Harry Giles entrevoit le bout du tunnel

C’est le 17 octobre dernier que Harry Giles a effectué ses débuts NBA, une délivrance après un an d’attente et pléthore de galères. Si le jeune intérieur de 2m08 n’a pas spécialement marqué les esprits pour sa performance sur le terrain (2 pts, 1 rbd, 1 pd en 9 min), l’audience du Golden 1 Center a tout de même tenu à l’ovationner pour son entrée, une première reconnaissance bienvenue pour celui qui fut un temps considéré comme le meilleur espoir du pays.

Une première année prometteuse

Dès sa première année au lycée, Harry Giles remporte ainsi le titre régional de Caroline du Nord, l’un des états les plus compétitifs, sous les couleurs de la Wesleyan Christian School. C’est dès ce moment que Duke s’active pour le recruter.

« Il y a des joueurs que je n’ai jamais vus en vrai au lycée, je n’ai jamais recruté LeBron James ou Kevin Durant mais sans le moindre doute, le meilleur joueur de lycée que j’ai jamais vu en personne est Harry Giles », confie à Bleacher Report celui qui était alors le premier recruteur de Duke pour Mike Krzyzewski, Jeff Capel.

Mais dès l’été suivant ce titre et cette offre de bourse de Duke, Harry Giles se rompt les ligaments croisés et se déchire le ménisque du genou gauche au cours d’un match en Uruguay, sous les couleurs des Etats-Unis, dans la sélection U16. Peu de temps après, il apprend la nouvelle de la disparition de sa meilleure amie, Celeste Burgess, elle-même joueuse. De quoi saper le moral d’un adolescent de 15 ans.

Trois saisons gâchées par les blessures

Après une année de rééducation et de travail intensif avec son entraîneur, Harry Giles explose pour de bon lors de son année junior. Il devient le meilleur espoir du pays et file alors à la célèbre Oak Hill Academy pour terminer son cursus. Mais bis repetita, après deux minutes de jeu pour son premier match, rupture des ligaments croisés, cette fois, du genou droit. Quelques minutes avant la rencontre, il avait reçu un appel l’informant que l’un de ses meilleurs amis, joueur de Murray State, était entré d’urgence en salle d’opération en raison d’un problème cardiaque.

En quatre années de lycée, Harry Giles n’a connu que deux saisons pleines et malgré les promesses entrevues, sa cote baisse considérablement. La bourse de Duke est néanmoins toujours valable et l’intérieur décide de revenir en Caroline du Nord. Pour autant, Harry Giles prend conscience que les regards sur lui ont changé : pour beaucoup, il est déjà perdu pour le basket.

« Quand vous ne jouez plus, tout change. Beaucoup de gens vous tournent le dos », constate-t-il. « Même ceux qui disaient qu’ils croyaient en vous quoi qu’il arrive. »

Le fait est que le corps du neo-Blue Devil semble leur donner raison : dès la pré-saison, une douleur au genou gauche indique aux médecins de l’université qu’il devra en passer par une arthroscopie, une opération qui lui coûte 11 matchs. À son retour, il n’est qu’un joueur parmi d’autres dans la rotation de Mike Krzyzewski et, clairement, il ne donne pas de signes très rassurants.

« J’aurais dû manquer la saison entière », dit-il aujourd’hui avec du recul. « Je n’étais pas prêt à jouer. Je pensais que je l’étais mais ce n’était pas le cas. Je ne me suis pas pressé mais je me suis quand même pressé, vous comprenez ? J’ai pris mon temps mais je n’étais toujours pas prêt »

Une reconstruction patiente avec les Kings

Cela n’empêche pas les Kings de le sélectionner en 20e position de la draft 2017 mais la franchise californienne recommande à son joueur de prendre l’intégralité de la saison pour se préparer physiquement et tourner la page des blessures. Peu à peu, en intégrant les entraînements collectifs, Harry Giles a fait bonne impression.

« J’étais déprimé pendant un moment car je ne jouais pas ou je ne jouais pas aussi bien que je le voulais. J’ai dû me souvenir ce qu’il m’avait fallu auparavant pour me rendre aussi bon. Ça ne s’est pas produit d’un jour à l’autre. Cela m’a pris tellement d’entraînements, de répétitions, de matchs. Le basket a toujours été ma vie et je pensais que tout allait revenir de suite. J’ai dû accepter de prendre le temps. »

S’il vise le trophée de rookie de l’année, Harry Giles est pour le moment bien loin de la cadence des Luka Doncic, DeAndre Ayton ou Trae Young : après six matchs, il compile 3.7 points à 32.3% et 2.8 rebonds en 12 minutes de jeu. Lors des deux derniers matchs des Kings, il n’a même pas foulé le terrain. Mais après autant de blessures et de temps passé à se reconstruire, il n’y a rien de surprenant à ce que ses débuts soient délicats. Et l’intérieur a appris à prendre son mal en patience.

« Pour être honnête, j’ignore si je serai un jour le joueur que j’étais jadis. Je serai différent mais je continuerai de bosser tant que je ne serai pas meilleur que ce que j’étais censé être. »

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.