Tom Thibodeau n’a jamais caché son affection pour ses anciens Bulls, et il est simplement passé à la vitesse supérieure ces deux dernières semaines. Les noms de Joakim Noah et Derrick Rose ont souvent été évoqués à Minneapolis depuis l’arrivée de « Thib », mais c’est finalement Jimmy Butler et Taj Gibson qui ont fait route vers le nord du pays. Deux joueurs qu’il a choisis parce qu’il les apprécie humainement bien sûr, mais surtout parce qu’ils collent parfaitement à sa philosophie de jeu, où tout part de la défense.
Les lacunes de son équipe dans ce domaine ont semblé le ronger l’an passé, le président-coach ne cessant d’exhorter ses ouailles à plus de combativité, d’envie, d’efforts. Et quelle meilleure manière de combler celles-ci en faisant venir Jimmy Butler, trois sélections dans une All-Defensive Team au compteur, et Taj Gibson, intérieur dur au mal par excellence.
Le contre-pied du « pace and space »
En revanche, ce que ces deux hommes n’apportent pas, et Jeff Teague non plus, c’est cette adresse longue distance si chère à la NBA du « pace and space ». C’est là que se situe le vrai pari de Tom Thibodeau. Au-delà du choix de ces trois hommes, l’entraîneur prend le contre-pied de ce qui se fait ailleurs en NBA, de ce qui fait la NBA actuelle.
Certes, il a dans son effectif des intérieurs mobiles et adroits dans le périmètre, mais seuls Nemanja Bjelica et Karl-Anthony Towns peuvent tirer derrière la ligne à 3-points à plus de 35% de réussite. Sur les extérieurs, Butler, Wiggins et Teague sont dans les mêmes eaux : entre 35 et 40% de réussite pour 3 tentatives en moyenne par match. Dernière en terme de 3-points tentés comme réussis l’an passé, Minny ne fera pas mieux cette année. Du Thib dans les texte.
Et maintenant ?
La meilleure attaque, c’est la défense. Ce mantra est encore plus véridique dans les fins de match serrées que les Wolves ont eu tant de mal à maîtriser cette saison. Avec Butler et Gibson, leur défense et leur expérience, la balance devrait pencher de leur côté. Leur cinq (ou meute) de la mort n’a rien à voir avec le « small ball » des Warriors, mais il sera beaucoup plus difficile à aller chercher dans le money time.
Une équipe à l’ancienne, qui fait d’une défense rugueuse sa marque de fabrique, a-t-elle sa place dans la NBA actuelle ? Sa place en playoffs, sûrement, mais face aux artilleurs fous de Golden State et Houston, pas sûr. Tom Thibodeau va devoir aller chercher quelques joueurs pour compléter son roster, où ne figurent que dix joueurs en comptant le rookie Justin Patton. Le propriétaire avait expliqué attendre des meneur, ailier et intérieur remplaçants, ainsi que du shoot et de la défense. Avec l’arrivée de Taj Gibson, la direction peut rayer « intérieur » et « défense » de sa liste.
Enfin du rêve à Minneapolis
Pour le poste de meneur, il faudra remplacer Kris Dunn transféré aux Bulls. Pour le poste d’ailier, Shabazz Muhammad n’est pas retenu, et la piste Mike Dunleavy Jr. est évoquée, ce qui serait une très belle pioche. Ainsi qu’un ancien Chicagoan de plus chez les TimberBulls… Quant à Cole Aldrich, ses dirigeants cherchent à s’en séparer, histoire de récupérer la totalité ou une partie de ses émoluments : 7 millions de dollars.
Au-delà du jeu de mots (« TimberBulls »), la ville de Minnesota s’apprête à vibrer comme rarement dans son histoire, le propriétaire Glen Taylor ayant expliqué n’avoir pas été aussi enthousiaste depuis la formation du trio Garnett-Sprewell-Cassell en 2003. Le tout avec un projet sur le moyen terme comme Tom Thibodeau les aime et sait les porter : Butler, Gibson, Teague et Dieng sont là pour au moins deux ans, Andrew Wiggins devrait être prolongé cet été et Karl-Anthony Towns pourrait l’être l’an prochain.
De quoi faire rêver des fans qui le méritent amplement, en retrouvant les playoffs, quatorze ans après.
EFFECTIF 2017/18
Meneurs : Jeff Teague, Tyus Jones
Arrières : Jimmy Butler
Ailiers : Andrew Wiggins
Ailiers-forts : Gorgui Dieng, Taj Gibson, Nemanja Bjelica
Pivots : Karl-Anthony Towns, Justin Patton, Cole Aldrich