Aux États-Unis, on ne badine pas avec le sacro-saint hymne national. Ceux qui ont osé attaquer ce symbole d’unité nationale, même pacifiquement, ont été sévèrement réprimés. Dans le monde du sport professionnel, le dernier exemple en date remonte à 2016, lorsque le joueur de football américain Colin Kaepernick a posé le genou à terre durant le « The Star-Spangled Banner » pour protester contre les violences policières envers la communauté noire.
Blacklisté par toutes les franchises de la NFL, il n’a depuis plus retrouvé de place dans un effectif.
Un trade et une lente mise à l’écart
Vingt ans plus tôt, le 12 mars 1996, Mahmoud Abdul-Rauf avait également refusé d’écouter l’hymne national américain, ce qui lui avait valu une amende de 32 000 dollars, une suspension de match et une lente descente aux enfers.
Invité par l’association des étudiants musulmans, le Black Justice Council, l’association des étudiants africains, le gouvernement étudiant de l’université Marquette, le bureau de la diversité institutionnelle et de l’inclusion de Marquette, Amnesty International et le ministère du Campus, Mahmoud Abdul-Rauf est revenu à Marquette sur la situation dans laquelle il s’est retrouvé par la suite, estimant qu’entre son époque et celle de Colin Kaepernick, « rien n’a changé ».
« Mes minutes ont diminué, j’ai été tradé dans la foulée. Ils disaient : On ne sait pas si tu vaux toujours le coup. C’était à peu près le même discours que j’ai entendu avec Kaepernick. (…) Mon agent contactait d’autres équipes qui lui répondaient : Nous ne sommes pas intéressés et ça n’a rien à voir avec ses qualités de basketteur. »
« Rien n’a changé, depuis mon époque jusqu’à celle de Colin Kaepernick »
Converti à l’Islam cinq ans plus tôt, Mahmoud Abdul-Rauf protestait pourtant avant tout pour lui-même. Alors qu’il restait dans les vestiaires pour ne pas écouter l’hymne américain, synonyme « d’oppression » pour les musulmans à ses yeux, son attitude était longtemps passée inaperçue auprès des journalistes et des fans.
« Ma motivation n’a jamais été de faire de l’argent, c’était juste pour aider les autres (…) Je prendrai toujours position et je ne regrette pas ce geste », a-t-il ajouté.
Pour Colin Kaepernick comme pour Mahmoud Abdul-Rauf, la pression exercée par les patrons des ligues professionnelles de l’époque a bien fonctionné. En NBA notamment, personne n’a plus jamais protesté de la sorte durant l’hymne américain diffusé avant chaque match officiel, David Stern ayant clairement interdit toute manifestation de ce type.
« Rien n’a changé, depuis mon époque jusqu’à celle de Colin Kaepernick. Je vois qu’il y a des améliorations, mais rien que je puisse qualifier d’exceptionnel. »