Deux choses ne cessent de surprendre les observateurs dans cette campagne de playoffs : le talent de LeBron James et le collectif celte dirigée par Brad Stevens. Les deux se retrouvent en finale de conférence, pour un « remake » de l’an passé… même si seulement 9 joueurs sont toujours là, sur les 26 qui se sont affrontés la saison dernière.
Le duel de cette année pourrait se limiter à ces deux composantes. Ce ne sera évidemment pas le cas, avec des matchups sur lesquels appuyer, la défense de la ligne à 3-points, des ajustements entre chaque manche, l’avantage du terrain et le lot habituel de facteurs X. Comme pour chaque preview, on compare les forces des deux équipes, catégorie par catégorie.
MENEURS |
Le phénomène Terry Rozier n’était pas un feu de paille : après les Bucks, « Scary Terry » a effrayé les Sixers en demi-finale de conférence en compilant des statistiques un poil supérieures (19 points à 43% aux tirs et 42% à 3-points) et en assumant cette pression nouvelle. Avec cette impression que quand Boston a besoin d’un 3-points, « T-Ro » est toujours là pour planter. Face au « small ball » des Cavs, on pourrait le retrouver davantage près du cercle.
Après J.J. Redick, il devra de nouveau défendre sur un meneur de jeu solide, expérimenté et capable de scorer de partout sur le parquet. George Hill fait d’ailleurs un bien fou à Cleveland depuis son retour de blessure, assurant une dizaine de points derrière LeBron James, en le soulageant du ballon, avec son style toujours très propre, sans fioriture mais sans folie. C’est néanmoins sa capacité à freiner Terry Rozier qui devrait davantage compter dans la série.
Avantage : Boston
EXTÉRIEURS |
Bien malin celui qui annoncera avec certitude le cinq de départ de Brad Stevens demain soir. Comme Tyronn Lue devrait garder son cinq « small ball », on peut partir du principe que le technicien celte va le suivre en laissant Aron Baynes sur le banc, pour mettre sur le parquet – et sur LeBron James – Marcus Morris.
Si le problème LeBron est presque insolvable pour Brad Stevens, la paire formée par Jaylen Brown et Jayson Tatum devrait donner pas mal de maux de tête à Tyronn Lue. Ce dernier misait jusqu’ici sur J.R. Smith et Kyle Korver mais l’ancien Hawk semble un peu léger par rapport aux deux attaquants adverses. À l’inverse d’un Jeff Green par exemple. Jusqu’à maintenant, personne n’a vraiment réussi à les freiner en tout cas : le sophomore a été stoppé par sa blessure mais est revenu à son meilleur niveau dans le Game 5 contre Philly avec un match au presque parfait. Pendant que le rookie enchaînait un septième match de suite à plus de 20 points.
Le problème pour Tyronn Lue, c’est que Kyle Korver est un de ses meilleurs attaquants depuis le début des playoffs, même sur courant alternatif : cinq matchs à 6 points ou moins, cinq à 16 ou plus. Comme J.R. Smith dans une moindre mesure. C’est le lot des shooteurs à 3-points, essentiels à Cleveland autour d’un LeBron James qui concentre l’attention.
Avantage : Boston
INTÉRIEURS |
« Il faut défendre sur LeBron en équipe, c’est un joueur unique ». Brad Stevens se gardera bien de dévoiler son plan de jeu pour gêner le King. Il ne pourra pas faire beaucoup mieux, mais nul doute qu’il jouera toute ses cartes. Sa première devrait être Marcus Morris, celle qu’il a sortie cette saison, en se souvenant qu’à Detroit, le jumeau avait prouvé qu’il pouvait gêner le quadruple MVP. Même si le LeBron James des playoffs 2018 est encore plus fort que les LeBron James précédents.
On verra aussi sûrement Marcus Smart et Jaylen Brown tenter leur chance sur lui. Voire un Al Horford qui a montré qu’il pouvait être mobile contre Giannis Antetokounmpo sur demi-terrain. Semi Ojeleye peut lui être le cinquième As dans la manche de Brad Stevens. Bon, rappelons que le King a fait du petit bois de tous ceux qui se sont retrouvés sur son passage depuis le début des playoffs. C’est sans doute le rookie OG Anunoby qui s’en est le mieux sorti, un indice pour Boston ?
En attaque, Marcus Morris est par contre sous les 30% sur les quatre derniers matchs, avec des tirs de plus en plus compliqués. C’est son jeu, mais c’est encore plus compliqué que d’habitude. À l’inverse d’un Al Horford toujours plus juste, métronome de cette équipe celte des deux côtés du parquet, et qui a tout pour gêner Kevin Love. Il s’est régalé contre Dario Saric dans la raquette et se fera un plaisir d’aller y enfoncer l’ancien Wolf. Chose que ce dernier aura, lui, du mal à faire : il lui faudra trouver de l’adresse un peu plus loin du panier. Et également profiter de la lenteur d’Aron Baynes quand il foulera le parquet, comme il l’a fait avec Jonas Valanciunas.
Avantage : Cleveland
LES BANCS |
Celui des Cavs est plus fourni sur le papier avec Jordan Clarkson, Rodney Hood, Jeff Green, Tristan Thompson, Larry Nance Jr. ou même Jose Calderon, ce troisième meneur dont Boston doit se passer pour l’instant avec la blessure de Shane Larkin à l’épaule. Et Brad Stevens ne fait lui qu’avec trois remplaçants maintenant : Marcus Smart, Marcus Morris et Semi Ojeleye. Mais ces rotations sont essentielles chez ces Celtics où le collectif est roi.
De fait, les remplaçants celtes sont importants et dangereux, même si Jeff Green prouve enfin sa valeur du côté de Cleveland (12.3 points à 55% aux tirs dont 43% de loin face à Toronto). Boston peut surtout compter sur un Marcus Smart dont l’impact a peu d’équivalence en sortie de banc sur ces playoffs, avec ou sans adresse.
Egalité
LES COACHES |
Les mauvaises langues disent depuis longtemps que LeBron James est le vrai coach à Cleveland, et il est vrai que Tyronn Lue se repose énormément sur son franchise player. Mais le technicien est capable de faire des coups, comme lorsqu’il sort Tristan Thompson de sa manche, et sur la manche précédente, il a su appuyer où ça faisait mal face aux Raptors.
Néanmoins, Brad Stevens fait toujours autant de miracles à Boston et le duel des entraîneurs est largement à son avantage. Que ce soit dans la préparation des « matchups », son discours pendant les matchs, les sorties de temps-mort où la gestion du money time, l’ancien de Butler est clairement au-dessus du lot.
Avantage : Boston
LA CLÉ DE LA SÉRIE |
La défense de Boston. L’équation est toujours la même face à LeBron James, et Boston va envoyer ses soldats les uns après les autres pour le ralentir. Le King n’a jamais autant joué et Boston espère qu’il connaîtra enfin un coup de mou. Hors de question néanmoins d’oublier les « role players ». On l’a vu avec Toronto, LeBron James a toujours la passe qu’il faut pour des Kyle Korver ou J.R. Smith qui sont capables de couper sous le cercle, et pas seulement rester derrière la ligne à 3-points. Cleveland a quand même tourné à 119 points et seulement 8 balles perdues de moyenne face aux Raptors. Il faudra donc ralentir le rythme en empêchant le jeu en transition côté celte. Plus facile à dire qu’à faire face à la locomotive James.
Al Horford devra aussi gêner le principal lieutenant du n°23, Kevin Love, pour limiter son impact. La seule chose dont les Celtics doivent se méfier, ce sont les coups de sifflet : on a vu dans le Game 4 contre Philly qu’ils pouvaient rapidement être déboussolés par les problèmes de fautes, a fortiori avec leur rotation courte. Pour le reste, les C’s doivent garder leur agressivité sur les balles qui traînent ainsi qu’au rebond, où ils sont un peu plus présents que les Cavs. Ils marquent d’ailleurs plus de points sur deuxième chance que Cleveland, qui a tendance à en encaisser plus. Mais leur reste-t-il assez de jus ?
EN SAISON RÉGULIÈRE |
Cleveland 2-1
17 octobre : Cleveland – Boston (102-99)
3 janvier : Boston – Cleveland (102-88)
11 février : Cleveland – Boston (121-99)
VERDICT |
Les Celtics n’ont pas perdu un seul match dans leur antre en playoffs et l’avantage du terrain jouera énormément dans la série, même si les Cavaliers jouent de leur côté très bien à l’extérieur, que LeBron James aime le Garden et qu’il adorerait envoyer un message dès le Game 1. À Boston de l’en empêcher en continuant de « jouer possession après possession » et en « faisant toujours circuler le ballon », les mantras de Brad Stevens.
L’entraîneur aura un grand rôle à jouer, de même que ses trois jeunes, Rozier, Tatum et Brown. Ils n’ont pour l’instant pas déçu, et il faudra que ça continue, notamment en attaque, pour que les Celtics l’emportent. Reste que c’est LeBron James qui se dresse sur leur route, et plus aucune équipe n’a réussi à l’empêcher d’aller en Finals depuis 2010. C’était déjà Boston.
CALENDRIER |
Game 1 : à Boston, dimanche 13 mai (21h30)
Game 2 : à Boston, mardi 15 mai (2h30)
Game 3 : à Cleveland, samedi 19 mai (2h00)
Game 4 : à Cleveland, lundi 21 mai (2h30)
Game 5 : à Boston, mercredi 23 mai ** (2h30)
Game 6 : à Cleveland, vendredi 25 mai ** (2h30)
Game 7 : à Boston, dimanche 27 mai ** (2h30)
**si nécessaire