Sauf miracle, les Lakers ne participeront pas aux playoffs. Avec 30 victoires pour 34 défaites, Los Angeles a six victoires de retard sur les Spurs (36 victoires – 29 défaites), actuels huitièmes à l’Ouest, avec 18 matchs à jouer.
Comme Sacramento (32-31), Minnesota (29-34) et New Orleans (30-36) présentent des bilans similaires, il n’y a quasiment plus aucune chance de voir les Lakers en playoffs. Un vrai camouflet pour LeBron James, qui restait sur huit Finals consécutives à l’Est, mais aussi pour Magic Johnson, qui avait promis de replacer le club au sommet de la hiérarchie.
Bien sûr, on ne s’attendait pas à ce que Los Angeles remporte le titre, mais les voir hors du Top 8 est troublant.
Trop de blessures ?
Le premier facteur pour expliquer la saison décevante des Lakers, ce sont bien sûr les blessures. Brandon Ingram a ainsi manqué 12 matchs, Lonzo Ball 17, LeBron James 18 et Rajon Rondo 34. Pour une formation qui se découvre, c’est beaucoup, et l’absence du King, entre Noël et fin janvier, a fait très mal à ses troupes.
Sans lui, les Lakers n’ont remporté que 6 de leurs 17 matchs, passant d’un bilan plutôt confortable de 20-14 à 26-25.
Pourtant, si on regarde toutes les équipes NBA, les Lakers sont globalement dans la norme au niveau du nombre de matchs ratés au total par leurs joueurs. Très loin de Denver, Cleveland, Philadelphie, Brooklyn ou encore Houston…
Au niveau des défaites dues aux blessures (représentées par la taille des bulles), les Lakers sont encore une fois dans la moyenne, et il semble compliqué de faire des blessures l’argument principal de la saison ratée des Lakers.
Même si, comme l’admet LeBron James, elles plombent le moral des troupes, surtout quand elles s’accumulent.
« Les blessures ont pris le dessus sur nous. Défensivement, on est plutôt dans le coup au regard des circonstances, mais offensivement on a du mal à scorer », déplore ainsi le King. « Ça craint, pas seulement pour la franchise mais aussi pour chaque joueur. Quand je vois le travail accompli par Kuz pour prendre soin de son physique, à essayer d’être disponible pour l’équipe… De le voir se tordre la cheville sur une action sans contact, c’était clairement dur ».
La faiblesse de l’équipe sur demi-terrain
Car le jeu mis en place par Luke Walton pose aussi problème. Les Lakers n’affichent ainsi que la 22e attaque de NBA (107.5 points marqués sur 100 possessions) et la 13e défense (108.9 points encaissés sur 100 possessions).
Mais si tout va bien dès qu’ils peuvent accélérer, puisqu’ils marquent 19 points par match sur jeu rapide, soit le troisième total de la ligue cette année (derrière les Kings à 21.3 et les Warriors à 19.4), ça se gâte sévèrement sur jeu placé. Après un panier encaissé, et alors que les défenses sont généralement placées, Los Angeles n’affiche ainsi que la 24e attaque, avec 1.03 point inscrit par possession, très loin de l’efficacité de Golden State (1.13), premier dans le domaine.
Quand les Lakers n’ont pas la possibilité de jouer vite, ils se contentent très souvent de laisser LeBron James ou Brandon Ingram tenter de créer des décalages. Une pauvreté offensive qui risque d’ailleurs de coûter sa place à Luke Walton.
Un groupe mal construit
Globalement, c’est la construction de l’équipe qui s’est avérée défaillante. L’été dernier, après l’arrivée du King, tout le monde se demandait quel était le plan des Lakers, en entourant LeBron James de joueurs ayant aussi besoin du ballon, comme Rajon Rondo, Lance Stephenson ou Michael Beasley, et en faisant l’impasse sur des shooteurs purs.
« Je ne comprends pas vraiment ce qu’ils font, si on s’intéresse au basket de playoffs » expliquait ainsi David Griffin, ancien GM des Cavs. « Tu veux plusieurs créateurs pour faciliter la tâche à LeBron, ça je peux comprendre. Mais ne crois pas que LeBron puisse réussir sans aucun joueur dominant capable d’étirer le jeu, surtout en playoffs. »
Le dirigeant s’étonnait de voir les Lakers accumuler ainsi les créateurs autour du quadruple MVP.
« On enlève le ballon des mains du gars le plus dominant de NBA, celui qui prend les meilleures décisions. Quand tu écartes le jeu autour de lui, les points par possessions sont beaucoup plus élevés s’il a le ballon en main. Plus que n’importe qui d’autre. »
Face à ces critiques, Magic Johnson et son GM, Rob Pelinka, avaient répliqué qu’ils avaient misé sur la dureté plutôt que sur l’adresse. Selon eux, c’était comme ça qu’on pouvait lutter contre Golden State, notamment.
« Nous n’allons pas battre Golden State en faisant du Golden State », assurait le président. « Tout le monde dit que les Lakers n’ont pas de shoot. Nous en avons ! Mais nous avons aussi vu toutes les équipes qui avaient du shoot : elles ont été battues. Faisons la liste : Philly avait deux grands shooteurs et Boston n’avait pas les siens. Qui a fini par gagner ? Boston. Ils avaient plein de joueurs capables de casser les défenses, de shooter et ils étaient sérieux dans le secteur défensif. C’est pourquoi Boston a avancé jusqu’en finale de conférence et ils l’ont fait sans leurs deux meilleurs joueurs. »
La réalité, c’est aussi que Los Angeles avait pour objectif de conserver le maximum de masse salariale pour l’été 2019, et que le duo Johnson – Pelinka n’a pu miser que sur des joueurs acceptant des contrats d’un an.
De quoi limiter leurs options, même si Trevor Ariza, JJ Redick ou Wayne Ellington ont signé des contrats courts.
LeBron James veut changer de rôle… puis y revient
Mais ESPN explique que ces choix ont été négociés entre Magic Johnson et LeBron James, lorsque ce dernier a décidé de rejoindre les Lakers. Le King ne voulait pas revivre la situation de sa dernière saison à Cleveland où, sans Kyrie Irving, il avait été obligé d’assumer toute la création des Cavs, avec une armée de shooteurs qui dépendaient de ses décalages.
Alors que les années s’accumulent, le quadruple MVP a besoin de pouvoir se décharger sur ses coéquipiers et la stratégie des Lakers n’était donc pas illogique. Sauf qu’elle impliquait que LeBron James accepte de lâcher le ballon sur la durée, et surtout qu’il remette les gaz en défense, alors qu’il avait pris l’habitude de s’économiser en saison régulière.
Problème : le King a repris le contrôle du cuir au fur et à mesure que la pression montait. Il est ainsi passé de la 23e place en termes de ballons touchés par match en novembre (77.9), à la 2e place en février (98.3).
Quant à sa défense, notamment loin du ballon, elle n’a jamais été aussi déficiente…
LeBron James a-t-il encore des séquelles de sa blessure ? C’est très possible, car on le sent moins mobile. Sauf que dans ces conditions, et alors que le ballon lui revient en permanence dans les mains, le King a besoin de shooteurs, et que cet effectif des Lakers en manque. Avec 33.6% de réussite, Los Angeles n’est ainsi que 28e au niveau de l’adresse extérieure.
Le fiasco Anthony Davis
Bien sûr, tous ces problèmes son liés et interdépendants. LeBron James est ainsi sans doute revenu à son ancien rôle pour compenser en partie les blessures et les difficultés offensives de l’équipe sur demi-terrain, par exemple.
Peut-être aussi que lui et son entourage, et notamment son agent Rich Paul, ont tenté d’accélérer la reconstruction de l’équipe alors que le King se retrouvait face aux mêmes difficultés qu’il avait quittées à Cleveland. Sauf que la demande de transfert d’Anthony Davis s’est retournée contre Magic Johnson et ce jeune effectif de Los Angeles.
Les Pelicans n’ont ainsi pas cédé au chant des sirènes de Los Angeles, en faisant même fuiter les offres de Magic Johnson. De quoi déstabiliser les jeunes Lakers, et même réveiller LaVar Ball, pourtant discret depuis quelques mois.
« Clairement, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette équipe, et c’est à nous de le corriger. Mais je n’en suis pas vraiment sûr pour l’instant » confiait ainsi récemment Kyle Kuzma, imité par Josh Hart : « On a le talent, on a des qualités, on a les leaders pour enchaîner les victoires et arracher les playoffs. Mais on doit le faire de manière collective. Si on n’a pas confiance les uns dans les autres, en attaque comme en défense, on va échouer. Ce n’est pas comme ça qu’on gagnera. »
Construire un collectif reste en effet un processus long et compliqué, et la signature du joueur le plus dominant de sa génération n’est pas une garantie absolue, surtout dans cette conférence Ouest. Les Lakers en font l’amère expérience.