Comme chaque année, Basket USA propose une présentation de la saison NBA et des 30 franchises sous la forme d’un compte à rebours, de la 30e place à notre favori pour le titre de champion NBA.
On débute ces previews avec les Nets qui ont décidé de repartir de zéro après l’échec des années bling-bling. Nouveau GM, nouveau coach, nouveaux joueurs… Brook Lopez doit se sentir bien seul, mais il est plus que jamais le franchise player de son équipe, qui doit démarrer une reconstruction plus intelligente.
BROOKLYN NETS : le Zoo à Brooklyn |
Qu’ils semblent lointaines, les ambitions et les rêves de titre des Nets et de son propriétaire milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov. Quatre petites saisons après le déménagement de la franchise du New Jersey vers l’un des quartiers les plus hypes de NYC, l’effervescence est déjà retombée. La faute principalement à une gestion sportive catastrophique qui a mené et la franchise à une triste 14e place à l’Est. Le bilan de l’exercice écoulé est maigre : 61 défaites pour 21 victoires au compteur, soit une de moins que lors de la dernière saison à East Rutherford, en 2011-2012, l’année du lock-out !
Du coup, depuis la fin de la saison, les Nets font dans la discrétion et l’humilité. Avec l’inamovible Brook Lopez comme capitaine à bord, et dernier rescapé des belles années. Le pivot des Nets sera « l’énorme » tronc censé cacher la forêt de l’équipe du quartier des arbres (« Borough of trees »). Autour de lui, le nouveau GM (Sean Marks) et son nouveau head coach (Kenny Atkinson, bien connu des parquets français) auront la lourde de tâche de construire une équipe compétitive, et ce avec l’avant-dernière masse salariale (pour l’instant). Les recrues estivales seront-elles suffisantes pour permettre aux Nets se détacher des bas fonds de la ligue ? Rien n’est moins sûr.
« L’argent ne fait pas le bonheur ». Ironie de l’histoire, ce dicton, qui colle plutôt pas mal à l’épopée des Nets version Prokhorov, est également une maxime populaire en Russie. Arrivé en grandes pompes en 2009, le milliardaire russe, fan inconditionnel de basket, a dépensé sans compter pour s’offrir un joujou à la hauteur de ses ambitions. À la base, le projet avait bien de quoi réunir toutes les conditions pour connaître un succès sans précédent. Avec la manne financière du milliardaire russe (contributeur principal de la construction du Barclays Center par exemple), des premiers trades plutôt réussis, l’apport non négligeable du rappeur Jay-Z dans bien des domaines, et la perspective de débarquer sur un très marché très porteur en terme de marketing, tout était réuni. Sur ce dernier point, la marque « Brooklyn Nets » a bel et bien fait un carton dans le monde entier. Même en France, on continue de voir chaque jour des gens arborer fièrement le fameux logo noir et blanc. Sur le parquet en revanche, la dynamique s’est rapidement estompée. Au point d’avoir vu les Nets dégringoler un peu plus dans les profondeurs du classement à l’issue de cette saison 2015-2016, une chute à peine masquée par les piètres performances des Sixers (10 victoires) et des Lakers (17).
Sportivement, le point de bascule se situe lors des demi-finales des playoffs 2014. Vainqueurs des Raptors sans l’avantage du terrain au premier tour, Brooklyn (6e) retrouve le Heat, l’équipe à abattre à l’Est. En saison régulière, les Nets avaient marqué le coup en sweepant les Floridiens avec leur défense de fer (4-0). Mais au moment fatidique, Miami s’était montré impitoyable, l’emportant 4-1, une série marquée par les 49 points de LeBron James dans le Game 4, et la victoire dans les ultimes secondes du match suivant. Si près d’une finale de conférence, et en même temps si loin, c’est à ce moment-là que le projet explose, les stars vieillissantes accumulées pour gagner le titre le plus vite possible quittant une à une le navire. La longue descente aux enfers a alors commencé, surtout que l’équipe a distribué ses tours de Draft, pour arriver à ce triste bilan en 2015-2016. Et à en voir l’effectif pour la saison à venir, Brooklyn pourrait bien continuer à s’enfoncer.
Alors que l’équipe va afficher l’une des plus faibles masses salariales de la NBA en 2016-2017, Mikhaïl Prokhorov donne l’impression de s’être lassé de son petit joujou… ou d’avoir enfin compris les règles de fonctionnement en NBA. Qu’il paraît tout de même loin le temps où le salary cap des « Black N’ White » explosait et la luxury tax était réglée avec le sourire. Aujourd’hui, la politique consiste à se débarrasser des gros salaires, à essayer de recruter malin, et à moindre coût si possible. Après Kevin Garnett (devenu un fardeau à 39 ans), Joe Johnson a également fini par plier bagage. Cet été, deux valeurs sûres ont emboîté le pas (Thaddeus Young aux Pacers, Jarrett Jack aux Hawks).
Malgré tout, lorsqu’on jette un coup d’œil au roster new yorkais, on peut espérer que les Nets ne parviennent pas à faire pire que la saison dernière. Autour du tandem Bogdanovic-Lopez, les cartes seront entre les mains du trio Lin-Vasquez-Scola, épaulés par des joueurs en quête de confirmation (Joe Harris, Anthony Bennett, Trevor Booker) sans oublier l’expérimenté Randy Foye. Enfin, et c’est peut-être la meilleure nouvelle, le roster des Nets est encore loin d’être définitif. Chase Budinger a d’ailleurs été pris à l’essai récemment. Alors, sera-ce encore le « Brooklyn Zoo » cette saison sur l’Atlantic Avenue ? Début de réponse dans les semaines à venir.
Arrivées : Kenny Atkinson (coach), Caris LeVert, Jeremy Lin (Hornets), Justin Hamilton (Espagne), Trevor Booker (Jazz), Greivis Vasquez (Bucks), Luis Scola (Raptors), Randy Foye (Thunder), Anthony Bennett, Chase Budinger
Départs : Thaddeus Young (Pacers), Jarrett Jack (Hawks), Wayne Ellington (Heat), Willie Reed (Heat)
LE JOUEUR À SUIVRE : Bojan Bogdanovic |
Véritable star en Croatie avec la sélection nationale et dans le (petit) monde du basket européen, Bojan Bogdanovic est arrivé sur la pointe des pieds en NBA (9 pts de moyenne la première année, 11 la dernière saison), dans un contexte où il devait être compliqué de trouver sa place. S’il avait livré de bonnes performances en fin de saison dernière (44 points en 37 minutes en mars face au Sixers par exemple, 29 lors du dernier match de la saison contre Toronto), l’épisode olympique à Rio où il a terminé meilleur marqueur de la compétition (25 pts), lui a indéniablement redonné la patate. Plus à l’aise depuis le départ de Joe Johnson pour Miami, Bojan Bogdanovic a désormais le vent en poupe aux Nets, et s’affiche prêt à faire une grosse saison. Pour décrocher un contrat à la hauteur de son talent, et même à qualifier les Nets en playoffs, comme il l’a récemment suggéré au New York Post. Reste à savoir le rôle que lui confiera son nouveau head coach, mais cette année pourrait bien être celle de l’avènement de l’ancien joyau du Fener en NBA.
LE CINQ DU DÉBUT DE SAISON |
LE BANC |
Meneurs : Greivis Vasquez (MIL), Isaiah Whitehead
Arrières : Randy Foye (OKC), Sean Kilpatrick, Caris LeVert, Joe Harris
Ailiers : Chase Budinger (PHO)
Ailiers forts : Luis Scola (TOR), Chris McCullough, Anthony Bennett
Pivots : Justin Hamilton
MOYENNE D’ÂGE : 25.4 ans |
MASSE SALARIALE : 74,6 millions de dollars (29e sur 30) |
SI TOUT VA BIEN |
Ne sous-estimons les apports de Jeremy Lin et Greivis Vasquez, deux joueurs qui ont prouvé lors des récentes saisons qu’ils avaient le potentiel pour figurer dans n’importe quelle équipe NBA (surtout à Toronto pour le Vénézuélien). Ces deux arrières créateurs sont également capables de rendre de fiers services au scoring et pourraient former une belle paire. Comme évoqué précédemment, la perspective de voir Bojan Bogdanovic réaliser sa meilleure saison au sein de la prestigieuse ligue nord-américaine n’est pas à exclure non plus. En mal de talents purs, les membres de l’effectif des Nets ont décidé de tout miser sur le travail pour déjouer les pronostics. Ils étaient déjà onze à l’entraînement depuis début août comme l’a récemment raconté Joe Harris, signe de la détermination affiché par les troupes de Kenny Atkinson. Et si Brook Lopez tient le choc toute la saison et s’impose comme un vrai leader, l’équipe peut embêter pas mal de monde…
SI TOUT VA MAL |
Un bon sixième homme n’est pas forcément un bon starter, et inversement. Si Jeremy Lin a brillé la saison passée dans ce rôle de joker en sortie de banc, la pression sur lui sera tout autre en tant que meneur titulaire. Chaque soir, il faudra se coltiner un gros client pendant au moins 30 minutes. Concernant Greivis Vasquez, son joli passage à Toronto n’a pas été confirmé chez les Bucks l’an passé, la faute à une saison quasi-blanche. À Brooklyn, il devra se montrer à la hauteur des attentes alors que de plus grosses responsabilités lui seront octroyées. Pour terminer, il faut rappeler que les grands pieds de Brook Lopez ont parfois souffert de l’accumulation des matchs, et que le moindre pépin physique le concernant plongerait de facto Brooklyn dans les bas fonds de l’Atlantic Division.