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France – Espagne vu par Mary Patrux, Claude Bergeaud, Laurent Sciarra et Fred Weis

gasol-parker1Alors que le quart de finale olympique entre l’équipe de France et l’Espagne approche, nous avons demandé à quelques personnalités du basket de nous conter des souvenirs de ce duel mythique pour le basket européen.

Mary Patrux (présentatrice de NBA Extra sur beIN SPORTS), Claude Bergeaud (ex-sélectionneur français médaillé de bronze à l’Euro 2005 et consultant sur SFR SPORT), Laurent Sciarra (ex-international médaillé d’argent olympique et coach d’Evreux) ainsi que Fred Weis (ex-international, médaillé d’argent olympique, de bronze à l’Euro 2005 et consultant pour Basket USA).

Pour tous, l’Espagne représente un adversaire aussi craint qu’estimé. Si certaines confrontations ont offert beaucoup de joie aux Français, d’autres ont engendré des larmes et de grosses désillusions. Un France-Espagne n’est pas un match comme les autres, et le quart de finale à venir s’annonce comme la quintessence ultime de ce duel de voisins européens.

Des larmes

Bien avant l’avènement de la « Génération Parker », la France accueille le troisième Eurobasket de son histoire en 1999. Si le foot a conquis le pays l’année d’avant pour la Coupe du Monde, il y a une vraie effervescence autour de cette équipe de France de basket.

Mais alors que le groupe surfe sur la phase de poules dans le sillage d’un monstrueux Tariq Abdul-Wahad, et un bon deuxième tour avec une large victoire sur… l’Espagne (74-57), elle chute en demi face à la zone monolithique de ces mêmes Espagnols. Une déception immense pour la « Génération Rigaudeau ».

– Fred Weis : « Je pense qu’on s’est vu trop beau. On les avait torchés de 17 points la fois d’avant, on était trop confiants. Personnellement, je venais de me faire drafter, donc c’était un peu chaud dans ma tête. C’était la veille, je n’ai pas dormi, c’est normal quand t’es drafté. Puis, on n’a pas su réagir quand ils nous sont rentrés dedans. Alberto Herreros fait aussi un match de fou, on n’arrive pas à l’arrêter. Franchement, c’est douloureux. Ce match nous a coûté une médaille.

– Laurent Sciarra : « On peut le dire, on était favoris mais bon, il y a Tariq qui a mal au genou, après il a plus mal, puis il a mal. Et on se prive d’un des meilleurs basketteurs de l’histoire de France en la personne de Yann Bonato pour prendre Tariq. Alors évidemment, le mec joue en NBA, il est très fort, ce n’est pas le problème mais il vient foutre le bordel dans la hiérarchie. On lui donne le leadership de l’équipe à la place d’Antoine Rigaudeau puis quand Tariq ne joue plus, Antoine ne veut plus reprendre le leadership. Enfin, je te la fais courte. Et puis, avant la demi, on a (Jean-Pierre) De Vincenzi qui nous dit : « On est qualifié pour les Jeux, c’était ma mission, je l’ai accomplie. Maintenant, c’est vous qui avez parlé de podium, de médaille, c’est à vous d’assumer ». Et on s’est retrouvé un peu comme des couillons. On pouvait passer. D’ailleurs, à Sydney, l’Espagne ne passe pas les poules, c’était une équipe vieillissante. »

– Mary Patrux « Bercy, 99. Je m’en souviens très bien, c’était mon premier France-Espagne en tribune. Il y avait même Lionel Jospin [ndlr : fan de basket, le Premier Ministre d’alors avait suivi le parcours des Bleus, d’où sa présence dans le docu « Les Grand Bleus »]. Encore une fois, il y avait toujours ce sentiment que cette année était la nôtre. J’étais trop contente de voir une équipe de France briller sur ses terres, j’avais acheté le maillot, il y avait beaucoup d’enthousiasme. Et puis, la France fait un match pourri ! Il ne se passe rien, elle n’arrive à rien. Comme d’habitude, les Espagnols imposent leur jeu, on oublie le nôtre. Pourri. Après la défaite, c’était exactement ce sentiment typique que l’on avait avec l’équipe de France, un goût d’inachevé perpétuel, ce moment où l’on se dit que ce n’est pas possible, qu’on ne va jamais y arriver. »

Outre cette première déception vécue en 1999, la journaliste de Bein Sports se souvient aussi du traumatisme subi par l’équipe de France à Londres, en 2012.

« C’est un de mes souvenirs les plus forts : le quart de finale à Londres, » confie Mary Patrux. « En tribune, avec Yannick Souvré, on s’est dit tout le match que ça allait le faire sans non plus trop y croire à cause d’autres désillusions précédentes. Pendant tout le match, la France a eu l’opportunité de battre ces Espagnols mais…

Après la défaite, je me souviens vraiment de la tristesse qui avait envahi tout le camp français, c’était une déception immense, un sentiment très fort. J’avais l’impression que la tristesse était aussi grande chez les supporters, dans le groupe France, dans les tribunes que chez les joueurs. Tout le monde était profondément touché. »

« Nos meilleurs ennemis »

Selon le site de la FFBB, la France et l’Espagne se sont rencontrées à 75 reprises depuis 1943. Le bilan n’est pas flatteur pour nos Bleus puisqu’ils se sont inclinés à 49 reprises pour seulement 26 victoires. Un tel historique engendre forcément de la passion et c’est pourquoi nos voisins ibériques incarnent à nos yeux des rivaux.

– Mary Patrux : « Un France-Espagne, c’est de l’électricité dans l’air : il s’y passe toujours quelque chose, malheureusement pas toujours positive sportivement. Ce sont des joueurs qui se respectent mais qui ne partiront pas toujours en vacances ensemble. L’électricité d’un France-Espagne, elle est aussi vive sur les terrains que dans les tribunes. Ces jours-là, on n’est jamais de bonne humeur, on tourne en rond, personne ne peut nous parler, il y a toujours de la tension. Pour moi, ce sont aussi d’énormes performances individuelles : Pau Gasol l’an passé à Lille, inarrêtable ; Thomas Heurtel qui sort le match de sa vie, chez eux, en 2014 ; c’est Tony Parker et son discours en demi en Slovénie. Ce sont toujours des matchs où les joueurs doivent se dépasser, où il y en a un qui sort du lot. C’est ça, France-Espagne. »

– Fred Weis : « Les Espagnols, ce sont ceux qu’on aime détester. On adore ce genre de matchs. On gagne un peu chacun notre tour. La dernière fois, c’était eux, donc j’espère qu’on parviendra à prendre notre revanche. Sur le terrain, il y en a deux ou trois qui sont bien arrogants comme Rudy Fernandez. Lui, c’est vraiment quelqu’un d’adorable en dehors du terrain mais quand il joue, c’est… un vrai chieur. L’esprit de revanche domine toujours évidemment. »

– Claude Bergeaud : « Notre petite finale en 2005 est un moment de basket incroyable. Je crois qu’on a progressivement levé un complexe, c’est un mot qu’il faut oser prononcer ‘complexe’. Les Espagnols revendiquent un championnat fort, c’est leur identité, certains de leurs meilleurs joueurs y jouent encore. Nous, on a réussi progressivement à comprendre la nôtre, à nous imposer par notre défense car finalement, quand la France s’appuie sur son identité, sur sa défense, elle est capable d’exploser n’importe qui. Je ne sais pas si vous vous rappelez du France-Espagne en Slovénie (demi-finale de l’Euro 2013) et la grosse faute de Boris Diaw sur Marc Gasol [ndlr : en fait, sur Sergio Llull], il lui pète les avant-bras ! C’est ça, le début de la levée du complexe. Je m’apprête à partir en Espagne pour un stage de préparation physique. De par ma proximité géographique (les Landes), on est sans arrêt en contact avec eux. Chaque fois qu’on peut les taper, on leur envoie un message. Depuis toujours, j’ai l’impression qu’ils dénigrent les qualités de nos mecs. À chaque fois qu’on arrive à leur monter dessus, je suis heureux car pour moi, c’est comme un derby. Quand la France le fait, on écorche leur fierté. Car ils sont fiers, les Espagnols, ça, ils le sont ! Quand on a gagné là-bas pour la Coupe du Monde en 2014, il fallait entendre le bruit de la salle. On l’a climatisée. C’était formidable !

– Laurent Sciarra « Ce sont nos meilleurs ennemis. C’est une équipe qui ne nous réussit pas toujours, qui nous a enlevé des médailles. Il faut comprendre qu’il y a toujours une atmosphère lourde dans un France-Espagne. Il y a de la tension, des coups bas. C’est un peu comme un France-Italie en foot, finalement, avec cette grinta, ce vice. »

Un respect mutuel

Mais le basket reste un sport et malgré le caractère dramatique que peut revêtir aujourd’hui la compétition de haut niveau, les basketteurs français et espagnols s’estiment et se respectent, une fois le match terminé.

– Fred Weis : « J’ai beaucoup joué en Espagne, mon fils est né à Malaga, je me considère presqu’à moitié espagnol. S’ils ne jouent pas contre la France, je suis pour eux. Je connais quasiment tous les mecs sur le terrain, j’ai joué avec ou contre eux là-bas. Même les coachs, j’ai joué pour eux : Sergio Scariolo à Malaga et l’assistant Txus Vidorreta, quand nous étions à Bilbao. En dehors du terrain, on ne se déteste pas avec les Espagnols : j’admire beaucoup Pau Gasol, c’est aussi l’ami de Tony Parker. Je comprends évidemment la passion autour de ce match mais c’est pourquoi, en revanche, je ne suis pas pour les insultes. On peut les détester, dire qu’on ne les aime pas mais on joue au basket, c’est du sport, on n’a pas à se laisser aller avec les mots. »

– Laurent Sciarra : « Malgré la tension sur le terrain, je crois qu’il y a du respect de part et d’autres entre ces deux équipes. Elles se connaissent très bien, elles se jouent depuis longtemps. Il y a de grands talents chez chacune d’entre elles, elles savent le reconnaître. »

– Claude Bergeaud : « En dehors de cette rivalité, il y a un énorme respect pour les Espagnols et leur travail. C’est une nation remarquable. Grâce à leur stabilité, ils ont réussi d’excellentes performances à travers les années. C’est une nation dominante, avec des joueurs de très haute qualité. »

Une jalousie française ?

Championne du Monde en 2006, trois fois médaillée d’argent olympique, trois fois championne d’Europe, sans compter six médailles d’argent et trois de bronze sur la scène européenne : outre son bilan positif face à la France, l’Espagne a aussi collectionné plus de médailles au cours de son histoire (douze pour la France, dont un seul titre : l’Euro 2013).

Cette réussite hispanique a engendré de nombreux doutes et remises en question du basket français. Mais à l’aube de ce qui sera peut-être le dernier match sous le maillot bleu de Tony Parker, Mike Gelabale et Flo Piétrus, beaucoup préfèrent mettre en avant le parcours de cette génération.

– Mary Patrux : « Il n’y a aucune jalousie pour ma part, pas du tout. Je reconnais que les Espagnols ont un palmarès fabuleux, ils sont très forts, j’apprécie beaucoup Pau Gasol et le rayonnement qu’il peut avoir sur un match. Mais ce qu’on a réalisé, le fait de partir de si loin, de passer autant d’obstacles pour devenir des winners, je trouve que c’est encore plus gratifiant. La demi-finale Lituanie 2013, j’ai roulé par terre, j’ai tout cassé chez moi. Le fait de penser que nos Bleus les avaient battus, avec ce scénario formidable, c’était vraiment un truc fabuleux, j’espère que la victoire de ce soir me permettra de dire que Rio est un souvenir encore plus fort (rires). L’équipe de France a appris à gagner avec ce groupe, elle a appris à se faire respecter, elle a fini par battre les Espagnols. C’est pourquoi c’est une vraie rivalité pour moi, aucune jalousie. »

– Claude Bergeaud : « L’avance de l’Espagne sur la France ? Moi, je ne crois pas qu’on peut rattraper le temps d’un coup de cuillère à pot. À l’avenir, j’espère qu’on mesurera que, même si la France n’a pas toujours gagné l’or, on a quand même remporté une flopée de médailles ! Il faut comprendre qu’il y a toujours des cycles : qu’est-ce que deviendra l’Espagne après Pau Gasol ? La Lituanie a eu sa traversée du désert. La Serbie, n’en parlons pas, avec ses joueurs NBA qui ne voulaient plus revenir. Nous aussi, on a eu cette traversée et on est aujourd’hui dans la période un peu haute de notre histoire mais il y a eu des moments sans, sans nos cadres, des changements tandis que l’Espagne n’a pas renouvelé les cadres : Felipe Reyes, Juanca Navarro sont encore là. Certains me demandent pourquoi Navarro est encore là après sa saison médiocre ? Il est encore là parce qu’une équipe nationale a besoin de régularité et de stabilité pour réaliser ses performances. Qu’en sera-t-il par la suite pour la France ? Je ne sais pas, nous connaîtrons peut-être, nous aussi, une traversée du désert. C’est une raison de plus pour apprécier le parcours de cette équipe de France ».

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