Dans un All-Star Game, on oublie parfois que les joueurs ne sont pas les seuls à profiter de l’événement. Les entraîneurs en sont aussi les bénéficiaires. D’autant que le turnover est plus grand chez eux depuis que la ligue a imposé qu’un entraîneur ne pouvait pas y être deux saisons de suite (de 1985 à 1990, Pat Riley, alors aux Lakers, s’y était rendu six années consécutives !). À la tête de la Team Curry, Mike D’Antoni honorait sa seconde sélection All-Star après 2007, là où Dwane Casey, coach de Team LeBron, était invité pour la première fois en tant que coach (deux invitations en tant qu’assistant par le passé).
Et comme leurs étoiles, les deux coaches ont apprécié le niveau d’intensité. « Je ne m’attendais pas ce que ce soit aussi compétitif », avoue même le coach des Raptors. « C’était réclamé par la ligue et aussi par les joueurs. L’association des joueurs le voulait meilleur. » Le technicien tire ainsi son chapeau à Kevin Durant et LeBron James d’avoir haussé le ton.
Coacher ce dernier restera d’ailleurs un souvenir fort de cette première expérience.
« Je suis jaloux de Ty (Tyronn Lue) qu’il ait quelqu’un comme lui », sourit le coach. « On sait tous à quel point il est un joueur fantastique. De retour à Toronto, nous allons essayer de le battre autant que possible (en playoffs). Mais ce soir, il était dans notre équipe. C’est un plaisir de le coacher. Il est un coach pour le coach. Il répète exactement ce qu’il faut dire, les bonnes choses. Pas de bêtise. En fin de match, je lui ai demandé : ‘Vous voulez faire faute ? Nous sommes à +3.’ Il a dit : ‘Non coach, faisons un stop’. Tout ce qu’il dit, ou ce qu’un grand joueur dit, tu veux le suivre parce que c’est sa conviction. »
Quand les joueurs des Warriors volent la tablette de Mike D’Antoni…
Son discours en dit beaucoup sur « l’autorité naturelle » de LeBron James et des joueurs en général, en particulier dans ce genre de rendez-vous. La réforme de la formation des équipes, via un système de capitanat, renforce ce sentiment. Mike D’Antoni en a d’ailleurs fait l’expérience sur son propre banc, pendant le match. Manifestement, l’expérience Steve Kerr de laisser ses joueurs en autonomie a laissé des traces…
« Les gars de Golden State continuaient de prendre ma tablette et essayaient de dessiner des systèmes, j’ai dû me battre avec eux (rires) ! Je n’ai pas compris. Non, c’était cool. Vous savez, c’était un privilège pour nous, les entraîneurs, d’être parmi les meilleurs athlètes du monde. C’était amusant, ils écoutaient et voulaient gagner. Évidemment, tout ce que vous avez à faire est de commencer à dessiner quelque chose, ils savent ce qu’ils veulent faire. Comme le disait LeBron, ils improvisent. »
Exemple avec l’action en toute fin de rencontre où Kyrie Irving a trouvé LeBron James sur une passe volleyée. Une action d’abord pensée, sur le temps-mort précédent, pour avoir un maximum de spacing. Derrière, les joueurs ont simplement fait la différence en jouant avec leur instinct.
Et malgré une improvisation générale dans le jeu, Dwane Casey assure avoir participé à son All-Star Game « le plus compétitif, en ce qui concerne les schémas de jeu et les actions imaginées ».
« Par le passé, les joueurs étaient à moitié compétitifs mais là, (Paul) George a appelé un temps-mort, réclamé un coup de sifflet. Les deux équipes étaient dedans. J’ai trouvé que c’était un excellent premier pas vers la façon dont nous devrions aborder ce match. Le monde entier nous regarde. Entraîneurs de l’AAU, de lycée, en Italie… Tous nous regardent et se disent ‘Hey, sans manquer de respect aux Harlem Globetrotters, ça ne donne pas une bonne image’. Parce que nous avons trop de bons entraîneurs, trop de grands joueurs et nous avons mis trop de temps et d’efforts pour perdre l’image construite. »