.
Milwaukee Bucks / 2009-2010 (+23.9) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 47.1%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 71%
Entre 2006 et 2013, les Bucks ont dépassé une fois les 35 victoires pour se qualifier en playoffs, lors de la saison 2009-2010. Longtemps en quête de la bonne formule avant l’explosion de Giannis Antetokounmpo, Milwaukee s’était séparé, à l’été 2009, de trois joueurs majeurs : Ramon Sessions, Charlie Villanueva et Richard Jefferson. La franchise avait alors misé sur le retour d’Andrew Bogut après une grosse blessure et l’arrivée du 10e choix de Draft Brandon Jennings, mais aussi sur une poignée de jeunes joueurs honnêtes tels que Carlos Delfino, Hakim Warrick ou Ersan Ilyasova. De quoi, tout juste, espérer être dans la course aux playoffs.
La saison commença bien, avec 8 victoires en 11 matchs, avant de basculer avec une série de 18 défaites en 25 sorties entre novembre et janvier, et de voir Michael Redd, à peine revenu d’une déchirure des ligaments du genou, se blesser au même endroit. Mais, boostés par la signature de Jerry Stackhouse et surtout le transfert pour récupérer John Salmons (20 points de moyenne), les Cerfs allaient finir la saison à plein régime pour accrocher la 8e place à l’Est, et même faire trembler les Hawks (défaite 4-3 au premier tour).
Sacramento Kings / 2005-2006 (+23.7) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 45.3%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 69%
Quatre ans plus tôt, c’est Ron Artest qui allait permettre à Sacramento de retourner une situation mal embarquée. En effet, voyant leurs Kings 12e en février, les frères Maloof, alors propriétaires de la franchise, décidèrent de transférer le chouchou local Peja Stojakovic à Indiana en échange de celui qu’on appelle aujourd’hui Metta World Peace. Celui-ci promit à Sactown les playoffs, et respecta sa promesse, avec 20 victoires sur les 29 derniers matchs de la saison pour accrocher une 7e place. Les Hornets, 5e en février, allaient dans le même temps échouer à la 10e place.
*=équipes qualifiées pour les playoffs en fin de saison.
Utah Jazz / 2017-2018 (+23.3) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 51.7%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 75%
Si Utah a réussi une belle remontée l’année dernière entre sa 10e place au moment du All-Star Break et sa 6e en fin de saison, la franchise avait amorcé son tournant un petit plus tôt : au moment de partir en vacances, le Jazz restait sur une série de onze succès de rang.
C’est le retour de blessure Rudy Gobert qui a fait la différence, mettant en lumière l’explosion de Donovan Mitchell, avec un duo de vétérans Rubio/Ingles à son meilleur à leurs côtés. Utah allait alors enchaîner avec un 21-6, avant d’éliminer le Thunder au premier tour des playoffs. Et le Français, dont la qualité de facteur X ne pouvait plus être ignorée, allait logiquement recevoir le trophée de DPOY.
Los Angeles Lakers / 2002-2003 (+23.2) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 51.1%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 74.3%
Triples champions en titre, les Lakers commencent mal la saison, avec un Shaquille O’Neal qui rate la rentrée et dont le retour ne suffit pas à régler les problèmes de l’équipe : à Noël, après 30 matchs, les hommes de Phil Jackson n’ont que 11 « W » au compteur. Et même s’ils redressent la barre pour retourner à l’équilibre, ils ne sont finalement que 9e au All-Star Break (26-25).
Kobe Bryant prend alors les choses en mains avec une série de 9 matchs de suite à 40 points ou plus (le 1er avant la pause), et les Californiens passent en mode rouleau compresseur avec 24 victoires pour 7 revers après le break, pour aller chercher la 5e place de la conférence Ouest. Ils arrivent à battre les Wolves de Kevin Garnett au premier tour des playoffs, pas les Spurs de Tim Duncan au suivant.
New Jersey Nets / 2004-2005 (+22.1) |
Pourcentage de victoires avant le All-Star Break : 43.4%
Pourcentage de victoires après le All-Star Break : 65.5%
Jason Kidd blessé, les Nets commencent la saison avec 11 défaites lors des 13 premiers matches : c’en est trop pour la direction, qui monte un transfert afin de faire venir Vince Carter. Avec Kidd, revenu aux affaires, le duo redresse la barre mais New Jersey reste coincé à la 10e place en février avec 3 victoires de retard sur les Sixers, en étant plombé par la blessure de Richard Jefferson cette fois-ci.
La saison se joue sur la dernière ligne droite : les Nets gagnent 10 des 12 dernières rencontres pour piquer la place des Cavaliers, sur qui ils possèdent le tie breaker, et qui étaient 3e en février !