Qui peut mieux incarner l’esprit de sacrifice et de loyauté qu’Andrew Bogut ? Numéro un de la draft en 2005, l’Australien est passé d’un rôle primordial chez les Bucks à un rôle de soldat dans la franchise championne en titre. Comme beaucoup d’autres dans l’effectif, il a su mettre ses intérêts personnels de côté pour le bien du collectif. Un choix payant vu le succès de Golden State, mais qui se fait de plus en plus rare en NBA.
En 2010, le pivot tourne encore à 16 points, plus de 10 rebonds et 2.5 contres avec Milwaukee. Aujourd’hui, il est à 5.3 points et 7.0 rebonds. Même si ses blessures ont aussi joué un rôle, Andrew Bogut a accepté de baisser ses statistiques et ses minutes. Comme ont pu le faire des Iguodala ou Livingston, avec le beau résultat qu’on connaît.
Dans ces playoffs, avec l’absence de Stephen Curry, la franchise doit une fière chandelle à ses « soldats ».
« Des gars comme Shaun [Livingston], Iguodala, Speights et Festus [Ezeli], tous ces gars pourraient avoir plus dans d’autres équipes » rappelle Andrew Bogut. « Speights est incroyable pour nous. Il score énormément, comme il le faisait déjà la saison dernière. Beaucoup de gens oublient ces gars, mais Mo a probablement connu son meilleur mois chez les Warriors. Il rentre ses tirs, à trois points aussi et avec de l’adresse. Il est capital pour nous en défense et au rebond. S’il fait tout ça pour nous, on devient très dur à battre, et ça enlève de la pression aux titulaires. Quelqu’un va devoir lui donner un gros chèque et j’espère que ce sera nous. »
« Les leaders veulent leurs 30 tirs par match et gagner »
Mais le business reste le business et Andrew Bogut le sait bien. Alors que le salary cap va exploser dès l’an prochain, l’Aussie sait que les plus jeunes vont chercher un contrat en or, mais ce n’est pas la philosophie des Warriors.
« Ce n’est pas un secret. On a beaucoup de joueurs qui ont abandonné leurs anciens rôles pour en avoir un nouveau dans cette équipe, et qui sont heureux de le faire car ils gagnent des matches » rappelle le joueur de 31 ans. « C’est rare que les jeunes fassent ça. Ce qu’ils veulent, c’est d’avoir une renommée et un gros contrat, mais c’est une ligue étrange. Il y a beaucoup de leaders chez les autres équipes. Tu les entends dire « Je veux gagner » mais c’est souvent avec leurs termes à eux. »
Andrew Bogut met en avant l’individualisme qui règne en NBA. Pourtant, les contre-exemples commencent à fleurir, comme à San Antonio avec David West, ou même l’ancien « Big Three » du Heat avec LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh.
« Le problème de la ligue aujourd’hui c’est ça : « Je veux gagner, mais j’ai besoin de mes 30 tirs pour gagner ». Théoriquement, tu en as besoin de 10 et mettre tes coéquipiers dans de bonnes situations pour gagner » explique le pivot. « Peu de gens sont capables de faire ça. Nous avons deux incroyables scoreurs, Klay et Steph, capables de la faire. Ils sont capables de passer sur des tirs ouverts et de passer la balle pour faire l’action qu’il faut. C’est pour ça qu’on réussit. Seule une poignée peut le faire. Pour cela, il faut que toute l’organisation soit sur la même longueur d’onde. »
« Harrison Barnes mérite le maximum »
Stephen Curry et Klay Thompson peuvent le faire, mais quid d’Harrison Barnes ? Free agent cet été, alors que les bruits de couloir annoncent un intérêt pour Kevin Durant, le joueur de 23 ans pourrait espérer un contrat et un rôle bien supérieur à ce qu’il pourrait avoir aux Warriors dans les prochaines semaines.
« On gagne. Beaucoup de gens ont sacrifié statistiques, minutes et rôle pour jouer ici et c’est ce qui fait notre succès. Harrison a eu de très bons matches, de mauvais aussi, comme tout le monde. Je ne vais pas anticiper sur sa situation contractuelle. On va forcément lui proposer le maximum, il faut être honnête. Un petit marché voudra sûrement l’avoir comme première ou deuxième option. Je ne pense pas que ça aura d’influence sur son avenir financier. Les gens ici valent plus que ce que leur contrat indique, vu ce qu’ils ont laissé tomber pour être là. »
Cet été, c’est la question d’Harrison Barnes et de Festus Ezeli qui se posera, puis l’an prochain viendra celle d’Andrew Bogut. Free agent en 2017, l’Australien aimera régler sa prolongation dès cet été et ne compte pas tester le marché.