La course au MVP continue et comme chaque mardi, Basket USA vous propose le Top 5 des candidats au titre de Most Valuable Player 2017.
Avec un Thunder à plus de 60% de victoires aux portes du Top 4 de la conférence Ouest, Russell Westbrook ne peut que reprendre les commandes de notre course hebdomadaire. Le meneur de jeu ne faiblit pas, à l’instar de ses collègues du Top 5. Difficile alors pour les DeMarcus Cousins, Kyle Lowry ou Isaiah Thomas de s’incruster en tête de peloton, et encore moins pour Stephen Curry, barré par un Kevin Durant toujours aussi impressionnant. Car si les deux hommes peuvent figurer dans le classement de fin d’année, difficile d’imaginer le meneur doubler son ailier. Plus le second enchaîne les bons matchs, plus le premier s’éloigne du triplé.
Double tenant du titre, la seconde fois à l’unanimité, Stephen Curry n’est plus vu comme le meilleur joueur de la ligue, ni même de son équipe. Alors, bien sûr, Kevin Durant est arrivé et la hype a changé de camp, mais les Warriors sont néanmoins toujours premiers de la ligue et Curry affiche des stats plus que correctes. Peut-il toujours viser le Graal ?
Beaucoup moins confiant que l’année dernière ?
Ses chiffres sont en baisse, comme on pouvait s’y attendre avec l’arrivée d’un autre MVP dans l’équipe, mais certaine de ses stats n’en demeurent pas moins très étonnantes, comme la baisse de son nombre de passes décisives alors qu’on l’attendait à l’inverse plus distributeur. Le numéro 30 marque en outre 6 points de moins en tirant près de 4 tirs de moins en moyenne, ce qui est somme toute assez logique, mais ce sont les pourcentages qui interpellent : 46.6% cette année contre 50.4% l’an passé, et 39.9% contre 45.4% derrière l’arc. C’est la preuve que quelque chose cloche dans son jeu, ou plutôt dans sa sélection de tirs : au grès de la redistribution des tickets shoots par Steve Kerr, « Babyface » a abandonné une partie de ses cartouches en première intention qui le rendaient si spécial. Et dangereux.
Alors qu’il marchait sur l’eau l’an passé, le double MVP semble redescendu sur terre et, surtout, il cogite. Celui qui tuait ses adversaires par son insouciance et son adresse hésite et dans une ligue où chaque seconde compte, et c’est tout l’engrenage qui se grippe parfois. Le double MVP n’est pas dans son assiette et ne se défile pas : il cherche toujours son équilibre cette année.
Comment imaginer alors Stephen Curry réaliser un triplé ? En retrouvant, en 2017, la magie qui lui a offert le doublé. Le défi statistique risque d’être difficile à relever, par rapport aux autres candidats et au partage du ballon dans son équipe. Il faudra trouver de la régularité au scoring, alors qu’il en est déjà à 9 matchs en dessous des 20 points (contre 13 sur toute l’année passée) et frapper fort de temps en temps, comme il l’a fait avec son record de 13 tirs primés en un match, pour retrouver un peu de hype – et de confiance. Les Warriors devront aussi garder leur première place de la ligue, avec des victoires, quand le match est serré, acquises dans les dernières secondes par un Stephen Curry au sang froid.
Un privilège très rarement accordé
Il faudra aussi miser sur une baisse de régime de ses concurrents : un Thunder au-delà du Top 4, un James Harden moins altruiste, des LeBron James et KD moins impressionnants de régularité. Même avec tout cela, il pourrait faire face à un obstacle de taille : les votants. Ceux-ci n’ont accordé de triplés qu’à trois hommes dans l’histoire : Bill Russell, Wilt Chamberlain et Larry Bird. Alors que d’autres l’auraient peut-être mérité, comme Kareem Abdul-Jabbar en 1973. Six ans et deux doublés plus tard, l’intérieur est encore recalé malgré les meilleurs statistiques, et de loin, de sa promotion.
En 1991, Magic Johnson se fait doubler par Michael Jordan dans le vote, alors que trois victoires séparent les Lakers et les Bulls. Mais deux ans plus tard, MJ se fait à son tour avoir par Charles Barkley malgré des stats semblables à ses deux saisons précédentes. De quoi se venger en finale sur les Suns. Puis c’est Karl Malone qui le barre en s’imposant de justesse en 1997 entre les deux dernières statuettes du numéro 23. De quoi là aussi se venger en finale sur le Jazz.
Reste alors trois exemples au XXIe siècle pour prouver qu’il est compliqué de convaincre les votants de se faire offrir cette place dans l’histoire : Tim Duncan, Steve Nash et LeBron James. Le premier est coiffé au poteau par Kevin Garnett en 2004, le second de justesse par Dirk Nowitzki en 2007, en partie par volonté de changement de la part des votants.
Un scénario contraire à celui de l’an passé pour Stephen Curry ?
Pour LeBron James, c’est Derrick Rose en 2011 qui le privera du triplé, potentiellement transformé en quintuplé a posteriori. Statistiquement, et dans l’impact sur le jeu, le King aurait pu le mériter mais le trophée de MVP est aussi une question de dynamique et de « storytelling ».
Les Bulls étaient premiers de la ligue et Derrick Rose en pleine progression alors que LeBron James avait vu ses stats logiquement baisser en rejoignant Miami, Dwyane Wade et Chris Bosh. Sans compter que la cote de désamour des « Three Amigos » auprès des fans mais également dans le microcosme NBA n’a pas aidé.
Stephen Curry se retrouve dans une situation comparable. Les spectateurs guettent ses défaillances et la « super team » de Golden State est épié. Du coup, même s’il retrouve un impact similaire à la saison passée dans la deuxième partie de saison, il ne lui sera pas simple de conserver son trophée. Néanmoins, on parie qu’il est prêt à s’en séparer si la bague est au bout.
1. Russell Westbrook
Bilan : Thunder – 19v-12d – 5e à l’Ouest
Stats : 35min, 31.7pts, 10.4rbds, 10.9pds, 1.3int, 0.3ct, 5.4bps, 43.1% tirs, 33.7% 3pts, 82.4% LF
Russell Westbrook ne marque toujours pas le pas au niveau statistique avec un triple-double et 42 puis 45 points cette semaine. Le Thunder a donc repris sa marche en avant grâce à ces 3 victoires depuis mardi dernier. Le rythme est soutenu en tête de la conférence Ouest mais OKC s’est bien replacé et son meneur de jeu affiche toujours, on a tendance à l’oublier, un triple-double de moyenne… Alors que nous sommes presque à mi-saison. Si Oklahoma City dépasse les Clippers et reste dans le Top 4, le numéro 0 sera un énorme client pour le Graal en fin de saison.
2. James Harden
Bilan : Rockets – 23v-9d – 3e à l’Ouest
Stats : 36.5min, 27.5pts, 7.8rbds, 11.9pds, 1.4int, 0.3ct, 5.5bp, 44% tirs, 34.4% 3pts, 83.6% LF
Deux victoires en quatre sorties pour les Rockets cette semaine, et deux courtes défaites contre San Antonio et Memphis : pas de quoi inquiéter les Texans, d’autant que les Clippers marquent le pas derrière. Possible candidat au trophée de MIP, James Harden l’est clairement à celui de MVP tant il rend Houston meilleur dans son nouveau rôle.
3. LeBron James
Bilan : Cavs – 23-7d – 1er à l’Est
Stats : 36.9min, 25.5pts, 7.9rbds, 8.6pds, 1.4int, 0.5ct, 3.8bps, 51.3% tirs, 37.9% 3pts, 68.8% LF
La défaite de la nuit dernière à Detroit est venue entacher la belle lancée des Cavaliers mais pas celle de leur franchise player : le King était au repos, comme lors de la seule défaite de Cleveland sur les 11 sorties précédentes de la franchise. Depuis son retour dans l’Ohio, Cleveland n’a gagné que 4 des 22 rencontres qu’il a manquées, soit un pourcentage de victoires inférieur à 19%.
Il était par contre bien là le soir de Noël, pour une victoire retentissante sur les Warriors derrière ses 31 points, 13 rebonds et 4 passes. LeBron James monte d’ailleurs en puissance : sur sa période victorieuse en cours, il tourne à près de 30 points à 53% aux tirs et 41% à 3-point. Indispensable.
4. Kawhi Leonard
Bilan : Spurs – 26v-5d – 2e à l’Ouest
Stats : 33.5min, 24.4pts, 6rbds, 3.1pds, 2int, 0.5ct, 2bps, 47.1% tirs, 40.1% 3pts, 92.2% LF
C’est peut-être le joueur dont l’aspect « valuable » se voit le moins dans les chiffres, mais Kawhi Leonard l’est tellement sur le parquet pour les Spurs. L’ailier rend son équipe meilleure en accélérant quand il le faut et en se mettant à l’inverse en retrait pour laisser ses camarades jouer. Sa défense est toujours étouffante, son jeu contient très peu de déchets et il monte en puissance d’un point de vue statistique. Dans son sillage, San Antonio n’est plus qu’à une victoire et demie des Warriors et ce serait un tremblement de terre si les Texans venaient à dépasser les Californiens. Séisme dont l’épicentre serait le double meilleur défenseur.
5. Kevin Durant
Bilan : Warriors – 27v-5d – 1er à l’Ouest
Stats : 34min, 26.2pts, 8.6rbds, 4.5pds, 1.2int, 1.5ct, 2.1bps, 53.8% tirs, 39.5% 3pts, 87% LF
Avec ses 36 points et 15 rebonds contre les Cavs le jour de Noël, Kevin Durant a non seulement répondu présent – malgré la dernière action litigieuse – mais il a montré à plusieurs égards qu’il était désormais le véritable franchise player de Golden State. De quoi éloigner un peu plus Stephen Curry d’un triplé.
Mentions spéciales
Kyle Lowry, DeMar DeRozan, Marc Gasol, Isaiah Thomas, DeMarcus Cousins.