Fin mars, Ray Allen publie un livre, From the Outside, My Journey Through Life and the Game I Love où il revient sur sa carrière et notamment sur son passage à Boston, entre 2007 et 2012. L’occasion de comprendre pourquoi le recordman du nombre de 3-points inscrits en NBA est depuis brouillé avec Kevin Garnett et surtout Rajon Rondo.
« Un vestiaire, c’est parfois comme le lycée, avec les clans qui se forment et les ragots, souvent faux, que certains font circuler », écrit Ray Allen, aidé par Michael Arkush. D’ailleurs, si l’arrière assure que « s’il doit choisir quelqu’un avec qui jouer, c’est Kevin Garnett, sans aucune discussion », ses relations avec le « Big Ticket » n’ont jamais été simples. Les deux hommes ont du caractère et dès la présaison 2007, lors du voyage de l’équipe à Rome, il commence à y avoir des légers accrochages.
« KG se disputerait avec sa grand-mère si elle s’engageait avec une autre équipe »
Avant le match, Ray Allen a ainsi l’habitude de dribbler dans le vestiaire, ce qui agace son coéquipier et entraîne une discussion assez ridicule. « Comment deux adultes peuvent-ils être aussi puérils ? » se demande le shooteur. Il se rappelle aussi d’un dîner, avant la saison, où les deux hommes parlent de leurs liens passés et des défaites accumulées dans de faibles équipes.
À la fin de ce sympathique dîner, l’ancien des Bucks et des Sonics demande l’addition à la serveuse.
« Non. Je donne de biens meilleurs pourboires que lui, donc vous devez me donner l’addition », répond Kevin Garnett, alors que les deux hommes mangent ensemble pour la première fois, ce qui surprend Ray Allen. « Il n’y a aucun intérêt à débattre avec lui. Ce qui m’a marqué, c’est qu’il avait besoin de se sentir supérieur à moi, même pour quelque chose d’aussi insignifiant. »
Ray Allen assure ainsi qu’il n’est pas surpris que KG ne lui ait jamais pardonné son départ pour Miami, à l’été 2012.
« KG se disputerait avec sa grand-mère si elle s’engageait avec une autre équipe », écrit-il.
Si on imagine bien que Kevin Garnett n’a pas un caractère facile, l’histoire qui risque de faire le plus parler est sans aucun doute celle entre Ray Allen et Rajon Rondo. Le shooteur assure ainsi que lors de son arrivée à Boston, les deux hommes s’entendaient à merveille. « Il était un peu comme mon petit frère », détaille-t-il ainsi.
Rajon Rondo : « Je vous ai tous portés jusqu’au titre en 2008 »
C’est après l’obtention du titre, en 2008, que les choses ont commencé à dérailler. En 2009, les Celtics n’arrivent plus à gérer Rajon Rondo et discutent d’un échange pour l’envoyer à Phoenix (avec Ray Allen) pour récupérer Amar’e Stoudemire, Leandro Barbosa et un choix de Draft. Le shooteur aurait alors demandé au meneur d’aller discuter avec Danny Ainge pour régler les problèmes et empêcher le trade de se faire. Deux ans plus tard, les choses ont encore empiré alors que, toujours selon Ray Allen, l’attitude de son coéquipier ne s’arrange pas.
Lors d’une réunion de l’équipe, Rajon Rondo aurait ainsi dit à ses camarades : « Je vous ai tous portés jusqu’au titre en 2008 ». « Le reste de l’équipe, à l’unisson, lui a répondu : Tu as fait quoi ? » Le meneur grogne que tout le monde se plaint de lui. « Personne n’a de problème avec toi », lui dit Ray Allen. « Toi aussi », lui rétorque son coéquipier. « Tu m’as dit que j’étais la raison pour laquelle nous allions être échangés (à Phoenix). »
À lire le shooteur, le problème est que Rajon Rondo voulait être perçu comme un leader de l’équipe alors que les membres du « Big Three » ne le voyaient pas ainsi. Egratigné par Doc Rivers lors d’une séance vidéo, lors des playoffs 2011, il va tourner sa chaise puis lancer une bouteille sur l’écran, qui se brise. Dans la foulée, Boston pense l’échanger contre Chris Paul.
C’est à partir de là que la relation entre Ray Allen et Rajon Rondo se dégrade complètement car l’échange prend l’eau, et Doc Rivers décide… de donner les clés de l’attaque au meneur, ce qui surprend l’arrière.
« Ils ont réagi comme si j’étais Benedict Arnold »
La saison suivante, en 2011-2012, est « la plus stressante » de la carrière du shooteur, qui assure qu’on en était arrivé « au point où Rondo ne voulait plus lui donner le ballon ». Dans cette campagne raccourcie par le lockout, Ray Allen avait failli partir pour Memphis lors de la trade deadline, en échange de OJ Mayo, et il avait terminé la saison sur le banc, Doc Rivers préférant finalement titulariser Avery Bradley et l’utiliser comme sixième homme.
D’après Ray Allen, c’est ce qui l’a poussé à partir, alors qu’il réclamait un contrat de 24 millions de dollars sur trois ans et que les Celtics, qui venaient d’engager Jason Terry, ne lui en offraient que 12 millions sur deux ans.
« Mettons les choses au clair. Vous voulez me payer moins. Vous voulez que je sois remplaçant. Vous voulez continuer de mettre l’attaque en place autour de Rondo. Maintenant, dites moi exactement pourquoi je devrais signer ce contrat ? »
Finalement, il va néanmoins opter pour moins d’argent puisqu’il signera à Miami pour 6 millions sur deux saisons.
« Je savais que les fans de Nouvelle-Angleterre ne seraient pas heureux de ma décision, mais je n’aurais jamais imaginé le degré de colère. Ils ont réagi comme si j’étais Benedict Arnold (le symbole du traître aux Etats-Unis). Mon seul pêché est d’avoir eu le toupet de partir de mon propre chef. »
Reste désormais à voir les conséquences de ce livre sur les relations entre Ray Allen et ses anciens coéquipiers, qui s’étaient un peu réchauffées ces derniers temps. De quoi relancer l’épuisant débat sur la participation du shooteur à la réunion de l’équipe l’été prochain, pour célébrer le titre remporté en 2008 ? Réponse sans doute rapidement…