On ne sait pas quelle était la cote des Lakers avant ce déplacement à Philadelphie mais elle ne devait pas être élevée. Face à une équipe qui les avait déjà battus il y a trois semaines, les hommes de Luke Walton se présentaient avec une série en cours de cinq défaites de suite. Et même 10 défaites sur les 13 derniers matches.
Los Angeles a pourtant déjoué les pronostics en menant pendant une bonne partie du match, comptant jusqu’à 16 points d’avance dans le troisième quart-temps, puis 15 au début du quatrième. Mais dès que Philadelphie a haussé le ton en défense et montré de l’application en attaque, LA n’a pu se mettre à l’abri d’une fin de match serrée. Et hyper intense. Le public de Philly l’a bien senti en faisant grimper le compteur à décibels, comme lors du temps où Allen Iverson électrisait cette foule. « Les fans sont devenus fous », décrivait Brandon Ingram, impressionné par le bruit. Julius Randle compare l’atmosphère à une « ambiance universitaire ». Leur coach Luke Walton a lui, une autre comparaison en tête : « C’était tellement bruyant qu’on aurait dit un match de playoffs. »
Lonzo Ball décisif malgré les huées
Playoff. Un mot que ni Sixers, ni Lakers n’employaient la saison passée. Dans leur confrontation de cette nuit, que ce soit dans les tribunes ou sur le parquet, il y avait un peu de cet esprit. Une atmosphère particulièrement pesante pour Lonzo Ball, hué à chaque prise de balle durant le match. La bronca est montée en intensité à l’approche du money time.
Le meneur, dont le père assure qu’il adore être traité de la sorte par le public, a d’abord tenté de se faire justice en tentant un tir primé à 30 secondes du terme. En première intention, histoire de calmer tout le monde. Un tir raté, un peu long. Alors sur la possession suivante, les deux équipes toujours à égalité, il a réussi l’action clé : le bon drive de fixation, face à une défense des Sixers désorganisée, pour libérer Brandon Ingram.
« Lonzo a fait une attaque de cercle incroyable », qualifie le héros du soir, très adroit au début de match puis en grosse difficulté lors de ses attaques de cercle. « Il aurait facilement pu tirer à 3-points devant Joel Embiid. Il était grand ouvert. Il a attiré la défense, ressorti le ballon vers moi et j’ai rentré le tir. Que ce soit bon ou mauvais, j’avais la confiance pour prendre ce tir. C’était un bon tir. »
Des choix payants pour Luke Walton
Il faut aussi donner du crédit à Luke Walton sur cette séquence. Alors que Philadelphie s’attendait sans doute à ce qu’il prenne un temps-mort, le coach, fidèle aux principes de Phil Jackson, a préféré laisser jouer ses jeunes à l’instinct. Pari gagnant.
« Ball et Ingram sont probablement nos deux meilleurs joueurs pour prendre les décisions et on les a laissés faire. Ils ont tous les deux sorti des actions altruistes. C’était le bon choix pour Zo. Il avait un tir ouvert à 3-points dans le corner et il a pénétré. Puis Brandon a montré qu’il en avait dans le ventre en rentrant ce tir. »
Luke Walton s’est également illustré dans l’ultime période en sortant momentanément Julius Randle, pour mieux le relancer.
« À chaque fois que je le sors, il s’énerve. Je l’ai sorti une petit minute puis l’ai remis. Et il a utilisé cette colère, plutôt bien. J’espère qu’il ne va pas s’y habituer. »
Là encore, un choix payant car l’intérieur des Lakers a scoré 10 de ses 16 points dans l’ultime période, pour répondre aux 16 points inscrits par Joel Embiid dans ce quatrième quart-temps. Le gaucher a été gavé de ballons sur le pick-and-roll, pour enchaîner les finitions spectaculaires près du cercle. « Embiid avait cinq fautes, alors on devait jouer avec Ju et vivre ou mourir avec ses puissantes attaques du cercle », livre Lonzo Ball, sa principale rampe de lancement.
Julius Randle voulait limiter Joel Embiid
Une petite revanche pour Julius Randle qui n’entendait pas se faire massacrer comme lors du match aller, où le pivot des Sixers avait planté 46 points.
« Je n’allais pas le laisser faire la même chose. Il est probablement le plus difficile à défendre dans la ligue, au poste de pivot. La dernière fois, je m’en voulais tellement de l’avoir envoyé sur la ligne (19 lancers-francs tirés). Il obtenait le ballon trop facilement au poste. Il allait dans la raquette. Cette fois, j’ai essayé de lui rendre les choses plus compliquées pour ne pas être battu deux fois de la même façon. »
La preuve sur la possession d’avant le tir de Brandon Ingram, Julius Randle a empêché le Sixer de scorer dont le tir contesté (avec contact a priori) s’est transformé en ballon perdu. Luke Walton pouvait ainsi féliciter ses troupes.
« Ils ont vraiment fait un pas important en gagnant dans cet environnement impressionnant. Nos gars ont fait un super boulot pour rester calmes et concentrés même si on ratait des tirs. » Mention spéciale pour Ingram : « Il a vraiment passé des caps ces deux dernières semaines au niveau de présence en général et de son leadership à l’entraînement, sur le terrain. »